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MANUEL D'INSTRUCTION ET D'EDUCATION RELIGIEUSES
Abbé Lucien Arène, Aumônier d'Ecoles libres
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8 - LES CRÉATURES DE DIEU
LES HUMAINS

RÉFLEXION

1) En plus de la création des anges, de la terre, des animaux, de toute végétation et des myriades d'astres, la Bible nous enseigne que Dieu a créé des êtres plus parfaits que les minéraux, les végétaux et les animaux : ce sont les humains. "Faisons l' homme à notre image, à notre ressemblance, et qu'il domine sur tous les animaux et sur la terre entière", rapporte la Bible.

2) Manifestement, on peut dire que Dieu a alors créé là un être nouveau composé d'une partie matérielle : le corps, et d'une partie spirituelle : l'âme. En son récit, la Bible ne prétend pas, contrairement aux apparences, nous donner la révélation de la manière exacte dont Dieu procéda pour la création des êtres. Essentiellement, la bible nous enseigne que toutes les créatures ont pour origine Dieu. Sans plus. À la science, si et quand elle le pourra, de nous donner des explications certaines à cet égard. C'est là un point intéressant, certes, mais religieusement sans importance majeure.

N.B. Dieu étant à l'origine de tout, jamais la vraie science ne pourra vraiment contredire la Bible, ou être contredite par celle-ci.

3) La supériorité de l'être humain sur les autres créatures terrestres provient du fait qu'il dispose d'un esprit. Mais c'est aussi parce que la Grâce divine - qui est présence mystérieuse mais réelle de Dieu dans l'âme bien disposée - peut lui être unie et lui donne alors la possibilité de partager, dès ici bas et de diverses façons, la Vie familiale d'union à Dieu.

4) Ce sont ces avantages si particuliers qui constituent la vraie "dignité de la personne humaine". Sans cette référence essentielle à Dieu, cette "dignité de la personne humaine" ne serait qu'un reflet de son orgueil.

EXPLICATION

A.- Dans l'être humain, il y a en effet le corps, avec une tête, des membres faits d'os, de chair etc..., et dont la Bible nous révèle que ce corps a eu pour origine une matière terrestre présentée sous l'expression de "limon de la terre".
À cet égard, disons qu'il appartient à la science de nous dire, en le prouvant scientifiquement si elle le peut, de quelle nature exacte était, au départ, cette matière déjà présente sur terre avant la création de l'être humain. (1)

B.- Nous savons que le corps est corruptible et qu'il subit, après la mort, une inévitable destruction. Mais nous savons surtout, par ce qu'en a affirmé Jésus et en raison de ce qui s'est produit pour Lui qui est notre modèle à tous égards (sauf pour le péché) que : tous les corps humains ressusciteront à "la fin du monde" et qu'ils suivront le sort de l'âme qui les habitait durant leur passage sur la terre.

C.- En ce qui concerne l'âme humaine, nous disons qu'elle est esprit, C'est-à-dire un être réel, mais qui n'est pas saisissable par nos sens. Cette âme est répandue dans tout le corps, étant comme la lumière ou le courant électrique par exemple, invisible. Elle n'est pas non plus divisible ; c'est-à-dire qu'elle n'est pas, comme le corps, une participation ou une émanation de l'âme de nos parents. L'âme humaine est créée par Dieu directement et pour chaque être humain nouveau.

D.- L'âme est dite "faite à l'image de Dieu" en ce sens qu'elle dispose, comme pour Dieu, bien que très imparfaitement par rapport à Lui, de facultés spirituelles que nous connaissons en Dieu : l'intelligence, la volonté, la liberté de choix ; puis celle de décider, d'imaginer, d'aimer, etc...
En elle-même, l'âme est déjà semblable à Dieu du fait qu'elle est de nature spirituelle, c'est-à-dire immatérielle : "Faisons l'homme à notre image et selon notre ressemblance" (Genèse I & 2)

E.- Comme la création en général, celle de l'âme humaine nous est clairement affirmée par l'auteur sacré de la Bible, lorsque ce rédacteur écrit sous forme d'image très suggestive :au sujet de l'âme : "et Dieu souffla, dans ce corps, un souffle de vie". Puis tout l'enseignement de Jésus concerne essentiellement l'existence de l'âme humaine immortelle en son présent sur terre et en son avenir après la mort de chaque individu. La mort consiste, d'ailleurs, dans la séparation de l'âme et du corps qu'elle habitait.

F.- L’intelligence est la première faculté de l’âme. C’est elle qui lui permet de comprendre, de saisir, d’enregistrer les idées et de les conserver dans la mémoire. Il est manifeste que nous ne pensons pas avec l’une ou l’autre des parties de notre corps. C’est donc bien avec notre esprit que nous le faisons, c’est-à-dire avec "ce quelque chose d’abstrait" que nous appelons l’esprit., Et les idées enregistrées sont de même nature.
Par ailleurs, l’intelligence réfléchit sur ces idées et, en les comparant, formule un jugement au moyen du raisonnement. C’est là toute une activité intellectuelle qui constitue la vie de l’esprit.

G.- La liberté est la faculté de l'âme qui lui permet d'agir ou de ne pas agir, et qui manifeste donc son indépendance. C'est la liberté qui, dans l'action, permet à celle-ci de s'attribuer le mérite ou le démérite au point de vue moral. En effet, cette "liberté d'action" rend l'être humain responsable de ses actions par rapport à la valeur morale de ses actes.

H.- La volonté est la faculté de l'âme qui lui permet de se déterminer et de se décider à agir. Cette volonté n'agit pas en nous fatalement, instinctivement, comme c'est le cas pour l'animal ; elle se décide librement et après avoir choisi le genre d'action à faire.

I.- Ainsi, les opérations de l'âme, qui pense avec son intelligence et agit avec sa volonté, sont tout-à-fait différentes des actions du corps et se distinguent, par exemple, du cas des animaux qui, eux, sont tout déterminés par leur instinct.

On voit bien, par ses principales facultés, que l'âme est une "substance spirituelle" qui vient de Dieu. C'est là ce qui la distingue de tous les autres êtres vivants, et c'est en cela déjà qu'elle est "dite à I'image de Dieu". En effet, à la différence de celles du corps et de la matière, toutes les opérations de l'âme sont spirituelles, immatérielles.

J.- Bien qu’elle ait été créée par Dieu pour être unie intimement à un corps, l’âme en est nettement distincte. Les éléments du corps, disent les spécialistes, se modifient environ tous les sept ans ; mais l’âme (qui est une nature simple, tandis que le corps est composé de plusieurs éléments) reste la même depuis la naissance.
C’est cette continuité qui constitue l’identité de chaque personne humaine. Et c’est d’avoir été créée directement par Dieu, que l’âme confère à l’être humain la haute "dignité de la personne humaine". (2)

K.- Par ailleurs, il est important de savoir que l'âme est IMMORTELLE, C'est-à-dire qu'elle ne périra jamais. C'est la Sainte Écriture qui l'affirme nettement : "Dieu a créé l'âme pour l'immortalité" (Livre de la Sagesse, chap.XI). "Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants !" (St. Marc, XII). "La poussière revient à la terre, et l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné" (Ecclésiaste, XII). Enfin cette citation très significative : "Après la vie de ce monde, les Justes iront à la Vie éternelle, et les damnés au feu éternel de l'Enfer" (St. Matthieu, 25).

L.- L'argument de convenance qui suit nous est aussi une indication. En effet, Dieu qui est la Sagesse-même et la Bonté-même, ne peut pas nous tromper en étouffant notre besoin de vérité et de bonheur sans limite et de survivance sans fin qu'Il a mis en nous ! C'est là un besoin qui est profondément ancré en nous et qui ne peut être comblé que par une vie sans fin et dans un bonheur absolument parfait. (3)

M.- En raison de toutes les considérations que nous avons faites ci-dessus, il est donc certain qu'il y a pour l'être humain une autre vie qui ne finira jamais, et que cela entraîne quatre conséquences :

  1. Cette autre vie commence pour l'âme immédiatement après la mort ;
  2. Le corps participera, lui aussi, à cette vie après sa résurrection ;
  3. Cette autre vie ne sera pas la même pour toutes les âmes, parce qu'elle aura été déterminée par les mérites ou les démérites de chacun durant sa vie ;
  4. Et puisque cette autre vie ne finira jamais, elle est donc bien plus importante que la vie d'ici-bas .

N.- Nous constaterons aisément, à la lumière de toutes ces réflexions objectives, que nous avons été créés, non pas uniquement ni essentiellement pour manger, boire, dormir, procréer, etc... puis mourir et retourner au néant ; mais pour connaître, aimer et servir Dieu, et partager par la Grâce (comme nous l'étudierons plus loin) sa Vie d'amitié familiale, déjà dès ici-bas. Et enfin pour être établis dans l'intimité de Dieu parfaitement et éternellement, si nous le méritons par notre comportement durant notre passage sur la terre.

O.- La Bible nous enseigne que tous les humains descendent d'Adam et Ève : "D' un seul homme Dieu a fait le genre humain pour peupler la surface de la terre", dit St. Paul (Actes des Apôtres, XVII-26). Nous les appelons "nos premiers parents". Nous sommes donc tous "frères" en Adam et Ève".

P.- En hébreu, Adam signifie argile ou terre. Le mot Ève vient du mot vie, parce que Ève devait devenir "la mère de tous les vivants" (Genèse III). Certains auteurs donnent comme signification de ces noms, d’après la langue araméenne, celle de "homme", pour Adam ; et de "femme", pour Ève. (4)

Q.- Concernant la création de la femme, la Bible nous rapporte que Dieu la créa "de même nature" que l'homme. Toutes les traductions parlent de "côte" de l'homme que Dieu aurait utilisée pour la création de la femme. Mais le sens profond du texte est : "côté" (de l'homme), duquel Dieu aurait extrait et réalisé la femme. Cette expression de "côté de l'homme" serait pour indiquer que la femme est absolument de la même nature que celle de l'homme, et donc son égale en tant qu'individu humain, et comme parfaitement "assortie" à l'homme.

R.- Personne humaine, destinée à mener avec son mari une seule et même vie, la femme est son complément, son aide, son auxiliaire, son "côté". Voilà pourquoi elle nous est présentée issue du "flanc" de l’homme. Ainsi s’expliquera le mutuel attrait des sexes, c’est-à-dire des deux manières d’être chez les humains, constitués d’une identique nature.

N.B. Le mariage, parce qu’il réalise une appartenance mutuelle et réciproque, lorsqu’il est légitimement conclu, réalise merveilleusement le plan de Dieu : L’époux et l’épouse forment un tout : l’être humain complet, une personne morale constituée de deux entités humaines. D’où l’indissolubilité du mariage lorsqu’il est réalisé validement. Comme cela se retrouve souvent déjà dans le règne des végétaux et des animaux, Dieu a voulu qu’il y ait une "unité dans la pluralité des individus"; et cela, en vue de l’épanouissement de chaque individu réalisant cette complémentarité grâce à son partenaire. De plus, c’est grâce à cette complémentarité mutuelle que se réalise la propagation des individus au sein de ces différents genres d’êtres créés par Dieu.

S.- Tous les humains étant les descendants d'Adam et Ève, il est à remarquer que physiquement, physiologiquement, biologiquement, nous étions tous comme contenus en nos premiers parents, du fait que nous partageons la même nature constitutive. St. Paul y fait allusion nettement dans l'une de ses épîtres à propos du péché originel : "Nous avons tous péché en Adam". Et la théologie emploie très justement le mot récapitulés en Adam. Cette "solidarité" entre nos "premiers parents" et tous leurs descendants est d'une grande importance dans la compréhension du "Péché originel".

(1) Concernant l'origine physique des humains, la science pourra peut-être, en son temps, nous renseigner avec exactitude et certitude. Ce qui n'est pas encore le cas en 2000, alors-même que les manuels officiels d'enseignement affirment, les uns : une origine animale ; d'autres : une origine différente.

Certains savants considèrent, avec une très probable exactitude scientifique, que le mot "limon de la terre" serait à prendre dans le sens de "créature se trouvant déjà sur la terre"; elle aussi créée par Dieu, mais antérieurement à l'être humain. Le Créateur a donc utilisé cet être préexistant à l'homme, pour la partie corporelle et périssable de l'être humain.

C'est là une question intéressante, certes, mais sans importance relativement au point de vue religieux. En effet, à cet égard, seule importe l'origine de ce qu'il y a d'essentiel et d'incorruptible en l'être humain : son âme! Or manifestement, cette âme a eu pour origine immédiate : Dieu. L'auteur sacré précise cela clairement lorsqu'il écrit au sujet de l'âme humaine : "Et Dieu souffla (dans la partie corporelle de l'homme) un souffle de vie". Certains traduisent plus précisément: "Dieu lui souffla dans les narines une haleine de vie".

Revenons ici à l'origine corporelle des humains : on pense que les ancêtres, ayant remarqué que les morts, avec le temps, se transformaient en poussière, en avaient conclu que le corps humain était essentiellement fait de poussière. Cette idée se répandit dans tout le monde orientale, si bien qu'on la retrouve dans la majorité des peuples. Quand l'écrivain sacré entreprit de raconter l'origine divine de l'homme, il se référa, pour la partie physique, à cette même croyance populaire ; mais concernant l'âme humaine, toute spirituelle, il précisa l'intervention spéciale de Dieu "infusant" celle-ci comme une "étincelle de vie divine" dans la partie matérielle de l'homme.

L'image d'un Dieu potier pétrissant de ses mains la glaise et soufflant dans les narines d'une figurine, était dans la mentalité de ce temps-là un hommage rendu à Dieu. En effet, les potiers, avec un peu d'argile méprisable, réussissaient à modeler et à créer ainsi de précieux objets et ustensiles délicats où s'affirmait leur maîtrise.

Certainement, le narrateur biblique, loin de prétendre donner une explication scientifique de l'homme, dont il ignorait tout le "comment", a voulu manifestement enseigner de la sorte quelque chose de plus profond, à savoir que : tout homme, quel qu'il soit, est une œuvre directe et très spéciale de Dieu, Lui ressemblant par la partie spirituelle dont il est essentiellement constitué.

Dès lors, l'expression courante : "l'homme descend du singe" ne doit pas nous inquiéter ; surtout si la science en établit la preuve manifeste ; à condition que l'on n'oublie pas l'essentiel : l'intervention directe de Dieu dans la création de l'âme.

Et l'opposition apparente des termes employés, d'une part par la Bible : "limon de la terre" et, d'autre part, par la science : "singe", ou tout autre être d'un autre genre, trouvera son explication lorsque le terme biblique devra être compris comme signifiant un être, quel qu'il ait été et déjà existant sur la terre avant les humains, et qui lui aussi et de toute façon, a été créé par Dieu.

(2) Cette "dignité" de la nature humaine, lorsqu'elle est mise essentiellement en relation avec Dieu, lui convient parfaitement ; mais pas lorsqu'on l'invoque orgueilleusement en la séparant inconsciemment ou volontairement de son Créateur, tombant alors dans un humanisme aussi ridicule qu'il est athée.

(3) Dieu se déjugerait en quelque sorte s'Il manquait d'esprit de suite en annihilant l'âme, qui est son plus bel ouvrage. Elle est esprit et donc faite à Sa ressemblance. Et enfin, il est logique et conforme à la justice que, une fois que l' "expérience "de la vie a été réalisée ici-bas, il soit rendu à chacun selon ses œuvres ; ce qui serait impossible si l'âme mourait avec le corps.

(4) Étant tous "frères en Adam", nous le sommes donc aussi en Jésus-Christ, du fait déjà que Notre-Seigneur se soit "revêtu" de la nature humaine. Mais nous verrons plus loin que nous le sommes par ailleurs à un titre bien plus important.

L' ÉTAT D' UNION AMICALE AVEC DIEU

1.- Tout rempli de sollicitude pour Adam et Ève, et donc pour la nature humaine, Dieu créa les humains dans un état d'union amicale et de Grâce avec Lui.

La Bible nous l'indique par la description du "Paradis Terrestre" en lequel Dieu plaça nos premiers parents ; c'est-à-dire dans un état de bonheur consécutif aux liens de particulières relations que le Créateur établit avec les humains au moment de leur création; tout comme avec les esprits Célestes que nous appelons anges.

Certains auteurs situent ce lieu en question au-delà de la mer Méditerranée : sur les bords des fleuves Tigre et Euphrate, donc en Mésopotamie et dans ce pays du Moyen-Orient appelé actuellement l'Irak. Mais le déluge qui a affecté cette partie du monde a changé manifestement la conformation des lieux.

2.- Les deux mots : "État de Grâce" et "de bonheur" dont se sert l'auteur sacré, résument l'immense et paternelle bonté de Dieu à l'égard d'Adam et Ève.

Les richesses matérielles du Jardin de l'Eden furent, en effet, le moindre des dons de Dieu. Le plus précieux fut celui de son amitié, qui les associe - et donc nous associent - à l'intimité de Sa vie divine, comme des amis très chers sont associés à la vie d'une famille. Et cette vie de relations amicales si privilégiées devait s'épanouir et se perfectionner de plus en plus, au point de nous donner la possibilité de nous trouver dans la plénitude du bonheur divin, pour l'éternité.

3.- C'est ainsi que l'on considère que Dieu donna aux humains deux vies :

  1. La Vie naturelle, par l'union de l'âme et du corps, pendant notre séjour sur la terre ; et
  2. La Vie Surnaturelle, par l'union amicale de l'âme avec Dieu, ici-bas d'abord (si nous demeurons fidèles) et ensuite pendant l'éternité.

Cette seconde union avec Dieu, fruit de Son amitié divine, était appelée, au moment de notre création, à transfigurer totalement notre vie d'ici-bas, car elle nous aurait fait entrer comme fils adoptifs de Dieu dans la famille divine, en attendant que nous en partagions les richesses et le bonheur infini dans la Vie Éternelle.

4.- La Vie Surnaturelle est la plus précieuse des deux vies que Dieu nous a données. On lui accorde des appellations différentes : Vie spirituelle ; Vie sanctifiante ; Amitié avec Dieu. Jésus l'appelait parfois tout simplement : la Vie. Et cela pour montrer qu'elle est la seule vraie.

Aussi, Jésus-Christ dira- t-Il que nous ne saurions l'estimer à un trop grand prix. C'est à elle que Notre-Seigneur fait allusion dans les paraboles du "Trésor caché" et de "la perle précieuse" (Voir dans l'Evangile de St. Matthieu, chap. XIII).

5.- Ces deux vies ( naturelle et surnaturelle ) ne sont pas parallèles. Elles ne se superposent pas, mais se compénètrent, un peu à la manière d'une greffe. L'arbre greffé devient comme supérieur à lui-même, bénéficiant alors des qualités du greffon. Ainsi, la nature humaine, si elle n'avait pas été élevée à la dignité d'amie de Dieu, n'aurait jamais pu produire, par elle-même, de "fruits" dignes du bonheur éternel avec Dieu.

6.- Nous savons que Dieu a voulu élever les humains à un tel honneur au moment de la création, lorsqu' Il décida : "Faisons l'homme à notre image et ressemblance." (Livre de la Genèse, chap. 1.)

N.B. Il faut distinguer, lorsque l'on traite de I'union avec Dieu : l'état d' union amicale en laquelle Dieu nous a créés ; et l' union filiale d'enfants adoptés par Dieu, en laquelle la nature humaine, rachetée par la Rédemption du Christ, a été établie. Nous le préciserons en l'expliquant mieux lorsqu'il sera précisément question de l'œuvre de rachat des péchés de I'humanité, opérée par le Sauveur Jésus.

7.- Au moment de sa création, Dieu avait muni la condition humaine non seulement de Son amitié; mais encore de privilèges, c'est-à-dire de faveurs et d'avantages particuliers. Cela n'était pas dû à la nature humaine, mais devait contribuer à son bonheur ici-bas, en attendant le bonheur plus parfait de Son intimité parfaite et éternelle, après la mort, si nous l'avons méritée durant notre séjour terrestre.

Au moment de la création des humains (et donc avant le Péché Originel) :

  1. Pour le corps : Dieu lui ménagea un plein épanouissement de beauté et de vigueur; une santé florissante et inaltérable ; donc, pas de maladie ni d'infirmité quelconque ; pas de mort ; pas de souffrance ; et passage de la vie terrestre à la Vie Éternelle, grâce à un épanouissement constant en Dieu.
  2. Pour l'intelligence : Dieu lui conféra une science intérieure éminente qui permettait aux humains de remplir leurs rôles avec un esprit clair et sans difficultés particulières.
  3. Pour la volonté : le Seigneur lui donna une droiture parfaite qui n'était contrariée par aucune inclination mauvaise, mais toujours portée au bien, tout en restant libre.

Ainsi, les humains avaient toutes bonnes raisons de rester fidèles et dociles envers Dieu qui ne voulait que leur bien... Hélas! le péché, auquel le Démon les tenta, a tout brouillé...

8.- En effet, Dieu mit logiquement une condition à cet état de vie des humains : afin de leur donner la possibilité d'ajouter à leur état un mérite personnel, comme pour les Anges et pour la même raison, Il permit qu'ils soient soumis à l'épreuve de la tentation, afin qu'ils puissent prouver leur amour et leur fidélité envers Dieu en choisissant, entre le bien et le mal, de "faire le bon choix", c'est-à-dire en suivant les directives de leur Créateur et Père . Ce choix -possible mais non pas libre, moralement parlant- la Bible l'exprime par l'ordre de Dieu : "Vous pourrez manger du fruit de tous les arbres du Jardin, mais vous ne mangerez pas du fruit de l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal; sinon vous mourrez certainement". (Genèse, chapitre 11.)

N.B. Peu importent l'arbre et ses fruits en question : Ils sont ainsi nommés parce que le bonheur ou le malheur des humains devait résulter de leur comportement. C'est sûrement là un symbole pour les humains en vue de bien utiliser leur intelligence et leur volonté, pour demeurer dans l'amitié de Dieu et Lui rester fidèles. (Jamais personne, en effet, n'a eu connaissance d'un arbre nommé "de la connaissance du Bien et du Mal"...

QUESTIONS DU CHAPITRE HUIT

1) Qu'est-ce que l'être humain ?

- L'être humain est une créature raisonnable, c'est-à-dire un être composé d'un corps et d'un esprit appelé âme.

2) Qu'est-ce que l' âme ?

- L’âme est un esprit immortel que Dieu a créé à sa ressemblance pour être uni au corps humain.

3) Comment savons-nous que nous avons une âme ?

- Nous savons que nous avons une âme parce que, sans elle, nous ne pourrions ni penser, ni aimer, ni vouloir librement, etc.. Et parce que toute l'œuvre de Jésus tend à nous permettre de sauver notre âme, en vue de son bonheur parfait et éternel avec Dieu.

4) Pourquoi Dieu nous a-t-Il créés ?

- Dieu nous a créés pour Le connaître, L'aimer, L'honorer ; pour partager, sur terre, sa Vie divine par la Grâce ; et pour parvenir au bonheur du Ciel, si nous le méritons.

5) Quels furent les premiers humains ?

- Le premier homme fut : Adam ; et la première femme : Ève.
Ce sont nos premiers parents.

6) Combien de vie Dieu donna-t-Il aux humains ?

- Dieu nous a donné deux vies : La " vie naturelle " et périssable, en unissant une âme immortelle à notre corps mortel ; et la "vie surnaturelle ", en unissant notre âme aux trois Personnes divines par la Grâce.

7) En quel état Dieu a-t-Il créé les premiers humains ?

- Dieu a créé les premiers humains : saints et heureux, c'est-à-dire en état d'amitié avec Lui ; ce qui est exprimé par leur vie dans le Paradis terrestre, au moment de leur création.

8) À leur création, Adam et Ève reçurent-ils de Dieu des dons extraordinaires ?

- Oui ! à leur création, Adam et Ève reçurent de Dieu des dons extraordinaires : Ils n'étaient pas attirés par le péché et ils ne devaient ni souffrir, ni mourir.

CONSÉQUENCES PRATIQUES

A) Il faut, de temps en temps, nous poser intelligemment et raisonnablement les questions suivantes : D'où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons nous? C'est-à-dire nous interroger sur l'origine de notre existence, sur son sens durant notre passage sur la terre ; et sur notre destination finale. Pourquoi l'existence ? Comment devons-nous la "gérer" ? Et qu'y a-t-il après elle ?...

Et bien !, c'est la Religion, autant dire Dieu Lui-même qui, par elle, répond à ces questions fondamentales.

B) Il faut, par ailleurs, nous rappeler de temps en temps la relativité de I'importance du corps et des choses matérielles en général, par rapport à notre âme et à sa destinée. Vivons-nous, pratiquement et effectivement, comme des êtres humains ? Ou bien comme de charmantes mais inconscientes bêtes essentiellement préoccupées - comme ces bêtes le sont tout naturellement - du bonheur matériel du corps et de ses activités ? Et comme si l'âme et "l'après-vie terrestre" n'existaient pas !

C) Relativement à la vraie "dignité" de l'être humain, souvenons-nous de ce qu'est la dignité d'enfants adoptifs de Dieu. Qu'il faut essentiellement l'avoir en vue, et en rendre gloire à Dieu en Lui manifestant notre reconnaissance par notre manière de nous comporter. En agissant de la sorte, nous correspondrons à l'intention aimante et miséricordieuse que Dieu a eue en nous créant.

D) Par ailleurs, en agissant de la sorte, notre activité sur la terre donnera un sens intelligent à notre pratique religieuse et nous permettra de partager, dès ici-bas par la Grâce Sanctifiante, la Vie d'intimité familiale avec Dieu, comme nous l'avons dit et le redirons souvent, tant cela est essentiel !

 

"Que sert à l'homme de gagner l'univers, s 'il vient à perdre son âme ?"

(St Marc chap.VIII).

"Travaillez non ( essentiellement) pour la nourriture (de ce corps) périssable, mais pour celle ( de l'âme) qui demeure !"

(St. Jean, chap.VI)

"C'est bien peu de chose que l'homme ! Et tout ce qui a une fin est bien peu de chose ! Ma vie est environ de 80 ans ! Prenons-en 100 ! Qu'il y eu de temps auparavant où je n'existais pas ! Et qu'il y en aura encore où je n'existerai pas ! Et que j'occupe peu de place dans ce grand abîme d'êtres qui nous entourent ! Vraiment : Je ne suis rien !"

(Monseigneur Bossuet)

"Je suis venu pour qu'ils aient la Vie, et qu'ils l'aient en abondance", dit Jésus.

(St.Jean Chap. X, 10)

"Père, glorifie ton Fils... pour qu'Il donne la Vie Éternelle à tous ceux que Tu Lui as confiés ! "

(St. Jean.Chap.XVII).

"Je ne vous appellerai plus : 'serviteurs', mais 'amis'"

(St.Jean Chap. XV, 15)

Les citations évangéliques ci-dessus nous montrent bien que, par la Grâce présente dans les âmes réceptives et fidèles, Dieu nous a établis dans une intimité de Vie Surnaturelle et familiale d'union intime avec Lui.