Retour à la Présentation de l'ouvrage

MANUEL D'INSTRUCTION ET D'EDUCATION RELIGIEUSES
Abbé Lucien Arène, Aumônier d'Ecoles libres
----------------------------------------------------
20 - LA PRIÈRE
LA PRIÈRE EN GÉNÉRAL

RÉFLEXION

A.- L'étude de la prière constitue classiquement la deuxième partie de l'enseignement de la doctrine religieuse. L'étude du "Je crois en Dieu" en a occupé toute la première partie, et elle nous a fait connaître les vérités fondamentales de la Religion. Tandis que la première partie étudiée plus haut concerne un échange entre Dieu et nous, nous allons étudier, dans cette deuxième partie, les moyens mis à notre disposition pour nous unir plus intimement à Dieu. La prière est l'un d'eux.

B.- En effet, parmi les secours que Dieu a mis à notre disposition pour favoriser nos échanges avec Lui, il y a principalement les Sacrements, dont l'étude sera abordée après celle de la prière. C'est dès l'enfance, en effet, que nous devons apprendre à prier et à utiliser ce moyen facile de communiquer avec Dieu, les Anges et les Saints. Tandis que les Sacrements, mis à part le Baptême, ne sont reçus qu'après une préparation supposant une certaine maturité d'esprit.

C.- C'est Jésus Lui-même qui nous a recommandé de prier souvent, nous donnant en cela l'exemple. C'est Lui qui, sur la demande de ses Apôtres, nous a enseigné la prière courante du "Notre Père," Il nous a fait cette recommandation : "Demandez, et vous recevrez ; frappez, et il vous sera ouvert ; cherchez, et vous trouverez !" (St. Luc, ch. 11, v. 9 à 13)

D.- Il y a été fait allusion plus haut : Jésus a Lui-même, en tant qu' homme, a souvent prié. Et s'il est un moyen facile, simple, commode et à la portée de tous en vue d'un échange de nos relations avec Dieu, la Vierge Marie, les Anges et les Saints, c'est bien celui de la prière. Ne dit-on pas parfois aux petits enfants que "la prière est comme un petit coup de téléphone au Bon Dieu, à la Sainte-Vierge, à l’Ange Gardien et aux Saints" ?

EXPLICATION

1.- La prière est classiquement présentée comme étant une élévation de l'âme vers Dieu, en vue de nous mettre en contact avec Lui par notre pensée, en même temps que par notre intention et nos sentiments. C'est une rencontre intentionnelle et volontaire avec Dieu, la Vierge-Marie, les Anges, les Saints et les Âmes du Purgatoire, selon ceux à qui notre prière s'adresse.

2.- On distingue plusieurs sortes de prières :

  1. La prière publique : c'est celle qui se fait au nom de l'Eglise, comme : la Messe, le bréviaire, les bénédictions et les diverses cérémonies de l'Eglise, les signes de croix, les génuflexions, les encensements, etc... Cette prière peut être dite individuellement ou en communauté, mais elle est, en fait, la prière de tous les membres de l'Eglise Universelle, au nom de laquelle elle est dite, et au profit de tous les membres pour lesquels elle est assurée.
  2. La prière mentale individuelle : elle est appelée aussi oraison, ou méditation. Elle consiste à s'occuper, en silence, des vérités de la Religion, des besoins et de l'état de notre âme, afin de devenir meilleurs et pour la gloire de Dieu.
  3. La prière vocale, ou orale : c'est la prière exprimée par les paroles, comme par exemple : Notre Père, Je vous salue Marie, Je crois en Dieu, les Actes de Foi, d'Espérance, de Charité, de Contrition, Je confesse à Dieu, l’ Angélus, etc ... Ce sont là des prières courantes que tout chrétien doit connaître absolument "par cœur" et utiliser régulièrement et même souvent.

3.- Les différents buts de la prière sont relatifs aux diverses intentions de ceux qui prient. On peut, en effet, prier pour Adorer Dieu ; ou pour Lui demander pardon de nos péchés ; pour solliciter les nombreuses Grâces dont nous avons besoin ; pour Le remercier des Grâces reçues ; ou de la part de ceux qui ne pensent pas à prier ou ne le peuvent pas aisément, etc...

4.- Les qualités requises de la prière sont : l'attention, l'humilité, la confiance, la persévérance, la sincérité et la résignation. En effet, Dieu ne peut être attentif qu'à ce qui est sincère et sérieux. La prière n'est pas une magie, ni une espèce de "porte-bonheur" ou un talisman. Elle n'a de valeur et d'efficacité que si elle exprime des dispositions réelles et bonnes.

5.- L'exaucement de la prière est conditionné, nous venons de le supposer, par la qualité de la prière. Mais il est à remarquer que si Dieu exauce toujours nos prières sincères, Il ne le fait qu'à sa manière, qui n'est pas toujours celle qu'on attend. En effet, Dieu seul sait ce qui, dans l'immédiat ou pour plus tard, nous est vraiment bénéfique. Aussi, Lui arrive-t-Il de surseoir à notre satisfaction, ou même de ne pas exaucer notre demande, réservant le mérite de notre prière du moment au profit d'une autre situation à laquelle nous ne pensons même pas ou dont nous n'avons pas encore connaissance. C'est là que notre résignation finale doit exprimer notre foi et notre confiance.

6.- Dieu sait mieux que nous ce dont nous avons besoin. Voilà donc pourquoi Il fait parfois profiter le mérite de nos prières et de nos sacrifices à une cause autre que celle implorée. Quelles que soient les apparences, il est absolument certain qu'aucune de nos prières bien faites reste sans valeur et donc, tôt ou tard, sans efficacité réelle. Il faut se rappeler alors que "les desseins de Dieu ne sont pas les nôtres." et que "l'heure de Dieu" n'est pas non plus nécessairement la nôtre...

7.- Les intentions de prières peuvent être variées et multiples :

  1. Ce sont les biens spirituels et moraux qu'il convient, par-dessus tous autres, de demander à Dieu, soit directement, soit indirectement par l’intermédiaire de la Très Sainte-Vierge ou des Saints.
  2. Mais on peut demander aussi les biens matériels et temporels nécessaires à notre vie courante, comme par exemple : une bonne ou meilleure santé corporelle ; une meilleure situation ; la réussite d'une entreprise honnête ; divers avantages pécuniaires ou matériels ; etc... A condition que ces biens temporels puissent concourir à des avantages ou des biens légitimes et sans nuire aux biens spirituels et moraux.

8.- La source de valeur de la prière se trouve en Jésus Notre-Seigneur et notre Rédempteur. C'est ce qui est exprimé à la fin de toutes nos prières, lorsque nous les concluons par cette formule : "par Jésus-Christ Votre Fils et Notre-Seigneur, Lui qui, étant Dieu, vit et règne avec Vous, en l'unité du Saint-Esprit, pour les siècles des siècles : Ainsi soit-il !" En effet, c'est par Sa Rédemption que Jésus nous a mérité tous ces biens spirituels. Notre prière, comme toutes nos bonnes œuvres, n’ont que valeur de signe d'union à Dieu . Et c'est parce que toute valeur spirituelle ne vient que de Notre-Seigneur que l'Eglise emploie habituelle la finale de toute prière par la formule indiquée ci-dessus.

9.- La prière est aussi une sauvegarde contre le péché et contre la tiédeur de la piété. "Veillez et priez, disait Jésus, afin de ne pas entrer en tentation." (St. Mat. 18,41). Et c'est dans ce but aussi qu'Il nous a appris la grande prière du " Notre Père. "

10.- L'attention durant la prière en est la qualité initiale. L'attention consiste à bien penser à ce qu'on dit et à éviter toute distraction volontaire, afin de ne pas mériter le reproche de Jésus aux Pharisiens : "Ce peuple M' honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi." (St. Matthieu 15,8). La prière est un acte de l'âme, elle n'existe donc pas vraiment si l'esprit est absent.

11.- L'humilité est une qualité indispensable de la prière : "Dieu résiste aux orgueilleux, et Il donne Sa Grâce aux humbles." (Épître de St. Jac.4,6). Jésus a rejeté la prière de l'orgueilleux Pharisien, parce que celui-ci faisait sa propre louange, au lieu de rendre hommage à Dieu. Tandis qu'Il a exaucé l'humble Publicain (St.Luc 18,9 à 14). A noter que notre corps lui-même doit avoir une attitude digne et même humble. C'est la raison pour laquelle on prie fréquemment à genoux, se faisant ainsi petits devant notre Seigneur et Maître.

12.- C'est avec confiance que l'on doit aussi prier. Notre-Seigneur nous l'a promis : Si on demande, on recevra. Mais aux conditions que nous avons vues plus haut : tôt ou tard, d'une manière ou d'une autre, notre prière bien faite ne manquera pas d'être exaucée. St. Jean nous le rappelle au chapitre 15, v.7 de son Évangile : " Si vous demeurez en moi (par la Grâce et l'intention droite) vous demanderez tout ce que vous voudrez et cela vous sera accordé. "

13.- La persévérance est aussi une marque souvent nécessaire de nos prières. Dieu veut que l'on prie sans se lasser ni se décourager. C'est là, en effet, la marque de notre foi et de notre confiance en Dieu. Dieu, comme nous l'avons expliqué plus haut, peut aussi nous mettre à l'épreuve en n'accédant pas immédiatement à nos demandes. L'aveugle de Jéricho, la Cananéenne de l'Evangile, la parabole de la veuve qui importune le juge, et le solliciteur qui, de nuit, réveille son voisin pour lui demander du pain... Tous ces exemples font état de la nécessaire insistance dans nos prières.

14.- Nous avons évoqué, ci-dessus (n°4), en en expliquant les raisons, la résignation qui doit toujours accompagner nos prières, Dieu sachant mieux que nous ce dont notre âme a vraiment besoin.

15.- La prière en commun, enfin, nous a été recommandée par Jésus Lui-même "Si deux d'entre vous s'unissent sur la terre, tout ce qu'ils demanderont leur sera accordé. Ils l'obtiendront de mon Père qui est dans les Cieux ; car là où deux ou trois personnes sont assemblées en Mon Nom, Je suis au milieu d'eux."

Que cette promesse de Jésus soit l'occasion pour nous de participer, autant que possible, aux prières communes : en Paroisse ou ailleurs. Et commençons par prier régulièrement au sein de nos familles : C'est une source de Grâces indispensable, de même qu'une bonne préparation à la piété des enfants autour de leurs parents.

LE NOTRE PÈRE

RÉFLEXION

A.- Le "Notre Père" est la meilleure des prières pour deux raisons principales :

a) En raison de son origine divine ; car c'est Jésus Lui-même qui a enseigné cette prière à Ses Apôtres, un jour qu'ils Lui demandaient comment il fallait prier.

b) Par ailleurs, le "Notre Père" résume tout ce que nous pouvons désirer pour Dieu et pour nous-mêmes.

B.- La traduction du "Notre Père" donnée par le grand théologien St.Thomas d'Aquin est la suivante :

Notre Père qui êtes aux Cieux:
Que Votre Nom soit sanctifié !
Que Votre règne arrive !
Que Votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel !
Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour!
Pardonnez-nous nos offenses,
comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés !
Et ne nous laissez pas succomber à la tentation !
Mais délivrez-nous du Mal !

Ainsi soit-il !

EXPLICATION

1.- Nous appelons Dieu : " Notre Père ", non seulement parce qu'Il nous a créés, mais aussi parce qu'Il nous maintient sans cesse dans l'existence. De plus, Il est L'auteur de la Vie Surnaturelle en laquelle nous met la Grâce Sanctifiante. Et celle-ci est présence mystérieuse mais réelle de Dieu Lui-même dans l'âme bien disposée.

2.- Par le souhait suivante : " Que Votre Nom soit sanctifié ! " nous exprimons l'admiration, l'adoration et la reconnaissance que nous devons porter au Créateur de tout l'univers, et aussi au Père très aimant de tout humain bien disposé. Et nous souhaitons de voir tous les humains de toute la terre dans ces mêmes dispositions.

3.- Pareillement, par le vœu : "Que votre règne arrive !", nous souhaitons que se réalise la présence mystérieuse de Dieu dans les âmes et dans les cœurs de tous les humains. Puis, que son Église Une, Sainte, Catholique, Apostolique et Romaine propage ici-bas, Son enseignement et Sa Personne, en toute fidélité, sincérité et droiture, comme cela est sa mission sacrée. Et que le Christ-Roi règne effectivement dans les âmes, comme dans les institutions religieuses, sociales et politiques de toutes les nations.

4.- L'expression : "Que Votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel !" précise et renforce la précédente invocation, mais en appuyant sur le nécessaire et bénéfique respect des Commandements de Dieu auxquels fait allusion ce souhait. Ces commandements sont, en effet, l' itinéraire indispensable à suivre pour bien effectuer notre parcours terrestre et les heureux moyens pour partager l'intimité parfaite et éternelle de Dieu, après notre mort, si nous sommes fidèles.

Que tout s'accomplisse sur la terre, en nous et par nous, comme tout s'accomplit dans le Ciel pour les Anges et pour les Saints ! Si cela pouvait être, quel changement radical et heureux se réaliserait alors dans ce pauvre monde ! Du moins, en ce qui nous concerne : travaillons-y !

5.- La quatrième demande de cette prière : "Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour !" (*) concerne d'abord tous les biens spirituels, en vue d'en nourrir notre âme, à savoir : les Grâces Sanctifiante et Actuelles ; ainsi que la connaissance de l'enseignement religieux et moral ; puis l'Eucharistie.

Ensuite nous demandons à Dieu les biens matériels nécessaires à notre vie terrestre en ses diverses exigences. Ce sont là, des bienfaits légitimes et raisonnables. Ainsi, tous les biens favorables à notre âme, à notre esprit et à notre corps sont filialement et humblement demandés là à Dieu.

6.- La cinquième demande : "Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés" est à bien comprendre : Ici, c'est un appel à la miséricorde que nous adressons à notre Père céleste. Mais nous Lui demandons de nous pardonner nos péchés de la même manière que nous pardonnons aux autres leurs offenses. En effet, tout logiquement, Dieu ne peut pas nous pardonner nos fautes, si nous-mêmes ne pardonnons pas également aux autres.

S'il devait en être autrement, il y aurait une injustice et un manque de logique de la part de Dieu. C'est là une phrase peut-être difficile à prononcer en toute loyauté et objectivité... Pensons-y cependant, et tâchons de nous y conformer attentivement, en n'oubliant pas ce que Jésus nous a dit par St. Luc ch.6, v.28 : "On se servira envers vous de la même mesure dont vous vous serez servis envers les autres !"

7.- La dernière demande du "Notre Père" exprime le souhait d'être protégés de toute tentation et délivrés de quelque atteinte mauvaise que ce soit : "Ne nous laissez pas succomber à la tentation ; mais délivrez-nous du Mal !". Un père protège ses enfants de tout danger ; il est donc normal que, pour le bien de l'âme surtout, nous soyons à l'abri de tout ce qui peut l'atteindre dommageablement. St. Jacques, dans son épître, au ch.1er, v.12, nous rappelle que si Dieu permet que nous soyons tentés, afin que nous puissions acquérir un plus grand mérite, lors d'une résistance victorieuse à quelque tentation, Il n'est cependant pas l'auteur de la tentation : "Que personne, étant dans l'épreuve, ne dise : "C'est Dieu qui me tente". Car Dieu est à l'abri des tentations du mal, et Lui-même ne tente personne. Chacun est tenté par sa propre convoitise qui l'amorce et l'entraîne. Ensuite, la convoitise, ayant conçu, enfante le péché ; et le péché, une fois consommé, engendre la mort."

Le Tentateur, nous le savons et nous le sentons bien dans les tentations : c'est Satan, le Mal personnifié ; le Diable, c'est-à-dire le Diviseur, l'Ange déchu et jaloux de Dieu.

(*) Selon les lieux, le texte du "Notre Père" varie parfois quelque peu. Pour plus d'objectivité, par rapport au sens précis de la prière et donc pour une plus exacte traduction, a été gardée ici celle que l’Église a utilisée pendant de nombreux siècles.

 

LE JE VOUS SALUE MARIE

l.- Aussitôt après le "Notre Père", c'est la prière intitulée "Je vous salue, Marie" qui est la plus indiquée et la plus connue. Ainsi, après avoir prié notre "Père des Cieux", nous nous adressons à la "Mère des Cieux". En effet, cette prière invoque Celle qui, dans l'ordre de l'excellence du mérite, vient immédiatement après Notre-Seigneur Jésus-Christ : En raison de ses mérites et de son rôle dans l'œuvre de la Rédemption du monde par son Fils Jésus, Marie a été placée par Dieu au-dessus des Anges et des Saints.

2.- Cette prière est aussi appelée "la Salutation angélique", en raison de ce qu'elle débute par la salutation adressée à Marie par l'Archange Gabriel, au moment de l'Annonciation suivie de l'Incarnation. Par sa salutation respectueuse initiale, l'Archange marque ainsi sa vénération envers Celle qui va avoir l'honneur de mettre au monde Dieu-fait-homme.

3.- L'Eglise a pensé que pour prier la Sainte-Vierge Marie, il n'y avait rien de mieux à faire que d'adopter les paroles de l'Archange. Elle y a ajouté, aussitôt après, les paroles prononcées par Sainte Élisabeth, sa cousine et mère de Jean-Baptiste au moment de la visite que Marie lui fit, afin de l'assister charitablement jusqu'à la naissance de Jean-Baptiste.

4.- Les mots "pleine de Grâce" signifient: "Dieu vous a comblée des Grâces les plus excellentes". Dès le moment de sa conception en sa mère Anne, Marie a été préservée, en effet, de la tache du Péché originel. Le dogme de l'Immaculée Conception de Marie sera précisé bien des siècles après l'Annonciation, mais il est en correspondance logique et exacte avec l'événement voulu et dirigé par Dieu.

5.- "Le Seigneur est avec Vous" est une déclaration de l'Archange précisant que l'esprit et le cœur de Marie sont unis à Dieu de la manière la plus intime qui soit. Et l'on peut dire que l'Archange exprime déjà fondamentalement ce que l'on constatera effectivement au fur et à mesure que se dérouleront les événements : à savoir que le Père des Cieux traite Marie comme Sa fille bien-aimée ; Jésus : comme Sa Mère ; et le Saint-Esprit : comme Son épouse fidèle.

6.- "Vous êtes bénie entre toutes les femmes", est-il bien affirmé par Élisabeth, pour bien souligner le rôle éminent et exceptionnel qui sera celui de Marie, comparativement à toutes les femmes et toutes les mères, Elle qui aura pour mission non seulement de mettre au monde le Sauveur, mais aussi de participer d'une façon particulièrement intime et méritante à la Rédemption.

7.- Quant à la dernière déclaration : "Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni !" est une conclusion pleine de signification. En effet, si Marie est, avec grand mérite personnel, une femme aux dispositions et aux qualités vraiment exceptionnelles, la vénération que nous lui devons est liée à la personne à la fois humaine et divine de son Fils Jésus. En s'exprimant de la sorte, la cousine de Marie manifeste la nature particulière de l'enfant attendu et qui sera le Sauveur.

Et c'est ainsi que se réalisa, avec l'Incarnation de Jésus en Marie, la prophétie d'Isaïe ayant annoncé, 725 ans plus tôt, la conception du Messie en une "jeune-fille, vierge, qui concevra et enfantera un fils ; à qui elle donnera le nom d'Emmanuel ; etc." (Isaïe, ch. 7, v. 14 )

N.B. Relativement à la visite d' Élisabeth à Marie, une constatation peut être faite et qui concerne l'existence d'un être humain, dès le tout premier instant de sa conception dans le berceau materne. Lorsque Marie arrive chez Élisabeth, cela fait quelques jours seulement qu'Elle attend Jésus. L’Évangile dit en effet que, "dès que Marie sut que sa cousine attendait un enfant, elle partit rapidement pour aller l'aider" Or, dès qu’ Élisabeth aperçut, de loin, sa cousine Marie, "l'enfant tressaillit en son sein". Le récit fait donc nettement allusion à cette "rencontre" de Jean-Baptiste, en formation depuis six mois en sa mère, avec Jésus que Marie porte depuis seulement quelques jours .- Ce qui signifie manifestement un enfant est réellement présent en sa mère, dès le début de sa conception. Et par conséquent, tombent tous les faux arguments que l'on invoque -parfois très officiellement et même en des lois iniques- pour autoriser l’AVORTEMENT ; lequel EST ET DEMEURE TOUJOURS UN HOMICIDE.

8.- Dans la deuxième partie du "Je vous salue, Marie", nous demandons essentiellement à la Sainte Vierge notre protection par son intercession auprès de Dieu. C'est au Concile d'Ephèse (+ 431) que l'Eglise a donné à Marie le titre très particulier qu'il faut bien comprendre : Celui de "Mère de Dieu".

9.- Marie n'est évidemment pas une mère qui aurait donné à Dieu son existence. Mais étant mère de Jésus, Elle a fourni, à Elle seule, et comme le font tous les parents, tout ce qui était nécessaire à la constitution physique de son enfant. Mais Jésus étant aussi Dieu par sa nature divine - laquelle est distincte mais inséparable de sa nature humaine - Marie est très justement reconnue comme étant la "mère de Dieu-fait-homme".

10. - Nous disons ensuite : "priez pour nous, pauvres pécheurs", afin de nous recommander, d'une part, à la femme la plus sainte qui soit ; et ensuite, à Celle qui, par son rôle auprès du Sauveur et par la dignité qui demeure la sienne, possède les meilleures qualités de la plus efficace des ambassadrices.

11.- "Tels la mort nous trouvera, tels nous resteront !" Il est donc de toute nécessité de penser souvent à cette inévitable échéance et de prier pour que cette "dernière heure" nous trouve bien préparés à comparaître devant notre Seigneur et Juge. Or, nulle prière ne peut être plus efficace que celle que nous demandons à Marie d'adresser pour nous à son divin Fils, sa sainteté personnelle et les titres auxquels Elle a droit la mettant au-dessus de toutes les créatures.

12.- Aimons à dire souvent cette belle prière du "Je vous salue, Marie !"

Je Vous salue, Marie, pleine de Grâce !
Le Seigneur est avec Vous ;
Vous êtes bénie entre toutes les femmes ;
et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu :
priez pour nous, pauvres pécheurs,
maintenant et à l'heure de notre mort.

Ainsi soit-il !

13.- Deux autres prières à la Sainte Vierge sont recommandées par l'Eglise et enrichies d'indulgences, ce sont : le Rosaire ou Chapelet, et l’Angelus.

14.- Le Rosaire tient son nom du mot "roses", auxquelles sont comparés les "Je Vous salue, Marie" récités successivement et formant comme une couronne spirituelle de roses. Il est la récitation de quinze dizaines de "Je Vous salue, Marie", précédées, chacune, de l'énoncé d'un Mystère de la vie de Jésus et de Marie, que l'on se propose de méditer durant la récitation du Rosaire, ou du Chapelet.

15.- Les mystères ainsi médités sont groupés en trois séries :

a) Les mystères joyeux : L'Annonciation-Incarnation ; la Visitation ; la naissance de Jésus ; la Purification de la Sainte Vierge et la Présentation de Jésus au Temple ; puis Jésus retrouvé dans le Temple.

b) Les mystères douloureux : L'Agonie de Jésus au Jardin des Oliviers ; la flagellation de Jésus ; le couronnement d'épines ; le portement de la Croix ; puis le crucifiement de Jésus.

c) Les mystères glorieux : La Résurrection de Jésus ; l’Ascension de Notre-Seigneur ; la Pentecôte ; l’Assomption de la Très Sainte Vierge ; puis le couronnement de Marie dans le Ciel.

16.- Le Chapelet tient son nom du mot chapeau. En effet, les personnes pieuses entouraient, jadis, leur chapeau d'une partie du rosaire qui comprenait alors seulement cinq dizaines précédées chacune d'un grain nettement séparé signifiant les Notre Père à réciter à ces endroits. Le chapelet est la prière la plus fréquemment dite, sans doute parce que plus courte que le rosaire et donc plus aisée à assurer.

17.- A noter attentivement ici que, si l'Eglise a toujours encouragé fortement la récitation du chapelet ou du rosaire, la Très Sainte Vierge Elle-même, lors de ses apparitions à Lourdes, à La Salette et à Fatima, l'a souvent recommandée, en même temps que la nécessité de faire pénitence. Enfin, il faut savoir que le Rosaire est enrichi de nombreuses indulgences. "Voilà le précieux trésor du Vatican", disait un jour le Pape Pie IX.

18.- Il y a encore d'autres prières usuelles, comme les Litanies de la Sainte-Vierge, le "Souvenez-Vous", etc. Aimons honorer et prier notre plus grande et plus aimante des Ambassadrices auprès de Dieu !

L' invocation des Saints du Ciel

A. Il est très louable de prier aussi les Saints du Ciel ; principalement les Saints Patrons de nos personnes et dont nous portons le nom, ou ceux des organismes dont on peut faire partie. Et cela, sans oublier les Saints Anges, en particulier notre Ange Gardien.

B.- Parmi les Saints, une dévotion particulière envers Saint Joseph et les Saints Apôtres se comprendra aisément. Sans oublier les Saints Protecteurs du Diocèse, de la Paroisse et de la Patrie.

C.- La dévotion aux Saints n'enlève rien à celle que nous rendons à Dieu et qui est, un culte d'adoration ; tandis que nous rendons seulement aux Saints un culte de vénération.

QUESTIONS DU CHAPITRE VINGT

1.- Qu'est-ce que la prière ?

- La prière est une élévation de l'âme vers Dieu, en vue de L'adorer, Le remercier, Lui demander Son pardon et Ses Grâces

2.- Quand convient-il de -prier ?

- Il faut prier souvent ; mais surtout le matin et le soir ; dans les peines et les dangers ; dans les tentations et les moments heureux.

3.- Pour qui devons-nous prier ?

- Nous devons prier pour nous-mêmes ; pour nos parents, nos amis et nos bienfaiteurs ; pour l’Église et la Patrie ; pour ceux qui souffrent et pour les âmes du Purgatoire.

4.- Comment faut-il prier ?

- Il faut prier avec attention, humilité, confiance, persévérance, en toute sincérité et résignation.

5.- Dieu exauce-t-Il toujours nos -prières ?

- Oui, Dieu exauce toujours nos prières, lorsqu'Il les juge utiles pour le bien de notre âme et de nos vrais intérêts naturels et surnaturels.

6.- Est-il recommandé de prier en commun ?

- Oui, il est recommandé de prier en commun ; et c'est Jésus qui a dit "Lorsque deux ou trois seront assemblés en mon Nom, Je serai au milieu d'eux !"

7.- Quelle est la meilleure des prières ?

- La meilleure des prières est le "Notre Père", parce que c'est Jésus Lui-même qui nous l'a enseignée.

8.- Récitez le "Notre-Père !"

Notre Père qui êtes aux Cieux : Que Votre Nom soit sanctifié !
Que Votre règne arrive !
Que Votre volonté soit faite sur la terre, comme au Ciel !
Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour !
Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés !
Et ne nous laissez pas succomber à la tentation ; mais délivrez-nous du Mal Ainsi soit-il !

9.- Pourquoi donnons-nous à Dieu le nom de "Père" ?

- Nous donnons à Dieu le nom de "Père", parce qu'Il nous a créés à Sa ressemblance en nous donnant une âme ; et parce qu'Il nous a adoptés pour Ses enfants en nous donnant Sa Grâce au moment de notre Baptême.

10.- Après le "Notre Père", quelle est la prière que nous devons dire avec le plus de confiance ?

- Après le "Notre Père", la prière que nous devons dire avec le plus de confiance est le "Je Vous salue, Marie !", appelée aussi "La Salutation angélique".

11.- Récitez le "Je Vous salue, Marie" !

Je Vous salue, Marie ! Pleine de Grâce. Le Seigneur est avec Vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes ; et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu : priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Ainsi soit-il !

12.- Pourquoi cette prière est-elle aussi appelée "la Salutation angélique"?

- Cette prière est aussi appelée "la Salutation angélique", parce qu’ elle commence par la salutation de l’Archange Gabriel à Marie, le jour de l'Annonciation et de l’Incarnation.

13.- Devons-nous aussi prier les Saints ?

- Oui, nous devons aussi prier les Saints, parce qu'ils sont nos intercesseurs auprès de Dieu.

CONSÉQUENCES PRATIQUES

 A.- Puisque prier, c'est parler à Dieu, aimons à utiliser ce moyen commode et facile de créer le dialogue avec le Seigneur, la Vierge Marie, les Anges, les Martyrs et les Saints et avec les Âmes du Purgatoire : Ils sont tous nos précieux et efficaces ambassadeurs auprès de Dieu.

B.- La prière est aussi un moyen très consolant dans les moments difficiles de l'existence, parce qu'elle met notre esprit et notre cœur dans le repos et la consolation, mêlés que nous sommes alors aux membres, invisibles mais bien réels, de l'Eglise Universelle.

C.- En plus du matin et du soir, tâchons de prier aussi à d'autres moments de la journée, même si notre prière est tout-intérieure et très courte : Se mettre ainsi, fréquemment et avec grande facilité, en compagnie de Dieu et des Saints, est une aide puissante pour sanctifier nos journées.

D.- Nos prières, par ailleurs, nous rachètent grandement de nos péchés et de nos imperfections. Et elles nous méritent bien des Grâces pour nous-mêmes, pour les Âmes du Purgatoire et pour les personnes que nous aimons et celles à l'intention desquelles nous prions

E.- Une prière qui semble, hélas ! et très malheureusement délaissée, est la prière en famille. La négliger, c'est se priver et priver les membres du foyer, de bien des Grâces. Le Démon se réjouit très certainement de cette négligence ; car il sait l'importance de cette facile, pieuse et très riche démarche des foyers chrétiens.

F.- Prions aussi aux multiples intentions de l'Eglise terrestre. Et que par nos prières, quelles qu'elles soient, nous nous rendions aussi vastes qu'est l'Amour de Dieu pour tous les membres de sa famille !