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MANUEL D'INSTRUCTION ET D'EDUCATION RELIGIEUSES
Abbé Lucien Arène, Aumônier d'Ecoles libres
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14 - LA RÉDEMPTION DU MONDE PAR JÉSUS

RÉFLEXION

A.- La mission de Jésus était de remettre dans la voie qui mène à la Vie Éternelle, les humains égarés par leurs péchés "récapitulés" dans le Péché Originel. Pour remplir parfaitement cette mission, il fallait non seulement rééduquer l'humanité en l'instruisant et en lui servant de modèle, mais il fallait aussi la racheter de ses péchés. Jésus s'est donc mis à notre place, afin de représenter l'humanité pécheresse. Il l’a fait en se faisant homme et Il a expié (= payé le prix) de nos fautes en souffrant et, finalement, en versant son sang librement et volontairement pour nous.

B.- Pour bien nous rappeler la raison pour laquelle Jésus a choisi, pour nous racheter, la voie de la souffrance et du sacrifice, il faut se souvenir que, puisque l'on répare un tort par son contraire, et que lorsque nous péchons, c’est toujours en vue d'acquérir un plaisir, mais un plaisir auquel l'on n'a pas droit, il sera donc logique de réparer ce plaisir par son contraire : le déplaisir, le désagrément et une certaine souffrance, c'est-à-dire : le sacrifice.

C.- Et il est important de remarquer que Jésus-Christ n'a pas attendu les trois derniers jours qui ont précédé sa Crucifixion pour nous mériter notre Rédemption : Dès les premiers instants de sa vie humaine, Il a commencé à expier nos péchés, offrant ainsi toutes ses contraintes et ses sacrifices dans un même but : compenser nos péchés. Cela a été plus net encore durant les trois années qu'Il a passées à prêcher. Le récit des dernières souffrances de Notre-Seigneur s'appelle " la Passion de Jésus ".

EXPLICATIONS

1.- Jésus, au cours de sa vie publique, avait prédit plusieurs fois avec précision sa passion. Il en avait même indiqué avec détails les circonstances. Par exemple, après la profession de foi de St. Pierre : "Jésus se mit à montrer à ses disciples qu'Il devait s'en aller à Jérusalem et y souffrir beaucoup de la part des Anciens, des Grands-Prêtres et des Scribes, et y être tué ; mais qu'Il ressusciterait le troisième jour." (St. Mat. 16). Mais ni les Apôtres, ni personne ne voulait y croire. Et cependant, tout arriva comme Jésus l'avait prédit !

2.- Jésus avait enseigné la doctrine la plus belle et la plus humaine. Il avait réalisé les prophéties Le concernant et L'annonçant. Il avait surtout fait des miracles retentissants sur des êtres humains, les guérissant et les convertissant par conviction ; et même divers miracles sur des êtres sans âmes, comme par exemple et, par deux fois : la multiplication des pains ; puis l'apaisement subit d'une tempête ; et des pêches miraculeuses sur le lac de Tibériade. Il avait même ressuscité des morts, dont son ami Lazare. Et partout, Il était passé en faisant le bien.

3.- Aussi, les foules L'écoutaient avidement. Le jour des Rameaux, poussé par ces foules, Il entra en triomphe à Jérusalem, manifestant ainsi ouvertement sa messianité. Mais un certain nombre d'ennemis, situés dans la communauté juive, aveuglés par leur façon de voir les choses, s'étaient organisés contre Jésus, jaloux qu'ils étaient de la popularité et de l'influence grandissantes de Jésus dans le peuple.

4.- Ces ennemis de Jésus étaient composés de trois grands groupes :

a) Les Grands-Prêtres Caïphe et Anne ; ainsi que des Docteurs de la Loi religieuse ; et des Scribes : Tous orgueilleusement tenaces pour leur doctrine opposée à celle de Jésus.

b) Des Pharisiens, partisans obstinés des traditions juives, dont ils n’observaient que les prescriptions extérieures.

c) Des Sadducéens, intellectuels et matérialistes indifférents ou volontairement oublieux des exigences spirituelles.

Tous, organisèrent le complot contre Jésus, afin de mettre un terme à son influence par sa disparition physique.

5.- A la suite de la résurrection de son ami Lazare, et surtout à cause de la popularité confiante que ce miracle avait provoquée dans Jérusalem en faveur de Notre-Seigneur, le Grand-Prêtre Caïphe convainquit son entourage de la nécessiter de supprimer Jésus. Pour parvenir à leur fin, Caïphe et ses partisans profitèrent de la passion qu'avait pour l'argent un des Apôtres du Seigneur : Judas. Celui-ci accepta, en échange de trente pièces d'argent -tout comme l'avait annoncé une prophétie- de leur livrer Jésus !

6.- Un jeudi ( que nous appelons désormais "Jeudi-Saint" ), Jésus se réunit avec ses Apôtres dans une salle de restaurateur, pour y célébrer, comme tous les Juifs, la "Pâque" (anniversaire du passage de la Mer Rouge par les Hébreux sortis d'Égypte sous la direction de Moïse) et y manger l'agneau traditionnel.

7.- Après avoir purifié ses Apôtres en leur lavant Lui-même les pieds, tout en leur donnant une leçon d'humilité et de charité, Jésus annonce la trahison intéressée de Judas, puis Il institue le merveilleux Sacrement de l’ Eucharistie, y fait communier ses Apôtres et leur donne le pouvoir de faire de même à l'avenir, afin de perpétuer, pour les âmes informées et bien disposées, son Sacrifice rédempteur.

8.- Vers 9 heures du soir, en un entretien pathétique et des plus charitables, Jésus fait ses dernières recommandations à ses Apôtres. Il annonce, pour la deuxième fois, au présomptueux Pierre, son reniement. Il promet à tous l'envoi du Saint-Esprit. Il recommande à tous l'union et la charité mutuelle, puis tout-à-coup : "Levez-vous ! dit-Il, et allons !" Tout le monde se dirige alors, tout comme ces derniers soirs, vers le Jardin des Oliviers pour y prier.

9.- C’est en ce lieu, appelé Gethsémanie (= lieu du pressoir ), que Jésus subit ce qu'on appelle Son Agonie. C'est là, en effet, qu'Il souffrit moralement le poids de tous les péchés du monde avant d'aller, quelques heures plus tard, offrir sur la croix tout ce qui Lui reste : Sa vie humaine. Il semble bien que ce soit en ce lieu que Jésus souffrit le plus : la torpeur qu'Il traduit par ses réflexions en s'adressant, en tant qu' homme, à Dieu-le-Père ; l'hématidrose qu'Il subit alors ; Son besoin de présence humaine recherchée auprès de ses Apôtres qui, fatigués, s'étaient endormis... : Tout cela traduit l'extrême douleur du Christ-Souffrant sous le poids moral de nos péchés.

10.- "Mon âme est triste jusqu'à la mort. Demeurez et veillez avec moi !", dit Jésus à ses Apôtres. Là, Il abandonna intentionnellement à la justice de Dieu Son humanité ; une humanité sainte, mais volontairement représentative de la culpabilité de tous les péchés du monde. En Jésus, c'est la nature humaine qui souffre (moralement et physiquement) , mais comme ce qui arrive à l'une et à l'autre des natures présentes en Lui est justement attribué à son unique et divine Personne, on comprend alors la valeur parfaite et satisfactoire des sacrifices offerts par Jésus-Rédempteur rachetant l'injure commise envers Dieu par nos péchés.

11.- C'est à juste titre que l'on dit que Jésus nous a rachetés de nos péchés par ses sacrifices et Sa mort sur la croix. Mais cela ne signifie pas que, quoi que nous fassions de mal, tout serait pardonné et racheté d'avance. En effet, les mérites de Jésus sont seulement à notre disposition ; et pour que nous puissions y avoir droit et en bénéficier, il faut que nous le méritions par nos bonnes dispositions et intentions, ainsi que par un mode de vie qui manifeste concrètement et effectivement ces bonnes intentions. Jésus ne nous sauvera pas sans notre collaboration personnelle à Son œuvre de Rédemption.

12.- Bien des moyens sont à la disposition des personnes éclairées par l'enseignement religieux et unies à Dieu par la Grâce du baptême ( c'est-à-dire de ceux qui font partie explicitement de l' Église de Jésus-Christ ). Ces principaux moyens sont : la Foi ; la pratique des vertus ; la prière ; les bonnes actions de la vie, vis-à-vis de soi-même, comme celles, toutes de justice et de charité, envers le prochain ; et surtout par l'usage des Sacrements reçus dans de bonnes dispositions. Pour ceux qui ne font pas partie de l'Eglise visible fondée par Jésus, le bénéfice des bienfaits de la Rédemption est aussi à leur disposition, mais à condition que ces personnes soient d'intention droite en leur conscience et que, en même temps, elles essaient sincèrement de vivre conformément à leurs convictions de conscience. On dit alors de ces personnes qu'elles font partie implicitement de l'Eglise fondée par Jésus-Christ.

13.- Aucune créature aurait pu satisfaire la justice divine en réparant les offenses faites à Dieu par nos péchés ; offenses considérées comme " infinies ", en raison de la qualité et de la perfection de l'Offensé qu'est Dieu. La réparation devait donc être, elle aussi, parfaite. Or, imparfaite par nature et, de plus, pécheresse qu'elle s'était rendue envers Dieu, la nature humaine ne pouvait pas réaliser une réparation parfaite. Seul Jésus, homme-Dieu, pouvait œuvrer parfaitement.

14.- Après l'Agonie au Jardin des Oliviers, eut lieu le procès de Jésus. Ce fut à la fois un procès religieux et politique : "religieux", parce qu'il fut fomenté et mené de bout en bout par les Grands-Prêtres du Temple qui refusaient de reconnaître Jésus comme étant le Messie attendu ; et "politique" en raison du régime théocratique qu'était celui d'Israël et qui prévoyait que le Messie rétablirait l’indépendance politico-territoriale du pays (alors annexé et occupé par Rome), et ferait retrouver au "Peuple de Dieu" la puissance et la gloire passées. Tandis que Jésus avait toujours bien précisé que son "Royaume n'était pas de ce monde".

15.- Dans ce qui est pour nous la nuit du Jeudi au Vendredi Saints, après son arrestation, Jésus comparaît devant Anne, ancien Grand-Prêtre et un des principaux ennemis de Jésus. Anne interroge Jésus, puis l'envoie à Caïphe, son gendre et Grand-Prêtre en fonction. Caïphe ne veut pas prendre historiquement la responsabilité de la condamnation de Jésus ; c'est pourquoi il convoque le Sanhédrin qui était une sorte de Haute-Cour de justice composée de soixante douze notables religieux. A un moment, Caïphe pose à Jésus la question décisive : "Es-tu Dieu-fait-homme ?" Et devant l'affirmation positive de Jésus, le Grand-Prêtre, hypocritement scandalisé, déchire la patte reliant les pans de son vêtement... Et tous les partisans de Caïphe de s'écrier : "Il mérite la mort !" Puis, au petit matin, nouvelle parodie de jugement devant le Sanhédrin ; jugement qui est alors suivie de la condamnation définitive de Jésus.

16.- Dans l'intervalle, eurent lieu le triple reniement de Pierre terriblement perturbé par le déroulement des événements ; puis le repentir de Judas rapportant au Sanhédrin les " trente deniers " : " J'ai livré le sang du Juste ! " ; puis le suicide de ce malheureux Apôtre, peut-être tombé dans une brutale dépression nerveuse (?)

17.- Les Juifs ne pouvant pas faire exécuter une sentence de mort sans la décision du procurateur romain, Jésus est alors conduit devant Ponce-Pilate. Celui-ci est manifestement persuadé de l'innocence de Jésus et, à cinq reprises, use de divers moyens pour éviter l'exécution de Notre-Seigneur. Mais, par crainte de risquer finalement de perdre ses confortables fonctions, Pilate finit par céder aux ennemis de Jésus et autorise la crucifixion; mais non sans bien faire remarquer qu'il rejette toute responsabilité personnelle en cette lamentable affaire : et il s'en lave physiquement, symboliquement et publiquement les mains...

18.- Le Vendredi-Saint, vers midi, , Jésus est honteusement et douloureusement conduit au Golgotha, sur le mont Calvaire, à l'entrée principale de Jérusalem, et y est crucifié au milieu de deux malfaiteurs. Auparavant, au prix d' un effort surhumain, Il prononce par sept fois quelques paroles : " Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font ! " - " Aujourd'hui-même, dit-Il au ‘bon larron’, tu seras avec moi dans le Paradis ! " - A la Vierge Marie, puis à Jean l'Évangéliste : " Mère, voici ton fils !... " ; " Voici ta mère ! " - Puis : " Père ! pourquoi m'as-Tu abandonné ? " - " J’ai soif !" - " Tout est accompli ! ". Et enfin : " Père, Je remets mon âme entre Tes mains ! "

19.- Conduit vers midi au Calvaire, Jésus y rend le dernier soupir vers trois heures de l' après-midi. Les éléments manifestèrent historiquement cette mort rédemptrice du Sauveur : La terre trembla ; le ciel fut sillonné d'éclairs ; la roche du Calvaire se fendit en un sens géodésique extraordinaire (chose qui est toujours visible sur place). La foule s'enfuit et le centurion romain, chargé de veiller à l'exécution des condamnés, de s'écrier : "Vraiment, celui-là était le Fils de Dieu !".

20.- Puis ce fut la rapide sépulture de Jésus dans un tombeau neuf prêté par un disciple de Jésus : un certain Joseph, originaire du village d'Arimathie. Sur la demande des Juifs, une garde romaine fut disposée devant le tombeau, afin d'éviter la substitution éventuelle du corps de Jésus par ses partisans, en vue de faire croire à la Résurrection annoncée depuis des siècles par divers Prophètes...

LE MYSTÈRE DE LA RÉDEMPTION

A.- Comme nous l'avons évoqué dans les n° 11 à 14 ci-dessus, lorsqu'elle est volontairement acceptée par le coupable, la souffrance a valeur d' expiation. Mais quand elle est endurée par un innocent pour un autre qui est coupable, la souffrance a valeur de rédemption. C'est ce qu' a réalisé Jésus, qui est non seulement l’Innocence-même, mais qui est de plus : l'Offensé de nos péchés !...

B.- La valeur rédemptrice de la souffrance se mesure d'après la dignité morale de celui qui supporte cette souffrance réparatrice, et de l'intensité d'amour généreux dont il enrichit sa souffrance. De ce double point de vue, les souffrances du Christ sont incomparables : Le sacrifice de Jésus est le plus précieux qu’il y ait jamais eu. Le sang de Jésus est le plus précieux qui ait jamais été versé. La cause pour laquelle Jésus est mort est celle qui intéresse le plus l'humanité. L'œuvre rédemptrice de Jésus, et Son oblation sur la croix constituent donc le plus grand fait de l'histoire : Il n'y a vraiment rien au-dessus de la Rédemption des humains par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

C.- Le catéchisme nous enseigne donc que le Mystère de la RÉDEMPTION est le mystère de Jésus-Christ mort sur la croix pour racheter tous les humains. Ce mot de "Rédemption" signifie à la fois réparation et rachat. On répare quand on remet en état ce qui a été brisé. On rachète quand on paye pour reprendre possession d'un objet dont on a été maître et que nous ne détenons plus.

D.- Ainsi, ce qui a été brisé par le Péché originel, qui " récapitule " en lui tous nos péchés, c'est notre Vie Surnaturelle d'amitié avec Dieu. Cette situation nous avait rendus esclaves du Démon et privés de l'amitié divine, en raison de la mesure de l'offense faite à l'incomparable dignité de Dieu. Dès lors, tout aurait été définitivement perdu, si Jésus n'était pas venu pour renouer les relations perdues avec Dieu par notre faute.

E.- Jésus est donc venu pour :

  1. payer pour nous, puisqu'Il est homme comme nous, et :
  2. payer autant qu'il le fallait puisque, en tant que Dieu, ll assurait un mérite infini à Ses souffrances et à Sa mort réparatrices. En effet, dans la mort-même de Jésus, la divinité ne se sépara pas de son humanité ; il n'y eut que séparation de l'âme humaine, de son corps.

F.- Le mérite infini des souffrances de Jésus rejaillit sur toute l'humanité, parce que se faisant membre de l'humanité et donc solidaire de tous les humains, Jésus les représentait tous, qu'ils aient vécu avant ou après son passage sur la terre, qu'ils appartiennent ou non à l'Eglise catholique, qu'ils connaissent ou non l' Évangile : Jésus est venu et a œuvré ici-bas pour tous les humains. Sa Rédemption est parfaite, universelle et surabondante, parce que infinie en mérite, et donc en valeur.

G.- Redisons-le ici : Jésus a racheté tous les humains , mais Il ne les a rachetés qu' en droit, et non pas en fait. C'est-à-dire que ce ne sont pas tous les pécheurs qui sont comme " automatiquement " rachetés.

On peut globalement considérer deux sortes de bénéficiaires des mérites rédempteurs de Jésus :

  1. Ceux qui, faisant " explicitement " partie de l'Eglise fondée par Jésus, en suivent au mieux l'enseignement et les pratiques par la foi éclairée en les vérités révélées par Dieu et enseignées fidèlement par l'Eglise ; par la prière ; par une vie droite marquée de justice et de charité ; par l'usage des Sacrements avec les dispositions requises ; par le devoir d'état accompli dignement ; etc... Et
  2. Ceux qui, ne faisant pas partie officiellement ni sacramentellement - et donc pas " explicitement " - de l'Église fondée par Jésus, mais qui en font tout de même partie " implicitement ", en raison de leur intention droite et de leurs efforts sincères pour vivre conformément à ce qu'ils pensent en conscience être le vrai et le bien.

H.- Il est dit, dans le " Je crois en Dieu ", que l'âme humaine de Jésus, restée vivante et en union avec sa divinité, est " descendue aux enfers " après la mort sur la croix. Il faut noter que le mot enfers, au pluriel, signifie " lieux inférieurs au Ciel " (= le Schéol chez les Hébreux). Il désigne l'état des âmes des morts avant la Rédemption et celui que connaissent les âmes des Limbes qui, bien que n'étant pas au Ciel, sont dans un état de bonheur naturel où toute souffrance est absente, les âmes en question étant sans culpabilité de péché personnel.

LA RÉSURRECTION DE NOTRE - SEIGNEUR

1.- La Résurrection de Jésus ne fut pas un événement reconnu seulement après sa mort : ce miracle, qui est la plus manifeste preuve de la divinité de Jésus, avait été annoncé par les Prophètes et par Jésus Lui-même. C'est le caractère merveilleux de la chose qui a poussé la curiosité et provoqué la précipitation physique des deux plus importants Apôtres de Jésus : St. Pierre, premier Pape de l'Eglise, et St. Jean l'Evangéliste, le disciple tant apprécié de Jésus pour avoir si profondément connu la pensée et l'enseignement de son divin Maître : En effet, à l'annonce de la Résurrection, animés certainement d'un certain doute, c'est en courant qu'ils se sont rendus au tombeau pour vérifier la chose...

2.- Ressusciter, c'est reprendre vie. Or une telle possibilité n'est donnée à aucun être humain ; Dieu seul peut réaliser pareille chose. Or c'est ce que Jésus a réalisé par sa propre puissance. C'est donc bien là une preuve la plus manifeste de sa divinité ; tout comme ce fut, pour tout le monde, le miracle le plus grand de tous ceux que Notre-Seigneur avait réalisés : En effet, tous les autres miracles ont été faits par Jésus vivant ; ce qui peut être supposé comme étant une machination ou une tricherie (encore que les miracles que Jésus a opérés sur des êtres inanimés, comme ce fut le cas pour l'eau changé en vin ; pour les multiplications des pains ; et lors de la tempête apaisée, aient été incontestables). Mais Jésus étant physiquement mort, son humaine nature ne pouvait plus, seule et par elle-même, exercer une quelconque activité.

3.- Jésus ressuscita dans un état de gloire et d'immortalité. Son corps, transfiguré pour une vie glorieuse, possède désormais les qualités des corps ressuscités, à savoir : la clarté (de vie) ; l' impassibilité (= absence de souffrance) ; l'agilité (= rapide comme la pensée) ; et subtilité (= pouvoir de traverser les obstacles, comme notre pensée). Notre-Seigneur a cependant conservé - sans doute volontairement et comme signe de sa mission terrestre - sur la poitrine, les mains et les pieds, les stigmates, qui sont les marques de sa Passion douloureuse.

4.- Le jour où Jésus est ressuscité est appelé Pâques ; mot qui signifie : "passage". Était ainsi nommée la fête juive qui célébrait le passage de la Mer Rouge par les Hébreux que Moïse a reconduits en Palestine depuis l'Egypte ( vers 1250 av. J.C.). On a gardé ce mot pour célébrer le passage de Jésus, de la mort à la vie ; et le passage des chrétiens depuis l'état du péché à celui de la Grâce. Ce "passage" de la mort de Jésus à la vie, eut lieu le troisième jour qui a suivi celui de sa Crucifixion : c'est-à-dire aux premières heures du dimanche, la Crucifixion ayant eu lieu le vendredi après-midi.

5.- La Résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ est une réalité historique absolument indubitable : Jésus est réellement mort le Vendredi-Saint. Les témoignages en sont nombreux :

  1. Les chefs religieux, qui voulaient absolument sa disparition, y sont nécessairement et manifestement parvenus.
  2. Les soldats et le centurion romains en ont témoigné à diverses reprises.
  3. Le comportement des Disciples pendant la crucifixion et la sépulture le prouvent clairement.
  4. Enfin, le genre de traitements subis par Jésus, tout au long de ces journées cruelles, ne pouvaient que provoquer Sa mort.

6.- Par ailleurs, il est tout-aussi manifeste que, le matin du Dimanche de Pâques, Jésus s'est ressuscité. Cela aussi se prouve de diverses façons :

  1. Le tombeau a été trouvé vide par tous ceux qui s'y sont rendus.
  2. Les gardes romains ont quitté ce tombeau bien précisément parce qu’il n'y avait plus de raison d'en monter la garde.
  3. Une preuve tout-aussi manifeste est donnée par le fait que Jésus, qui n'a jamais menti, avait fait l'annonce de sa Résurrection.
  4. Jésus est apparu au moins six fois le jour-même de sa Résurrection : Aux saintes femmes qui s'étaient rendues au tombeau, et à ses disciples. Plus tard, à St. Thomas. Puis à plus de cinq cents disciples et à des centaines de gens, durant les six semaines environ qu' Il a passées sur terre après sa Résurrection.
  5. Enfin, on peut dire que la persévérance des Apôtres et des disciples dans la foi en Jésus, et le grand nombre de conversions qui suivirent ces événements, sont aussi une preuve de la Résurrection de Jésus ; car personne n'aurait persévéré dans sa foi en Jésus, si Jésus n'avait pas réalisé le sensationnel miracle annoncé de sa Résurrection.

7.- La Résurrection de Jésus, considérée du point de vue théologique, manifeste l'efficacité de sa mission rédemptrice, c'est-à-dire la victoire sur les péchés des humains. De même, en effet, que la mort physique de Jésus est aussi l’image et la conséquence de la mort spirituelle qu'apportent les péchés dans les âmes, de même l'action finale de Jésus en sa Résurrection, manifeste le nouvel état de régénération rendue possible, en faveur de toute âme de volonté droite.

L'ASCENSION DE NOTRE-SEIGNEUR

1.- Quarante jours après sa Résurrection, Jésus a manifestement quitté cette terre pour le Ciel. Ce jour fut une nouvelle manifestation du prix de la victoire de Jésus sur la mort et sur le péché : Son retour, avec son corps humain glorieux, en la compagnie intime de Dieu le Père et dans l'amour de l'Esprit-Saint est un signe de la récompense de sa mission humano-divine sur la terre.

2.- Jésus est visiblement retourné vers le Père céleste pour plusieurs raisons :

  1. Pour que sa nature humaine soit glorifiée dans l'état glorieux de l'immortalité, après avoir tant souffert.
  2. Pour précéder dans l'Éternité bienheureuse toutes les âmes qui méritent de connaître cette gloire divine, et comme pour les préparer à leur admission.
  3. Pour intercéder pour nous au nom de sa mission douloureuse sur terre. C'est pourquoi la liturgie nous faire terminer toute prière par l'expression " ... par Jésus-Christ Notre-Seigneur, Lui qui, étant Dieu, vit et règne avec Vous (=le Père) en l’unité du Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. "
  4. Et pour nous envoyer le Saint-Esprit, source de toutes Grâces, comme Il l'avait promis.

3.- Le "Je crois en Dieu" dit que Jésus " est assis à la droite de Dieu, le Père Tout-Puissant..." Ce n'est pas indiquer par là une position du corps humain et glorieux de Jésus ; car en Dieu, ce qui est esprit n'a ni droite, ni gauche ; mais c'est pour indiquer que la nature humaine de Jésus-homme connaît une place d'honneur dans la plénitude divine, c’est-à-dire la première, bien avant les Anges et les Saints.

4.- Le " Je crois en Dieu " ajoute : " ..d'où Il viendra pour juger les vivants et les morts. ". À la fin des temps, comme Il l'a annoncé, Jésus se manifestera dans le monde, non plus dans l'humilité et la souffrance, mais " avec une grande puissance et une grande majesté ". Il le fera d'une manière visible, en tant que Dieu et en tant qu'homme. Et Il viendra ainsi effectivement " pour juger les vivants et les morts ", c'est-à-dire les âmes qui auront mérité de partager la Vie divine en Dieu, et celles qui, " mortes " par rapport à cette Vie divine, en seront coupablement privées.

QUESTIONS DU CHAPITRE QUATORZE

1.- Que disait Jésus en parlant de Lui-même ?

- En parlant de Lui-même, Jésus disait qu’Il était Dieu-fait-homme, le Sauveur de tous les humains, le Messie promis depuis le Péché originel.

2.- Où est racontée, en résumé, la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ ?

- La vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ est racontée en résumé, dans les récits qu'en ont fait saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean, et que l'on appelle les Évangiles.

3.- Qu'a annoncé Jésus et que rapportent les Évangiles ?

- Jésus a annoncé que Dieu est infiniment bon, juste et miséricordieux, et que nous devons L'aimer comme un Père très aimant.

4.- Qu’enseignait aussi Notre-Seigneur ?

- Notre-Seigneur enseignait aussi que nous sommes tous frères en Dieu et que nous devons donc nous aimer les uns et les autres, comme preuve de notre amour de Dieu.

5.- Qu'est-ce que le mystère de la Rédemption ?

- Le mystère de, la Rédemption est le mystère de Jésus-Christ souffrant, puis mort sur la croix pour nous mériter le rachat de nos péchés.

6.- Notre-Seigneur a-t-Il vraiment mérité pour le rachat de tous les humains ?

- Oui, Notre-Seigneur a vraiment mérité pour le rachat de tous les humains repentants de leurs péchés ; car, par sa vie, ses souffrances, sa mort et sa Résurrection glorieuse, Il a réparé tous les péchés et nous a mérité les Grâces nécessaires pour parvenir à la Vie Éternelle.

7.- Qu'a souffert Notre-Seigneur pour nous racheter de nos péchés ?

- Pour nous racheter de nos péchés, Notre-Seigneur a supporté une vie rude; des humiliations ; des incompréhensions ; des reniements ; une cruelle agonie ; le douloureux couronnement d'épines; la flagellation ; puis la crucifixion.

8.- Pourquoi Notre-Seigneur a-t-Il voulu tant souffrir ?

- Notre-Seigneur a voulu tant souffrir pour compenser et réparer nos péchés ; pour nous donner une plus grande horreur du péché et nous fournir une preuve de son immense miséricorde pour les pécheurs repentants.

9.- Pour quelle raison Jésus a-t-Il choisi la souffrance pour notre rachat ?

- Jésus a choisi la souffrance, parce que l'on répare un désordre par son contraire et que la souffrance est le contraire du plaisir désordonné qui est recherché en tout péché.

10- Quand Jésus a-t-Il été crucifié ?

- Jésus a été crucifié un vendredi après-midi, sur le mont Calvaire, appelé Golgotha, à Jérusalem ; puis Il a été enseveli et déposé dans un tombeau tout près de là.

11.- Que signifie l'expression "  est descendu aux enfers " ?

- Cette expression signifie qu'après la mort de Jésus, son âme fut dans les " Limbes " avec les âmes des justes qui attendaient la gloire du Ciel après la Résurrection de Jésus.

12.- Quel jour Notre-Seigneur est-Il ressuscité ?

- Jésus est ressuscité le troisième jour après sa mort : le saint jour de Pâques.

13.- Pourquoi sommes-nous certains que Jésus est vraiment ressuscité ?

- Nous sommes certains que Jésus est vraiment ressuscité, parce que les Prophètes et Jésus Lui-même l'avaient prédit, et parce que beaucoup L'ont vu, entendu, touché après la Résurrection, et que ses Apôtres et nombre de ses Disciples sont morts pour affirmer cette résurrection.

14.- Que fit Jésus après sa Résurrection ?

- Après sa Résurrection, Jésus resta quarante jours sur la terre, achevant d'instruire le peuple et ses Apôtres pour les préparer à prêcher l’Évangile.

15.- Quel jour Jésus a-t-Il quitté la terre pour le Ciel ?

- Jésus a quitté la terre pour le Ciel, le jour de l’Ascension, quarante jours après sa Résurrection.

16.- Que signifient les mots " Est assis à la droite de Dieu "?

- Les mots " est assis à la Droite de Dieu " signifient que Jésus, en tant que Dieu, est l'égal de Dieu le Père dans le Ciel ; et en tant qu’homme, Il est au-dessus des Anges et des Saints.

17.- Que signifient les mots " d'où Il viendra juger les vivants et les morts "?

- Les mots " d'où Il viendra juger les vivants et les morts " signifient qu'à la fin du monde, Notre-Seigneur reviendra visiblement sur la terre pour le Jugement général et solennel de tous les humains.

CONSÉQUENCES PRATIQUES

a) " Il n'est pas de plus grande preuve d'amour que de donner sa vie pour ceux que l'on aime " a dit Jésus. Et là aussi, Notre-Seigneur nous a donné l'exemple : son amour pour nous L'a déterminé à se faire homme, se mettant ainsi à notre niveau, à notre portée et à notre disposition. De plus, Il a voulu, en tant qu'homme, accepter toutes les injustes souffrances qu'Il a supportées, depuis sa naissance, jusqu'à la mort ignominieuse sur la croix.

b) Nous devons méditer, de temps en temps, sur ces vérités historiques et leur sens profond, surtout durant le temps de Carême, principalement pendant la Semaine-Sainte, et faire notre possible pour participer intelligemment aux cérémonies liturgiques de ces Jours-Saints. Ceux-ci ne sont pas simplement le rappel symbolique d'événements passés respectables ; mais ils rendent présentes, en les mettant à notre disposition, les Grâces que Jésus a acquises pour nous au moment de la réalisation de Sa Passion douloureuse et rédemptrice.

c) Un des moyens de bénéficier des grâces que Jésus nous a méritées, c'est aussi celui de supporter surnaturellement, en les offrant à Dieu en réparation de nos péchés, toutes les souffrances morales et physiques qui peuvent être les nôtres durant notre vie de chaque jour, " incorporant " ainsi ces souffrances et ces épreuves à celles de Jésus. A cet égard, le grand St. Paul écrivait aux premiers chrétiens : " Je complète, par mes souffrances, celles qui manquent à la Passion du Seigneur ".

d) En effet, Jésus ne nous a pas sauvés seulement par tout ce qu'il a enduré, mais aussi en "incorporant" par avance tout ce que les âmes de bonne volonté avaient surnaturellement supporté et devraient supporter durant leur existence terrestre.

e) Nous devons nous rappeler enfin que, ainsi offertes à Dieu, toutes nos souffrances et épreuves reçoivent alors, en raison des mérites de Jésus, une valeur rédemptrice parfaite, divinisée et divinisante, parce que ces épreuves et ces souffrances se confondent avec celle de Notre Sauveur-Jésus.