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MANUEL D'INSTRUCTION ET D'EDUCATION RELIGIEUSES
Abbé Lucien Arène, Aumônier d'Ecoles libres
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6 ème et 9 ème Commandements de Dieu :

Tu ne feras pas d'impureté !
Tu n'auras pas de désirs impurs volontaires !

RÉFLEXION

A.- Depuis le Péché originel en lequel tous les humains sont représentés, parce que " récapitulés " en Adam et Eve, la subordination et l’équilibre sont souvent rompus. L’âme est alors contrariée et ravalée à l’état d’esclavage par le corps qui veut être le maître et avoir ses aises et obtenir son plaisir.

B.- C’est un devoir pour l’être humain de réagir contre ces désordres ; car la vie est faite pour monter, et non pour descendre. L’âme doit commander, et le corps obéir. En ce domaine des sens propres à la procréation et à l’épanouissement des époux, on arrive à corrige cette attitude désordonnée par la vertu de chasteté, laquelle "châtie" le corps et lui fait pratiquer la pureté, qui est la vertu des âmes fortes et qui permet de trouver la paix du coeur.

EXPLICATION

1.- Le sixième et le neuvième Commandements de Dieu interdisent les plaisirs charnels relatifs à la sexualité en dehors de l’état de mariage légitime et valide. Ils déclarent illégitimes ces plaisirs ; c’est-à-dire gravement interdits, en dehors du mariage. Tout ce qui conduit à ces actes coupables réalise ce qu’on appelle l’ impureté.

2.- En conséquence, on pèche contre ces deux Commandements :

  1. Par pensée, lorsqu’on laisse l’imagination prendre plaisir à des choses ou à des actions déshonnêtes. Cependant, une mauvaise pensée n’est vraiment un péché que lorsqu’on y prend plaisir volontairement.
  2. Par désir, lorsqu’on ajoute à la contemplation de la pensée, la volonté de se procurer le plaisir inconvenant qu’on s’est consciemment et volontairement représenté. En effet, désirer c’est déjà aimer, vouloir, et avoir réalisé dans son cœur la chose rêvée.
  3. Par regards, lorsqu’on arrête ceux-ci, sans nécessité et avec complaisance, sur des personnes ou des choses qui peuvent porter à un comportement désordonné.
  4. Par paroles et lectures, lorsqu’on dit, lit ou écoute des explications ou des chansons qui peuvent produire, en soi ou en d’autres, des excitations sensuelles.
  5. Par actions, lorsqu’on accomplit, seul ou avec d’autres, des gestes gravement inconvenants et qu’on n’oserait pas faire en public ou devant des personnes que l’on respecte.

3.- L’impureté est en soi et généralement un péché grave. En effet :

  1. Elle est contraire à l’ordre établi par Dieu. Car Dieu n’a établi naturellement certains plaisirs aux humains que pour les amener à un but voulu par Lui et bon pour l’avenir du genre humain au moyen de la procréation, et pour l’expression de l’affection maritale mutuelle des époux.
  2. Elle souille l’âme et le corps. L’homme et la femme  ont été créés à l’image de Dieu. Or l’impureté, dans son désordre, porte atteinte à la rectitude morale établie par Dieu, tandis qu’elle utilise le corps pour des actes qui ne sont réservés qu’aux époux légitimes et dans des buts bien déterminés.
  3. Elle est la cause de grands maux 
  • Elle obscurcit l’intelligence de l’impur en lui faisant perdre le goût de la prière, des Sacrements et des biens spirituels : " l’homme animal ne perçoit pas ce qui vient de l’esprit de Dieu " dit St Paul en sa 1ère épître aux chrétiens de Corinthe.
  • Elle diminue l’efficacité de sa volonté qui s’énerve et se dévirilise par suite du renouvellement des mauvaises habitudes.
  • Elle blesse le cœur qui s’endurcit et devient ainsi moins sensible au véritable amour.
  • Elle amoindrit la volonté qu’elle rend esclave de la véritable drogue qu’est l’impureté en ses mauvais penchants.
  • Tandis que la pureté, courageusement et noblement vécue, ennoblit l’âme et protège le corps. Le vice impur peuple les hôpitaux. : C’est ainsi, par exemple, que le terrible s.i.d.a. a pour origine l’impureté.

4.- L’impureté est un poison moral pour la famille. Elle engendre, en effet très souvent, le grand désordre de la division, de la haine, de la calomnie, et multipliant souvent les divorces.

5.- L’impureté porte atteinte aussi à la société qu’elle pourrit plus ou moins par l’exemple déplorable et condamnable qu’elle engendre inévitablement par l’exemple donné.

N.B. Les 6 ème et 9 ème Commandements s’interfèrent si intimement que, en ce chapitre, il n’est que rarement question de l’un distinctement de l’autre.

6.- L’impureté constitue aussi un péché grave relativement à la dignité du chrétien. En effet, en qualité d’enfants de Dieu et frères de Jésus-Christ que nous sommes devenus par le saint Baptême, nous formons une même famille et un même corps mystique. Dès lors, dans une famille, l’impudique est comme un membre gangrené.

7.- Tout cela dit, il ne faut tout de même pas voir le mal partout. Mais il reste que le danger s’insinue très fréquemment ; car le Démon est subtil, tenace et déterminé. Il sait très bien ce qui flatte et attire fortement l’humanité déchue.

8.- Par contre, il est cependant bon et même nécessaire d’être, très tôt, informé sur toutes ces questions délicates auxquelles peut s’attaquer l’impureté : Afin de leur éviter une information fausse ou mal comprise, ou réalisée dans de mauvaises ou troublantes conditions par des camarades plus ou moins bien informés eux-mêmes ou mal intentionnés, les jeunes enfants eux-mêmes doivent être informés très tôt de ces choses. Mais cela devra être fait progressivement et surtout en famille, afin que la confiance, la pudeur et la sérénité de l’enfant soient protégées, dès l’ouverture de la connaissance à ces questions délicates et souvent fragiles quant à leur intervention dans la vie.

N.B. En précisant plus haut qu’il y a, dans le péché d’impureté, matière à péché grave, cela ne signifie pas qu’il y ait toujours les autres éléments constitutifs du péché grave, à savoir : la pleine connaissance et l’entier consentement à cette faute. En effet, le péché mortel n’est pas une brouille superficielle et passagère, mais une brisure profonde et durable, une vraie rébellion vis-à-vis de Dieu ; ce qui suppose de mauvaises dispositions et une franche détermination à la mauvaise action.

9.- Les moyens de pratiquer la pureté sont :

  1. La pensée fréquente de Dieu qui est toujours et partout présent.
  2. La prière attentive, chaque jour ; et surtout dans les tentations.
  3. La confession régulière ; et en cas de chute, le recours le plus tôt possible à ce Sacrement
  4. La Communion à l’Eucharistie avec de bonnes dispositions.
  5. La dévotion à la Très Sainte Vierge Marie, Elle qui a su pratiquer la vertu de pureté d’une façon parfaite et constante.
  6. La mortification par des pénitences que l’on saura s’imposer courageusement. Un bon moyen d’éviter certaines fautes est de pratiquer les vertus opposées. En effet, la recherche du plaisir moralement mauvais qu’il apporte, constitue toujours le but d’un péché, surtout celui des sens ; or c’est en s’imposant son contraire, à savoir le sacrifice humainement déplaisant, que l’on aidera l’apaisement, voire même l’extinction de cet attrait intempestif.
  7. Enfin, un autre moyen d’éviter le péché d’impureté est la fuite des occasions dangereuses. En effet : "qui joue avec le feu, s’y brûlera tôt ou tard..." Il faut donc être sur ses gardes, de nos jours plus que jadis, compte-tenu de ce que les médias offrent de navrant et de moralement très dangereux. Qu’il s’agisse de ce que l’on peut entendre, voir, dire ou faire, le risque est partout désormais, tant le monde court après le sensationnel et le sensuel. Et que l’on n’attendent pas maintes lois exagérément libérales pour se sentir protégé en ce domaine. Tout au contraire !

10.- Les principales occasions qui conduisent à l’impureté :

  1. L’oisiveté. Le désoeuvrement d’une personne non occupée est funeste. On dit bien : " l’oisiveté est la mère de tous les vices " Et St. Gérôme dit : " Il y a un Démon pour celui qui travaille, mais il y en a cent pour tenter celui qui paresse ! "
  2. L’intempérance. Ce vice rend le corps exigeant et l’âme plus faible. Il conduit à la recherche de sensations toujours nouvelles ; lesquelles peuvent aller jusqu’à la destructrice drogue, fléau de la nouvelle société et ?hélas !? d’une certaine jeunesse.
  3. Les amitiés dangereuses et les mauvaises fréquentations en lesquelles le coeur s’amollit, et où l’ont se permet progressivement des propos grivois, des familiarités, puis des gestes déplacés, puis impurs. On dit très justement : "Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es"
  4. Les conversations impures, soit qu’on y participent, soit qu’on les écoute avec quelque complaisance. " Cela commence par l’esprit et s’achemine vers la chair. " Et St. Paul, en ses épîtres aux Colossiens et aux Ephésiens, écrit : "Que les paroles déshonnêtes soient bannies de votre bouche !"
  5. Les lectures lascives et amollissantes, troublantes, malsaines, où le vice est dépeint sous des couleurs séduisantes, mais qui demeure dévastateur.
  6. Les spectacles immoraux aux gestes indécents, érotiques, voire pornographiques et même empreints de bestialité, comme c’est devenu si fréquent et communément de nos jours, hélas ! Et souvent sans que l’on puisse s’en prémunir, les publicités mercantiles s’en inspirant. Sous le faux prétexte de l’ authenticité, on montre tout, on dit n’importe quoi et l’on suggère et invite insolemment aux désordres immoraux les plus scandaleux.
  7. Les toilettes immorales suivant des modes scandaleuses qui éveillent et suscitent inévitablement, d’une façon ou d’une autre, tôt ou tard, chez soi et chez les autres en les excitant, les désirs malsains ou franchement impurs.
  8. Les tenues et danses immodestes. La danse n’est pas mauvaise en elle-même. Elle peut même être un exercice corporel bon pour la santé. Mais il y a des danses qui, du fait des circonstances, comme l’enlacement, les tenues trop libres, les compagnies ou ambiances mauvaises, etc., constituent des imprudences, ou même des immoralités.
  9. Tout le monde sait qu’il est devenu courant et même habituel d’être confronté à de telles situations ou manières de faire ; mais cela reste un désordre, si l’on s’y complaît.
  10. De plus, il faut considérer que bien des danses sont marquées, de nos jours, de slogans et de thèmes franchement et volontairement pernicieux, soit que ces chants sont volontairement immoraux, soit qu’il véhiculent des slogans politiques orientés et néfastes. C’est le cas, par exemple de certains groupes de Rock mêlant à la musique, des "messages psychédéliques" sensoriellement inaudibles, mais dont les messages incorporés sont franchement obscènes ou injurieux pour la Religion, ou la personne de Jésus-Christ, de la Vierge-Marie, etc.
  11. Toutes ces occasions et d’autres encore qui provoquent des excitations pouvant confiner à des crises nerveuses, voire même conduire à la boisson ou à la drogue, puis aux comportements et actes impurs, ressemblent à des marchandises avariées qui propagent une vraie peste morale. On prend malheureusement l’habitude de se laisser contaminer sans plus soupçonner ni le danger ni le péché. C’est le livre de l’Ecclésiaste qui, au chapitre 3, v. 24, nous rappelle que "qui aime le danger, y trouvera sa perte." Et il arrive souvent, tant le Démon est subtil et tenace, que le danger s’insinue dès les premières concessions au mal : Les lézardes sont un commencement de la ruine, tout comme les voies d’eau sont un commencement d’inondation. Le vice est un sable mouvant en lequel on s’enlise facilement.

QUESTIONS DU CHAPITRE TROIS : SIXIÈME ET NEUVIÈME COMMANDEMENTS

1- Récitez les 6ème et 9ème Commandements de Dieu !

- Tu ne feras pas d’impureté ; tu n’auras pas de désir impur volontaire.

2- Que nous interdit la vertu de pureté ?

- La vertu de pureté nous interdit les pensées et les désirs volontaires, les regards, les paroles, les lectures et les actions qui peuvent souiller l’âme et le corps.

3- Pourquoi l’impureté est un péché ?

- L’impureté est un péché parce que l’âme et le corps qu’elle souille étaient devenus, par la Grâce sanctifiante, la demeure du Saint-Esprit.

4- Qu’est-ce qui constituerait un péché d’impureté ?

- Ce qui constituerait un péché d’impureté, serait tout ce qui concerne les questions de sexualité en dehors du mariage légitime, ou d’une saine et prudente information en ce domaine.

5- Pécherait-on en acceptant des occasions d’impureté ?

- Oui, on pécherait en acceptant des occasions d’impureté ; particulièrement en regardant ou en écoutant des spectacles incorrects ; en lisant de mauvais ouvrages ; en se prêtant à des conversations impures ; en entretenant des pensées mauvaises ; en fréquentant de mauvaises compagnies.

6- Quels sont les principales occasions qui peuvent aussi conduire à l’impureté ?

- Les principales occasions qui peuvent aussi conduire à l’impureté sont : l’oisiveté, l’intempérance, les tenues et les modes indécentes, les boissons et les produits excitants.

7- Quels sont les principaux moyens pour éviter l’impureté ?

- Les principaux moyens pour éviter l’impureté sont : la pensée de Dieu, de la Vierge-Marie et des Saints ; la prière ; la fuite des occasions dangereuses et des tentations ; la mortification des sens ; la Confession et la Communion fréquentes ; et la fréquentation des bonnes compagnies.

CONSÉQUENCES PRATIQUES

 A.- Qu’il s’agisse de la vie partagée dans les liens du Mariage légitime, ou de tout ce qui touche, d’une façon proche ou lointaine, à la vie à procréer : il convient de réaliser l’importance et la grandeur de toutes ces questions auxquelles Dieu nous a donné d’avoir part d’une manière ou d’une autre. Parce que tout ce qui touche, de prés ou de loin à la vie, est sacré. Et Dieu, en sa nature profonde, est Vérité et Vie.

B.- Pour ce motif positif, et aussi afin de fuir les tentatives pernicieuses et fréquentes du Démon, il nous faut être très vigilants et forts contre toutes les tentations et invitations à l’impureté, distinguant bien ce qui est légitime - parce que en relation avec ce que Dieu a établi par les lois naturelles et bonnes - de ce qui serait déformation et déviations ayant pour origine les Puissances maléfiques.

C.- Recourons aux nombreux et accessibles moyens que Dieu et l’Eglise mettent à notre disposition et que nous avons précisés ci-dessus, afin de triompher du Mal sous ses formes variées et nombreuses qui sont, hélas !, si répandues dans le monde d’aujourd’hui.