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MANUEL D'INSTRUCTION ET D'EDUCATION RELIGIEUSES
Abbé Lucien Arène, Aumônier d'Ecoles libres
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LE SACREMENT DES MALADES
( ou : EXTRÊME-ONCTION )

RÉFLEXION

A- Anciennement appelé l’ Extrême - Onction ( qui était plutôt compris comme " le Sacrement de l’extrémité... ", Le Sacrement des Malades, comme sa nouvelle appellation l’indique opportunément et comme l’indique clairement l’Apôtre St. Jacques, est le Sacrement qui a été institué par Notre-Seigneur pour venir en aide, essentiellement et d’abord, spirituelle aux personnes malmenées par la maladie.

B- En son épître (chap. 5,14), St. Jacques déclare, en effet : " Quelqu’un parmi vous est-il malade ?: qu’il appelle les prêtres de l’Église, et que ceux-ci prient sur lui en l’oignant d’huile au nom du Seigneur ; et la prière de la Foi sauvera le malade, et le Seigneur le rétablira, et s’il a commis des péchés, ils lui seront pardonnés. "

C- Ce Sacrement n’est donc pas réservé aux mourants, comme on le pensait volontiers jusqu’au Concile Vatican 2. Désormais, ce Sacrement est proposé, même aux personnes d’un âge avancé, la vieillesse ayant appauvri la vitalité habituelle de ces personnes.

D- Pour ce qui est des mourants ou des personnes en danger réel de mort, le Sacrement est tout-indiqué, bien évidemment, puisqu’il correspond à ce que précise St. Jacques.

E- Le Sacrement des Malades est hélas ! fortement négligé, La raison en est surtout le manque d’esprit chrétien de bien des personnes, pourtant baptisées, face à la mort ou à son éventualité : Par charité affective plutôt que raisonnable, on désire par-dessus tout, cacher à l’être aimé la fin de sa vie. Et pour qu’il ne puisse pas deviner ce que sait l’entourage, on évite de faire venir le Prêtre...

F- Et bien souvent alors, la personne meurt sans les secours religieux ; tandis que c’est surtout en leurs derniers moments que les mourants - dont beaucoup ont malheureusement souvent négligés les secours religieux - en auraient eu un particulier besoin !

EXPLICATION

1.- Le Sacrement appelé naguère Extrême Onction, ou désormais Sacrement des Malades, ou encore L’Onction des Malades, est le " Sacrement institué par Notre-Seigneur pour régénérer l’âme des malades et soulager leur corps ".

2.- On n’a pas, dans les Évangiles, la relation explicite de cette institution par Jésus. Mais cela est rapporté par l’Apôtre St. Jacques qui n’aurait pas fait cette promulgation, si Jésus ne l’avait pas établi ainsi.

3.- D’ailleurs, rien d’étonnant à cela, lorsqu’on constate le comportement de Jésus envers les malades, les handicapés, les infirmes et les possédés du Démon : la compassion de Notre-Seigneur pour ces déshérités de la santé morale ou physique est plus que touchante. Sa compassion envers tous ceux qui souffrent va si loin que Jésus s’identifie à eux : " J’ai été malade et vous m’avez visité " (St. Matthieu 25,36). Et encore c témoignage de St. Matthieu (8,17) : " Il a pris sur Lui nos infirmités et Il s’est chargé de nos maladies ".

4.- Mais la principale maladie que Jésus est venu combattre, et dont les guérisons physiques étaient comme la marque et le symbole, c’était l’âme malade du péché. C’est en vue de la conversion des pécheurs que Jésus envoie ses Apôtres. C’est pour cela qu’Il en a Lui-même payé le prix du rachat. Et c’est la guérison ou le soulagement physique des malades qui est la marque de la régénérescence des âmes :

5.- " Et (les Apôtres) ils s’en allèrent prêcher que l’on se repentît ; et ils chassèrent beaucoup de Démons et faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades et les guérissaient. " (St. Marc 6, 12). Et Jésus, ressuscité , renouvelle cet envoi : " Par mon Nom [...] ils imposeront les mains aux malades, et ceux-ci seront guéris. " ( St. Marc 16,17 ). Et encore cette injonction du Seigneur à Ses envoyés : " Guérissez les malades ! " (St. Matt. 10, 8). C’est donc bien du Seigneur que l’Église a reçu cette tâche.

6.- L’Église a reçu, du temps des Apôtres, un rite propre en faveur des malades : C’est l’onction dont St. Jacques promulgue la prescription dans son épître, comme nous l’avons vu plus haut. Et c’est le Concile Vatican 2 qui précise les dernières normes à observer dans la pratique de l’ Onction des Malades.( voir " Le Catéchisme de l’Église Catholique " n°1513) :

7.- " Le Sacrement de L’ Onction des Malades est conféré aux personnes dangereusement malades en les oignant sur le front et sur les mains avec de l’huile dûment bénite - huile d’olives ou autre huile extraite de plantes - en disant une seule fois : "Par cette sainte onction, que le Seigneur, en sa grande bonté, vous réconforte par la Grâce de l’Esprit-Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’Il vous sauve et vous relève !" (Catéchisme de l’Église Catholique n°1513)

8.- Ce Sacrement est réservé aux malades atteints d’une maladie grave, que celle-ci mène à la mort ou pas, et "lorsqu’il y a un certain danger par suite d’affaiblissement physique, ou de vieillesse dont la faiblesse s’accentue, ou au seuil d’une opération importante".

9.- La célébration de ce Sacrement comprend :

  1. L’imposition silencieuse des mains du Prêtre sur le malade ;
  2. La prière du Prêtre, faite "dans la Foi de l’Église" sur le malade, et qui est indiquée dans le Rituel liturgique.
  3. Les onctions sont à faire conformément aux indications données par le Rituel. L’onction elle-même, sur le front du malade, se fait avec l’huile bénite de préférence par l’Évêque, le Jeudi-Saint.

N.B. Pour satisfaire les personnes ayant une préférence pour l’ancien rite, ( qu’il s’agisse de la personne malade ou de son entourage ), le Sacrement peut être donné en suivant le rite en question.

10.- Lorsque les circonstances s’y prêtent, ce Sacrement devrait être précédé des Sacrements du Pardon et d’Eucharistie. Mais lorsque cela est impossible du fait, par exemple, d’une personne qui a perdu connaissance, on se contentera de donner le seul Sacrement des malades.

11.- Concernant les effets de ce Sacrement :

  1. Il fait un don particulier de l’Esprit-Saint qui procure une Grâce de réconfort, de paix et de courage pour vaincre ou supporter les difficultés propres à la maladie ou à la fragilité de la vieillesse ; ou à la mort, si tel est le cas.
  2. Cette Grâce renouvelle la confiance et la foi en Dieu, et fortifie contre les tentations du Démon relative au découragement ou à une angoisse de la mort. Cette assistance du Seigneur veut conduire le malade à la guérison de l’âme, mais aussi à celle du corps, si telle est la volonté de Dieu.
    N.B. Tous les Prêtres du ministère auprès des fidèles, ont certainement connu des cas de guérisons physiques manifeste et parfois spectaculaires de malades, ou d’amélioration sensible de leur santé.
  3. Le Sacrement, selon les dispositions intérieures du malade, purifie ce dernier de ses péchés : Il efface tous les péchés, si le malade n’a pas pu se confesser. St. Jacques le dit clairement en son épître : " ...et s’il a des péchés, ceux-ci lui seront remis. "

12.- Pour donner ce Sacrement, au moment de l’onction avec l’ Huile des Infirmes, le Prêtre prononce les paroles sacramentelles que le n° 7 ci-dessus rapporte.

13.- Par rapport au corps, comme il y a été fait allusion dans la note ci-dessus, les effets sont manifestes : L’Onction des Malades soulage le corps des malades en adoucissant les souffrances physiques ou morales, et en leur rendant même la santé quand Dieu le juge bon. Cela provient, non seulement de la réaction psychologique sur le physique, mais essentiellement de la Grâce particulière procurée par le Sacrement.

14.- Il suffit de lire les prière qui accompagnent l’administration de ce Sacrement pour constater qu’il est question d’un retour à la santé de l’âme, mais aussi du corps, si telle est la volonté de Dieu : " Allégez, nous Vous en prions, ô notre Rédempteur, par la Grâce du Saint-Esprit, les souffrances de ce malade ; guérissez ses blessures et pardonnez ses péchés. Éloignez de lui toute douleur de l’âme et du corps ; rendez-lui une santé parfaite, afin que, rétabli par votre miséricorde, il puisse, comme auparavant, reprendre ses activités. "

15.- En ce qui regarde le moment où il est indiqué de recevoir ce Sacrement, il est bien évident qu’il convient que le malade soit en pleine lucidité intellectuelle. Et ce sont ceux qui font partie de l’entourage familial qui doivent, par devoir et par charité bien comprise, se préoccuper de prendre contact avec le Prêtre. Ce dernier, par Grâce d’état et par expérience, saura toujours aborder le malade et le décider, s’il est suffisamment bien disposé pour cela, à demander ces secours religieux.

16.- Si le Sacrement est donné à un mourant, il convient d’assurer les prières des Agonisants. Ce sont des prières très anciennes, que le Prêtre, ou l’un ou l’une des assistants prononce près du mourant, afin d’exhorter l’intéressé et son entourage, à la confiance surnaturelle et à implorer la miséricorde de Dieu au moment de quitter ce monde..

QUESTIONS DU CHAPITRE SIX

1- Qu’est-ce que le Sacrement des Malades ou Extrême Onction ?

- Le Sacrement des Malades est un Sacrement institué par Notre-Seigneur pour régénérer l’âme et soulager le corps des malades.

2- Comment ce Sacrement régénère-t-il l’âme des malades ?

- Ce Sacrement régénère l'âme des malades en effaçant les restes de leurs péchés ; en les fortifiant contre les tentations du Démon et, s’il s’agit de mourants, en les aidant à mourir chrétiennement et paisiblement.

3- Comment ce Sacrement soulage-t-il le corps des malades ?

- Ce Sacrement soulage le corps des malades, en adoucissant leurs souffrances, et même en leur rendant la santé, si Dieu le permet.

4- Quand convient-il de recevoir ce Sacrement ?

- Il convient de recevoir ce Sacrement, dès que la maladie atteint un certain degré de gravité ; avant de subir une intervention grave ; ou lorsque la vieillesse a affaibli notablement la personne.

5- Quelles doivent être les dispositions du malade pour recevoir ce Sacrement ?

- Pour recevoir ce Sacrement, le malade doit désirer ou accepter de le recevoir ; être en état de Grâce, ou avoir le regret sincère de ses péchés.

6- Que doivent faire ceux qui font partie de l’entourage du malade ?

- Ceux qui font partie de l’entourage du malade doivent l’encourager à recevoir les Sacrements, puis avertir le Prêtre et faciliter son ministère.

7- Quel est le geste essentiel par lequel le Prêtre donne ce Sacrement ?

- Le geste essentiel par lequel le Prêtre donne le Sacrement des Malades, est l’onction qu’il fait sur le malade avec l’Huile des malades, et par les paroles demandant à Dieu de lui pardonner ses péchés et de soulager ses souffrances.

CONSÉQUENCES PRATIQUES

-- De très nombreux chrétiens, hélas !, laissent mourir leurs malades " comme des bêtes " ; c’est-à-dire sans les secours si bénéfiques des Sacrements du Pardon, de l’Eucharistie et des Malades. Les raisons en sont souvent l’ignorance ; mais aussi la crainte - par une charité qui fait erreur - d’affoler ou de perturber les malades ou les mourants, lesquels risqueraient ainsi de voir venir, avec le Prêtre à leur chevet, l’heure de la mort. C’est une discrétion coupable que ce comportement ; car les Prêtres savent très bien comment procéder en ces circonstances.

-- Le Seigneur accorde à chacun et en son temps, les Grâces d’état nécessaires afin que tout se passe au mieux dans ce genre de ministère auprès des malades et des mourants. Les Prêtres du ministère ont remarqué que ce sont souvent les bien-portants qui compliquent les choses, au lieu de les favoriser en ce domaine pourtant tellement important.

-- Il faut se souvenir que, depuis le dernier Concile Vatican 2, le " Sacrement des Malades " - ou " L’Onction des Malades " - comme son nouveau nom l’appelle, est tout indiqué dans des cas de maladie ne conduisant certainement pas à la mort. C’est ainsi qu’il est tout-à-fait permis et même recommandé pour les vieillards. Il faut donc changer de mentalité à l’égard de ce Sacrement.

-- Par contre, il est prévu que ce Sacrement peut être donné à une personne donnant les apparences de la mort ; à condition qu’il n’y ait pas dépassement de deux heures depuis la mort apparente. Mais il est bien évident qu’il ne faut pas s’autoriser de la difficulté de savoir quand une personne est vraiment décédée (c’est-à-dire séparation effective de l’âme par rapport à son corps ), pour attendre cette apparence avant de faire donner ce Sacrement ! Nous l’avons vu plus haut : C’est en pleine connaissance que le malade ou le mourant doit pouvoir recevoir " L’onction des Malades "

-- Relativement à ce Sacrement, l’idéal serait de prendre l’habitude de demander au Prêtre de venir visiter un malade de la famille, afin de simplement le réconforter par une visite, de lui proposer la Sainte Communion ; ce qui serait peut-être l’occasion d’une confession dont la précédente est bien éloignée dans le temps... Cette façon de procéder, outre les bienfaits spirituels et sacramentels, ou simplement charitables apportés aux malades, faciliterait la réception opportune du Sacrement des Malades.

-- Il ne faut pas oublier que la maladie - ou le moment venu de la mort - demeure l’occasion privilégiée de recevoir des Grâces parfois déterminantes pour la personne aux prises avec une situation difficile. La maladie est souvent une Grâce de Dieu ; car elle pousse à la réflexion sur des considérations importantes et parfois ultimes. Quel crime ce serait envers ceux que nous prétendons sincèrement aimer, que de négliger ces possibilités merveilleuses de Grâces si particulières !