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MANUEL D'INSTRUCTION ET D'EDUCATION RELIGIEUSES
Abbé Lucien Arène, Aumônier d'Ecoles libres
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LE BAPTÊME

RÉFLEXION

A- Après le Péché Originel, la nature humaine s’est trouvée, par sa faute, privée de l’amitié de Dieu en laquelle elle avait été créée.

B- Après Son Incarnation, Sa vie sur terre, Ses multiples sacrifices et celui de Sa mort sur la croix, au nom de la nature pécheresse et pour rendre possible le rachat de celle-ci, Notre-Seigneur a mérité le pardon de Dieu offensé par notre état de pécheurs.

C- C’est par le Sacrement de Baptême - reçu effectivement ou par désir, selon les cas - que chaque personne, bien disposée surnaturellement, est rendue bénéficiaire des mérites personnellement acquis pour nous par Notre-Seigneur ; elle devient alors chrétienne, c’est-à-dire enfant de Dieu et de l’Église, et frère de Jésus-Christ.

EXPLICATION

1.- Le Baptême est le premier et le plus nécessaire des Sacrements. Il est comme la porte nécessaire et obligatoire d’accès dans la Famille divine. Il faut l’avoir reçu pour être admis à recevoir les autres Sacrements. C’est la raison pour laquelle on exige un certificat de Baptême avant la Première Communion, la Confirmation, l’Ordre et le Mariage.

2.- C’est le plus nécessaire des Sacrements, en raison :

  1. de ses effets bénéfiques ; et
  2. Parce que Jésus nous l’a dit : " Si quelqu’un ne renaît pas de l’eau et de l’Esprit-Saint, il ne peut entrer dans le Royaume des Cieux ." (St. Jean 3,5) Et encore ceci, en St. Marc16, 16> : "Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé."

N.B. Il ne peut s’agir ici, raisonnablement, que de ceux qui sauraient où est la vérité religieuse et qui en négligerait les exigences en refusant volontairement le Baptême.

3.- Le Baptême se détaille donc, par rapport à sa nature, comme étant : le Sacrement par lequel la personne baptisée est libérée de la tâche du Péché Originel, renaît à la Vie Surnaturelle de la Grâce, retrouve non seulement son amitié avec Dieu, mais devenant chrétienne, devient également l’enfant adoptif de Dieu, frère et disciple de Jésus-Christ et membre de l’Église.

4.- La définition plus résumée du Sacrement de Baptême est donc la suivante :

Le Baptême est le Sacrement qui nous donne la Grâce Sanctifiante, efface le Péché originel et nous fait chrétiens, enfants de Dieu et de l’Église.

5.- Le Baptême remplit les trois conditions d’un Sacrement. En effet :

  1. c’est un signe sensible et sacré, c’est-à-dire un rite qui tombe sous les sens par l’ablution qui est faite ;
  2. il a été institué par Notre-Seigneur qui en a proclamé la nécessité et qui en a déterminé le rite : " Allez ! enseignez toutes les nations ; puis baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit !..." et
  3. manifestement, il produit la Grâce dans l’âme des baptisés.

6.- Le Baptême :

1/ donne la Grâce Sanctifiante de la Vie Surnaturelle, comme cela a été dit plus haut. C’est donc une seconde et vraie naissance.

2/ Il efface le Péché Originel dans ses conséquences éternelles, c’est-à-dire que le baptisé devient héritier du Ciel. C’est une totale purification, en effet, qui est opérée.

3/ Il nous fait chrétiens ; c’est-à-dire :

    1. enfants de Dieu ;
    2. tabernacles vivants en lesquels réside la Sainte Trinité ; puis
    3. frères de Jésus-Christ et membres de son Corps Mystique. C’est là une magnifique consécration.

4/ Le Baptême nous fait aussi membres de l’Église et nous donne droit, de ce fait, à tous les biens spirituels dont cette Mère de nos âmes possède le trésor. C’est donc là une précieuse incorporation.

7.- Il faut noter que, chez les adultes, le Baptême remet, de plus, tous les péchés commis avant d’être baptisé ; ainsi que la peine temporelle encourue par ces péchés. Une seule condition à cela : que ces adultes aient le regret sincère de leurs péchés et l’intention manifeste de vivre en vrais chrétiens. Car, sans repentir ni bonne détermination, aucun péché ne peut évidemment être pardonné.

8.- Lorsqu’il est absolument impossible d’être effectivement baptisé, mais qu’il y a désir et intention de l’être, le Baptême peut alors être suppléé par le Baptême de désir, lequel exprime l’attachement à Dieu et la contrition parfaite des péchés commis. Également : l’acceptation et la réalisation du martyr, comme expression et témoignage suprême de l’amour de Dieu et d’une contrition parfaite, réalise dans l’âme du martyre les mêmes effets que le Baptême physiquement reçu.

9.- De toutes ces précisions, il résulte une obligation grave, pour des parents de conduite vraiment chrétienne, de faire baptiser leurs enfants le plus tôt possible, afin : a) de faire bénéficier le plus tôt possible l’âme de leur enfant de la Grâce Sanctifiante et b) de permettre à cet enfant d’être dans la plénitude de Dieu en cas de mort prévue ou pas.

10.- Mais cette dernière précision nous amène à une considération importante : Le Baptême crée des obligations toutes logiques envers Dieu et la communauté chrétienne qu’est l’Église. En effet, la Grâce n’est donnée qu’à ceux qui, sincèrement, feront de vrais efforts pour l’entretenir et la développer en soi. Il y a un véritable contrat entre Dieu et les baptisés : Dieu ne peut donner sa Grâce qu’à ceux qui réserveront à celle-ci un bon accueil, c’est-à-dire par une vie vraiment chrétienne, au moins en intention et dans la manière de vivre.

11.- On ne peut donc baptiser un enfant que si l’on a l’assurance morale que cet enfant, arrivé à l’âge de raison, recevra un enseignement religieux sérieux lui permettant de comprendre ce qui a été religieusement réalisé en lui, et d’en saisir les exigences religieuses, morales et humaines qui en découlent tout logiquement. Procéder à un Baptême sans cette assurance, c’est courir le risque - hélas ! aujourd’hui si fréquent dans le monde profondément laïcisé en lequel nous vivons - de faire de ces petits chrétiens de futurs renégats.

N.B. L’expérience de la vie nous enseigne que l’enfant arrivé vers l’âge de l’adolescence, a plutôt tendance à aller vers la facilité. Et, de ceux des adultes qui exercent sur lui une certaine influence, à savoir : Parents et Enseignants, il tendra assez spontanément à imiter ceux qui seront le moins exigeants. D’où l’importance de l’exemple chrétien de la part des Parents, et lorsqu’il est possible, du choix des Enseignants des enfants !

Bien des fois, de nos jours qui connaissent une apostasie très largement répandue en nos pays latins jadis si exemplairement chrétiens et fervents, le Prêtre qui baptise les petits enfants qui lui sont présentés, pourrait se demander s’il ne va pas conférer le Sacrement à un futur apostat, compte-tenu de l’indifférence et de l’ignorance religieuses de bien des Parents ! C’est sûrement cette inquiétude et ce souci qui ont décidé l’Église, depuis le dernier Concile Vatican 2, à faire précéder le Baptême des enfants, d’une préformation de leurs Parents ou Tuteurs.

12.- Le ministre du Sacrement de Baptême est, dans les cas ordinaires, le Prêtre. En général, c’est le Curé de la Paroisse ou son délégué. Tandis qu’en cas de nécessité absolue (cas de péril de mort, alors qu’il est impossible de faire venir un Prêtre) n’importe qui peut alors donner le Baptême ; à condition, toutefois, qu’on agisse avec l’intention de faire ce qu’entend faire l’Église en baptisant.

13.- Dans ce cas, le Baptême est réduit alors à la seule effusion de l’eau accompagnée de la formule qui lui donne son sens et son efficacité sacramentelle, à savoir : " Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ! " C’est ce qu’on appelle alors procéder à un ondoiement. Et l’on devra ensuite tenir informé le Prêtre de la Paroisse ou l’Évêché, de ce qui a été fait, afin que le Baptême soit enregistré sur les registrés paroissiaux.

14.- Ce qu’on appelle, en tout Sacrement : la matière, est ici constitué par l’eau du Baptême. Son symbole, dans l’usage visible qui en est fait, correspond bien à ce qui se passe invisiblement dans l’âme : celle-ci est comme lavée du Péché Originel (et de tous autres péchés, si c’est le cas), elle éteint la violence des passions, elle désaltère et fortifie l’âme par la richesse de la Grâce.

15.- L’eau à utiliser est une eau pure naturelle (du robinet, de pluie, de neige fondue, de rivière ou de mer, etc.). Régulièrement, l’eau utilisée par le Prêtre doit être bénite à cet effet. Ce n’est que dans les cas extraordinaires qu’on peut se servir d’une eau non bénite.

16.- Le rite du Baptême doit comporter essentiellement que :

  1. la personne qui baptise ait l’intention formelle de baptiser 
  2. qu’elle verse l’eau sur la personne à baptiser. En général, sur le front ; et
  3. qu’elle dise, en même temps qu’elle verse l’eau, les paroles : " Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. " Geste de l’ablution et paroles doivent être ceux de la seule et même personne qui baptise. Enfin, les Parrain et Marraine doivent toucher l’enfant pendant l’ablution.

17.- L’Église donne à l’enfant baptisé le nom d’un Saint (ou d’une Sainte) choisi

généralement par les Parents : Ce Saint est le protecteur céleste qui sera aussi le modèle dont l’enfant s’efforcera d’imiter les vertus. Il convient donc de choisir un nom dans la longue liste des Saints et des Martyres que compte l’Église. Et non pas un nom fantaisiste, ou profane. Dans ce dernier cas, le Prêtre choisira un nom chrétien au moment-même du Baptême, quel que soit le sentiment des Parents ou des Parrain et Marraine. >

18.- Le Parrain et la Marraine de l’enfant répondent et s’engagent à la place et au nom du baptisé parce qu’il est trop jeune pour le faire consciemment. De ce fait, ils contractent à son égard une parenté spirituelle qui leur donne le droit et le devoir de suppléer éventuellement aux Parents, pour faire assurer l’instruction et l’éducation religieuses de leur filleul(e).

19.- Pour ce motif, il faut donc que le choix des Parrain et Marraine par les Parents de l’enfant à baptiser soit sérieusement compris et fait. Leur rôle et leur devoir sont en effet très sérieux en cas de carence éventuelle des Parents si ces derniers venaient à ne pas pouvoir ou ne pas vouloir accomplir leurs devoirs envers le baptisé.

20.- Il convient donc que ces Parrain et Marraine soient des baptisés et capables de donner l’exemple sur les plans spirituel et moral. Et il faut aussi qu’ils soient dans la possibilité d’assumer, en cas de nécessité, leurs engagements envers le baptisé.

21.- Au cas où Parrain et Marraine ne peuvent pas être présents, des représentants doivent être choisis. Ils signeront même (de leurs propres noms) les registres paroissiaux notifiant le Sacrement reçu ce jour-là par l’enfant.

N.B. Fort malheureusement, ces considérations sont fréquemment négligées par des parents qui choisissent alors pour leur enfant, un peu " n’importe qui " relativement aux points de vue religieux et moral. personnes.

22.- Ce sont les Parents et les Parrain et Marraine qui répondent au questionnaire du Prêtre, concernant les promesses du Baptême. Ces promesses expriment l’engagement de l’enfant relativement à ses obligations chrétiennes. Et cet engagement porte sur :

  1. le renoncement à Satan, à ses attraits et à ses œuvres ; et
  2. à l’attachement à Jésus-Christ et à Son Église, pour toujours.

23.- Le jour de son Baptême, l’enfant est officiellement et effectivement agrégé aux autres membres de l’Église. A partir de cet instant, il bénéficie donc de tous les mérites et suffrages auxquels ont droit tous les membres fidèles de l’Église. Et les Parrains et Marraines des baptisés, en plus de leurs obligations et charges éventuelles auprès de l’enfant baptisé, sont aussi les représentants officiels de la Communauté des Chrétiens. On a, ici indiquée, une raison supplémentaire de veiller au choix des Parrain et Marraine, même si - comme cela est tout-à-fait louable et peut être même bénéfique à divers égards - ce choix est nettement marqué par des considérations d’ordre familial ou amical.

24.- Bien que ce ne soit pas une obligation stricte, il convient fortement que l’enfant baptisé, dès qu’il sera jugé apte à le faire sérieusement, exprime et ratifie lui-même son engagement par un renouvellement des promesses du Baptême,. Ordinairement, cela se réalise au cours d’une cérémonie très justement appelée la " Profession de Foi et Communion Solennelles. " Cette cérémonie n’est pas un nouveau Sacrement, mais un Sacramental fort souhaitable et bénéfique à divers égards.

QUESTIONS DU CHAPITRE DEUXIÈME

1.- Qu’est ce que le Baptême ?

- Le Baptême est le Sacrement qui efface le Péché Originel, nous donne la Vie Surnaturelle de la Grâce ; nous faits chrétiens, et donc disciples de Jésus-Christ ; enfants de Dieu et de l’Église.

2.- Le Baptême efface-t-il les péchés commis après l’âge de raison ?

- Oui, pourvu qu’on en ait le regret, le Baptême efface les péchés commis après l’âge de raison, et il supprime aussi la peine due à ces péchés.

3.- Lorsqu’on ne peut pas être baptisé, le Baptême peut-il être remplacé ?

- Oui, lorsqu’on ne peut pas être baptisé, le Baptême peut être remplacé par un parfait amour de Dieu, qu’on appelle le " Baptême de désir " ; ou par le martyr, qu’on appelle " le Baptême de sang ".

4.- Les Parents chrétiens doivent-ils faire baptiser leurs enfants le plus tôt possible après leur naissance ?

- Oui, les Parents chrétiens doivent faire baptiser leurs enfants le plus tôt possible, par prudence et pour que l’enfant puisse bénéficier sans tarder de la Vie de la Grâce.

5.- Qui donne ordinairement le Baptême ?

- Ce sont les Prêtres qui donnent ordinairement le Baptême ; mais en cas de nécessité urgente, toute personne peut donner le Baptême.

6.- Que faut-il faire pour donner le Baptême ?

- Pour donner le Baptême, il faut : avoir l’intention de Baptiser, et verser soi-même l’eau en disant : " Je te baptise, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ! "

7.- Pourquoi donne-t-on un Parrain et une Marraine à l’enfant que l’on baptise ?

- On donne un Parrain et une Marraine à l’enfant que l’on baptise, pour qu’ils fassent en son nom les promesses du Baptême et veillent à son instruction et à son éducation chrétiennes.

8.- A quoi est engagé (e) celui ou celle qui reçoit le Baptême ?

- Celui ou celle qui reçoit le Baptême est engagé(e) à croire en Jésus-Christ, à pratiquer Ses Commandements, et à renoncer au Démon et au péché.

9.- Pourquoi l’Église donne-t-elle au baptisé un nom de Saint ?

- L’Église donne au baptisé le nom d’un Saint pour qu’il ait au Ciel un protecteur à prier et sur la terre un modèle à imiter.

CONSÉQUENCES PRATIQUES

A- Il serait bon de se remémorer, de temps en temps, l’heureux et merveilleux avantage dont le Seigneur nous a gratifiés, grâce à nos Parents et au Clergé de notre Paroisse, en nous accordant la Grâce du Baptême, et d’en tirer à nouveau toutes les conséquences dans notre mode de vie en un monde redevenu si oublieux de Dieu et parfois même hostile à Lui.

B- Vivre vraiment notre Foi - au moins en efforts sincères - dans nos comportements concrets de la vie. Conserver, favoriser, puis développer la Grâce sanctifiante reçue au Baptême. Retrouver cette Grâce, si nous l’avons malheureusement perdue. Combattre nos défauts et fuir les tentations. Réparer nos fautes. Promouvoir et favoriser de toutes façons le bien, le bon et le vrai. Etc... : Toutes dispositions découlent tout logiquement en conséquences et exigences de la Grâce sacramentelle du Baptême que nous avons reçu jadis.

C- Si l’on est Parents ou Parrain - Marraine d’un baptisé : se rappeler de temps en temps envers le baptisé, les propres obligations de Parents ou de Parrain - Marraine. L’accomplissement de ces obligations dépend, en effet, de soi à divers égards religieux ou moraux.

D Il est possible de pouvoir aller plus loin en projetant de prolonger et d’amplifier le rayonnement chrétien de la condition de Parents ou de Parrain - Marraine, au point de décider une entreprise dont le but sera d’étendre à d’autres personnes la possibilité de bénéficier d’un enseignement conduisant à la réception du Baptême. Cela pourra se faire par une participation à divers genres " d’animation spirituelle ", ou de rencontres paroissiales ou autres, et dont le but sera d’informer ou d’aider les bonnes volontés à s’instruire des moyens sacramentels de sanctification.

E- Il serait bon, si on ne l’a pas encore fait, de se renseigner sur la vie du saint Patron dont nous portons le nom, afin de pouvoir mieux solliciter son intercession, et de l’imiter en ses vertus et exemples de vie.