Retour à la Présentation de l'ouvrage

MANUEL D'INSTRUCTION ET D'EDUCATION RELIGIEUSES
Abbé Lucien Arène, Aumônier d'Ecoles libres
----------------------------------------------------
3 - LE "JE CROIS EN DIEU"
( ou Symbole des Apôtres )

RÉFLEXION

Dans certains livres d'enseignement, se trouve parfois en tête des chapitres un résumé contenant les idées principales.
Les vérités de la religion chrétienne ont été exposées depuis plus de vingt siècles en des millions de volumes et de discours.
Eh ! bien, le Symbole des Apôtres est un résumé fidèle, en des formules courtes et précises, de l'essentiel de la prédication des Apôtres. C'est là, l'enseignement le plus authentique et le plus ancien de l'Eglise que Jésus lui a confié.
Dans la primitive Église, ce Symbole (appelé aussi de son premier mot : le Credo) était un mot de passe. Aujourd'hui, il est devenu un signe de religion chrétienne. C'est pourquoi on en prévoit la proclamation en diverses occasions plus solennelles : Au moment du baptême, par les parrain et marraine de l'enfant à la confirmation ; à la Profession solennelle de la Foi ; également, lors des pèlerinages et diverses processions ; etc...
Le mot Symbole signifie ici : "signe de ralliement", "figure" ou "image". Et il est vite devenu le "Formulaire des principales vérités de la Foi chrétienne", tout en exprimant la Profession de Foi du chrétien.
Le mot Apôtre signifie l'envoyé. Les Apôtres, que Jésus fit Évêques, furent en effet les envoyés de Jésus, après qu'Il les eût recrutés et instruits des vérités religieuses et morales. Après le départ de leur Maître, ils furent donc ses représentants, ses "chargés de mission" et ses continuateurs. Ils prêchaient fidèlement la doctrine sainte, faisant œuvre de sanctification des âmes bien disposées, grâce aux Sacrements que Jésus leur avait aussi confiés et renforçant leur crédit par de nombreux miracles.

Les Apôtres étaient au nombre de douze :

- Simon - que Jésus surnomma Pierre, dans le sens de "pierre à bâtir" - Simon-Pierre ayant été le premier Pape de l'Eglise visible elle-même comparée à une bâtisse terrestre.
- André, frère de Simon-Pierre. - Jacques et Jean, tous deux fils d'un certain Zébédée.
- Philippe et Barthélemy. -Thomas et Matthieu - Jacques, fils d'Alphée - Jude, portant aussi le surnom de Thaddée.
- Simon, surnommé "le Zélé". Puis Judas, qui a trahi Jésus.

À ces Apôtres choisis par Jésus, il faut ajouter Mathias, élu par les Apôtres pour remplacer Judas, après son suicide ; puis Paul, converti par Jésus, sur la route menant à la ville de Damas, et devenu le grand missionnaire des nations païennes.
La plupart des Apôtres étaient des pêcheurs du lac de Tibériade. Ils suivirent Jésus et écoutèrent ses enseignements. Ils virent ses miracles, admirèrent sa sainteté surhumaine. Bref : ils vérifièrent la divinité de Jésus - surtout en Le voyant ressuscité par sa propre puissance - Convaincus de la sorte, leur acceptation de la torture et du martyre qu'ils subirent est une des plus manifestes preuves de l'origine divine de la religion chrétienne.
Avant son Ascension, Jésus donna mandat aux Apôtres pour qu'ils aillent prêcher son enseignement. Il leur dit : "Toute puissance m'a été donnée dans le Ciel et sur la terre : Allez donc enseigner toutes les nations. Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ! Apprenez-leur à mettre en pratique tout ce que je vous ai enseigné ! Et voici que je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la fin du monde." (St. Matthieu, 28)
Après avoir reçu les dons de la puissance du Saint-Esprit, à la Pentecôte, les Apôtres affrontèrent obstacles et dangers variés. Matériellement démunis, sans armée, sans prestige scientifique, dépassant même les frontières de l'immense empire romain, ils fondèrent partout des communautés chrétiennes, malgré la persécution de ceux des Juifs qui étaient contre Jésus, et celle des Romains au pouvoir.
Cette entreprise était vraiment surhumaine ; mais la société païenne se convertit en masse au christianisme, grâce à l'action de la divine Providence et au zèle religieux des premiers chrétiens dirigés par les Apôtres et leurs successeurs.

N.B. Témoins fidèles jusqu'à la mort incluse pour attester la vérité qu'ils prêchaient, les Apôtres sont morts martyrs : St. Jacques (dit "le Majeur", pour le distinguer de l'autre Jacques), était le frère de St. Jean l'Évangéliste, (fils de Zébédée). Il fut arrêté à Jérusalem par ordre d'Hérode Agrippa, vers l'an 42. Il fut le premier Apôtre à verser son sang en témoignage de sa foi en Jésus.

St. Pierre mourut à Rome, crucifié la tête en bas, selon sa demande, ne voulant pas avoir l'honneur de mourir comme Jésus. St. André, son frère, mourut lui aussi sur une croix, mais en forme d' X, près de la Mer Noire. St. Barthélemy fut écorché vif, aux Indes. St. Jean l'Évangéliste, connut sans en mourir, par miracle, le martyre de l'huile bouillante, dans laquelle il fut plongé. St. Jacques (dit "le Mineur", parce qu'étant plus jeune que l'autre Jacques), après avoir été, pendant 30 ans, Évêque de Jérusalem, fut précipité du haut du pinacle Sud-Est du Temple de Jérusalem, puis achevé à coups de bâtons sur le crâne. St.Barnabé fut martyrisé dans l'île de Chypre, vers l'an 60. St. Philippe est mort martyr en Asie Mineure. St.Thomas a été martyrisé près de Madras, aux Indes, où il est considéré comme le patron spirituel principal de ce pays. St.Matthieu fut martyrisé en Perse. St Jude (ou Thaddée, qui signifie "le courageux") était le frère de Jacques le Mineur. St.Simon fut surnommé "le zélé", pour avoir appartenu à un groupe de "juifs pieux" partisans d'établir par la force le règne messianique... Puis Judas, qui se suicida après sa trahison de Jésus. St. Mathias remplaça, par élection des Apôtres, Judas. Il alla évangéliser l'Éthiopie. On ne sait pas avec certitude s'il y fut martyrisé, ou s'il mourut en Judée. Quant à St. Paul, dont le nom d'avant sa conversion était Saul, il mourut décapité à Rome.

Notons ici qu'il y a un deuxième résumé de la Doctrine chrétienne, appelé "Symbole de Nicée". Ce nom provient de la ville où s'est tenu, en 325, un concile d'évêques, durant lequel ce résumé doctrinal plus détaillé a été composé et proclamé. Il a eu pour but de corriger certaines erreurs concernant, en particulier, la personne de Jésus en ses deux natures humaine et divine. C'est ce " Credo " que nous disons ou chantons aux messes des dimanches et des fêtes solennelles de l'année.

EXPLICATION

Le "Symbole des Apôtres" se divise en déclarations de foi appelées "articles de Foi". Nous les étudions ici successivement, tout au long des chapitres qui vont suivre.
En voici le texte :

Je crois en Dieu, le Père Tout-Puissant, Créateur du Ciel et de la terre.
Et en Jésus-Christ, son Fils unique, Notre-Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie ; a souffert sous Ponce-Pilate ; a été crucifié ; est mort ; a été enseveli ; est descendu aux enfers ; le troisième jour est ressuscité des morts ; est monté aux Cieux ; est assis à la Droite de Dieu, le Père Tout-Puissant; d'où Il viendra juger les vivants et les morts.
Je crois au Saint-Esprit ; À la sainte Église Catholique ; À la Communion des Saints ;À la rémission des péchés ; À la résurrection de la chair ; À la Vie Éternelle. Amen !

Le "Je crois en Dieu" commence donc par la déclaration de notre foi. Il est important de définir cette foi. Et tout d'abord, rappelons ici que c'est la vérité qui doit nous guider à travers la vie. Mais la vérité ne se fabrique pas ; sous peine de se tromper ou de s'égarer, il faut l'admettre telle qu'elle se présente. On ne peut rien y changer. Telle personne peut s'imaginer qu'elle est libre de penser que le feu nous rafraîchit, ou que 2 et 2 font 6 : en fait, elle s'illusionne et sera, tôt ou tard, victime de ses erreurs.

Il y a deux moyens d'avoir la certitude de la vérité :

  1. en entrant, par soi-même, en contact physique avec les choses : c'est alors l' évidence immédiate ; et
  2. en apprenant, par les autres qui ont vu, entendu, étudié à notre place. Dans ce cas, il s'agit alors de l'évidence par témoignage, ou encore ce qu'on appelle aussi l'évidence indirecte.

La science et la croyance arrivent toutes deux, par ces deux moyens, à la certitude de la vérité. Avec une ou plusieurs évidences, on acquiert une certitude ; et avec plusieurs certitudes, on acquiert une croyance ferme, une science sûre.
Avoir la foi, ou croire, c'est " tenir pour vrai le témoignage de ceux qui, manifestement, ont été les acteurs, ou les auditeurs, ou les témoins de ce dont ils témoignent ". L'acceptation de leurs affirmations doit évidemment reposer sur la qualité d'honnêteté du témoin, ou des témoins.
La foi est dite : " une conviction sur les choses que nous ne voyons pas ". Elle est donc une " adhésion volontaire, mais raisonnable et raisonnée, à une vérité qui ne nous offre pas une évidence directe, mais qui nous apparaît avec une évidence digne d'être raisonnablement crue " ; c'est-à-dire tenue pour vraie d'après le témoignage de quelqu'un que l'on sait être bien informé et véridique.

Cependant, pour demeurer raisonnable, on ne peut pas admettre n'importe quel témoignage. Car les humains sont sujets à l'erreur. D'autres peuvent vouloir nous tromper volontairement pour diverses raisons... Il convient donc de toujours examiner si les témoins ne se trompent pas ou ne nous trompent pas. Mais il y a mille motifs sérieux de les croire en raison de l'intelligence, de la sincérité, de l'honorabilité et de la science de ces témoins ; ainsi, lorsque c'est le cas, de la multiplicité des témoins en accord avec les mêmes témoignages.

Le témoignage des autres est donc une source légitime, raisonnable et même indispensable d'acquisition de la certitude. Car tant de choses nous échappent, ou constituent un passé révolu impossible à reproduire. Ce témoignage des témoins dignes de foi mérite donc notre confiance éclairée. Cette foi humaine est la condition du savoir et du progrès pour notre intelligence ; elle est la clef et le couronnement de toute connaissance du vrai des choses.

La foi divine :

Notre intelligence est bornée, imparfaite ; elle ne comprend pas le "tout de rien" : Tout nous dépasse. Mais pour que nous comprenions promptement et sûrement certaines vérités nécessaires au salut de notre âme, Dieu a voulu nous les révéler et les faire enseigner par son Église terrestre. Or Dieu, Jésus-Christ et l'Eglise sont des guides sûrs en qui nous pouvons avoir une confiance éclairée, c'est-à-dire motivée.
La foi divine ne peut pas contredire la raison ; parce que ces deux lumières de l'intelligence sont complémentaires et ont la même origine : Dieu. Tout au contraire, elles se complètent et s'entraident. La raison sert de base et aide la foi pour étudier les motifs raisonnés de croire. La foi, à son tour, perfectionne la raison et l'enrichit de nouvelles connaissances.

D'autre part, Dieu a des signes distinctifs spéciaux pour nous faire constater la réalité historique de ses révélations : ce sont les miracles, dont on distingue plusieurs sortes

  1. Les miracles du domaine physique, comme la résurrection d'un mort ;
  2. Les miracles du domaine intellectuel, comme les prophéties ;
  3. Les miracles du domaine moral, comme l' héroïsme tranquille et inouï de millions de martyrs de tous âges et de toutes conditions. ( Nous les étudierons en détails plus loin.)

Notons ici qu'il peut cependant arriver que quelqu'un refuse de croire et qu'il nie les choses les plus évidentes. L'orgueil, les passions, le respect humain ; ou bien aussi, tout simplement, le manque de conviction ou de certitude.
Tout cela constitue alors autant d'obstacles dont on doit triompher. L'intelligence et la volonté ont donc besoin, pour bien croire, d'un supplément de force et de lumière qu'on appelle la grâce divine. C'est à ce titre que la Foi est aussi une vertu et un don de Dieu qu'il faut demander. Et l' "Acte de Foi" est une excellente formule de demande à Dieu dans ce but.

QUESTIONS DU CHAPITRE TROIS

1.- Qu'est-ce que le "Je crois en Dieu" ?

- Le " Je crois en Dieu ", appelé aussi le " Symbole des Apôtres ", est le résumé des principales vérités prêchées par les Apôtres, telles qu'ils les ont reçues de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

2.- Qui étaient les Apôtres ?

Les Apôtres étaient douze hommes choisis par Jésus pour L'aider dans sa tâche, puis pour enseigner la Religion et continuer son œuvre de sanctification sur la terre.

3. - Pourquoi devons-nous croire les vérités que l'Église nous enseigne?

- Nous devons croire et mettre en pratique les vérités que l'Eglise nous enseigne, parce que c'est Notre-Seigneur qui nous les a fait connaître par les Apôtres.

4.- Récitez le "Je crois en Dieu".

- Je crois en Dieu, le Père Tout-Puissant, Créateur du Ciel et de la terre; et en Jésus-Christ, son Fils unique : Notre-Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit; est né de la Vierge Marie; a souffert sous Ponce-Pilate; a été crucifié; est mort; a été enseveli; est descendu aux enfers; le troisième jour est ressuscité des morts; est monté aux Cieux; est assis à la Droite de Dieu, le Père Tout-Puissant, d'où Il viendra juger les vivants et les morts. Je crois au Saint-Esprit; à la sainte Église Catholique; à la Communion des Saints; à la rémission des péchés; à la résurrection des corps; à la vie Éternelle. Amen!

5.- Qu'est-ce que la foi ?

- La foi est la ferme croyance en des réalités dont nous n'avons pas la preuve directe et personnelle, mais rapportées par des témoignages dignes de notre confiance.

6.- Qu'est-ce que "croire" ?

- Croire, c'est tenir pour vraies des réalités qui sont l'objet de notre foi.

CONSÉQUENCES PRATIQUES

A.- Puisqu'il est un résumé fidèle et complet des principales vérités religieuses ; puisqu'il nous a été légué par les Apôtres - hommes instruits par Jésus Lui-même - il est très souhaitable et bénéfique de prononcer assez souvent, avec attention et conviction, le "Je crois en Dieu".

B.- Ainsi rappelé et attentivement récité de temps en temps, ce "symbole" religieux de notre foi nous évitera l'oubli des vérités religieuses fondamentales. Il stimulera aussi notre foi et notre confiance pleine d'espérance dans l'amour que Dieu nous porte.

C.- Cette proclamation, discrète mais attentive, des vérités religieuses sera aussi source et signe fructueux d'unité avec l'Eglise fondée par Jésus et confiée aux Apôtres, en vue de notre instruction, de notre éducation et de notre sanctification.