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MANUEL D'INSTRUCTION ET D'EDUCATION RELIGIEUSES
Abbé Lucien Arène, Aumônier d'Ecoles libres
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Le 8ème commandement de Dieu

Tu ne mentiras pas !

RÉFLEXION

A.- Nous avons aussi des biens d’ordre moral. C’est ainsi que nous avons droit à la vérité ; à notre réputation ; au respect des secrets personnels. Supposons un instant que la vie humaine ne soit pas respectée, ni la légitime propriété, ni la vérité, ni la bonne réputation des gens : Personne n’aurait alors confiance en personne et la société serait impossible. Voilà pourquoi les devoirs de justice sont tout-à-fait rigoureux et passent avant même la charité.

B.- La parole -tout comme le comportement expressif- est puissante pour le bien, comme pour le mal. Aussi, le 8ème Commandement de Dieu condamne tout ce qui peut être dit ou exprimé de quelque façon et qui est mauvais.

C.- On lit, dans l’Ecclésiaste 28, 13 : "Maudit soit le rapporteur et l’homme à double langue, a dit l’Esprit-Saint ; car ils en ont perdu beaucoup qui vivaient en paix !"

EXPLICATION

Le mensonge

 1.- Mentir, c’est parler ou se comporter de quelque façon contre notre pensée et ce que nous savons être vrai, en ayant l’intention de tromper. Il a donc deux conditions pour qu’il y ait mensonge :

  1. se comporter contre ce que nous savons être vrai ; puis
  2. l’intention de tromper. C’est ce dernier point qui fait essentiellement le mensonge.

2.- Par voie de conséquence, le 8ème Commandement de Dieu nous interdit toute sorte de fausseté : les dépositions mensongères ; la diffamation, parce qu’elle fait perdre ou blesse la bonne renommée et la réputation de la personne diffamée ; la calomnie ; la médisance injustifiée ; la flatterie ; le jugement téméraire et toute autre forme de mensonge. Nous détaillons quelque peu, ci-dessous, ces points.

3.- Il n’y a pas de contradiction entre la pensée et le comportement, si on fait de bonne-foi une erreur ; et quand bien même on affirmerait l’existence d’une chose qui n’existe pas ; car dans ce cas, il n’y a pas l’intention de tromper, donc : pas de péché.

4.- Il n’y a pas de mensonge lorsqu’on cache la vérité à ceux qui n’y ont pas droit. Mais, dans ce cas, on ne doit pas dire ou faire croire, à la place de la vérité, une chose fausse.

5.- Le mensonge est toujours interdit :

  1. Parce qu’il offense Dieu : Jésus a été très clair sur la question : Dans l’Évangile, en latin : "Est, est ; non, non !". Ce qui se traduit, dans la phrase entière, par : "Que votre déclaration soit :
    OUI !, si c’est oui ; et par : NON ! , si c’est non. Tout ce qui est rajouté (pour tromper) vient du Démon". (St. Matthieu 5, 37).
  2. Parce qu’il offense le prochain : Ce dernier a besoin de la vérité comme d’un bien important pour éclairer et régler, d’une façon juste, les jugements de son intelligence et pour guider, d’une façon sûre, la conduite de sa volonté.
  3. Parce qu’il offense aussi la société ; laquelle, pour vivre en relation correcte, a besoin de la franchise, de la confiance mutuelle et de la sincérité.

6.- Le mensonge est interdit, même si c’est pour une bonne cause , ou pour rendre service avec une bonne intention. Il n’y a pas de "pieux mensonge" auquel on se réfère volontiers, en certaines occasions...

7.- On distingue trois sortes de mensonges :

a) Le mensonge joyeux, que l’on dit pour "faire rire", ou pour plaisanter, ou pour se moquer quelque peu : Il constitue un péché si on ne le corrige pas. (Tandis qu’une plaisanterie de circonstance et que l’on corrige en rétablissant sans trop tarder la vérité, ne constitue pas un péché.)

b) Le mensonge officieux, que l’on se permet pour rendre service aux autres, ou à soi-même. Ce mensonge est alors plus ou moins grave, selon ce dont il s’agit et en fonction des circonstances qui l’accompagnent.

c) Le mensonge pernicieux, qui est souvent inspiré par le mépris du prochain, ou par l’orgueil, ou par la jalousie, ou la haine, ou l’égoïsme, ou l’appât du gain, etc. Ce mensonge est le plus grave, parce qu’il blesse la vérité, laquelle fait référence à Jésus qui S’est dit Lui-même être "la Voie, la Vérité et la Vie."

8.- Du mensonge, Dieu a dit : "La langue qui ment est abominable devant Dieu !" (Proverbes 12,22). "Dieu hait les menteurs !" (Psaume ). Et encore ceci, dans l’Apocalypse : "La place des menteurs est dans l’étang de soufre et de feu !".

La gravité du péché de mensonge est proportionnelle au tort causé. Mais la qualification de menteur reste une tâche avilissante.

9.- Au mensonge se rattache l’ hypocrisie. Celle-ci consiste, en effet, par sa dissimulation, au "mensonge en action". Elle consiste à agir autrement qu’on ne pense. C’est donc une fausseté. Et Jésus a été particulièrement sévère envers certains Pharisiens dont Il a blâmé l’hypocrisie, les traitant même de "Sépulcres blanchis" et à des "loups ravisseurs". ( St. Matthieu 23,27 ; et 7,15.)

10.- Le faux témoignage est un mensonge commis dans des circonstances aggravantes, puisqu’il est fait devant un tribunal, après avoir prêté le serment de dire la vérité. Tout citoyen requis par un juge légitime est tenu, en conscience, de dire la vérité lorsqu’il est requis pour porter un témoignage à la Justice.

11.- Toutefois, sont dispensés de ce témoignage :

  1. les confesseurs, à l’égard de leurs pénitents ;
  2. les professionnels, tenus au secret à l’égard de leur clients ;
  3. les proches parents de la personne accusée.

12.- Le faux témoin a la grave obligation de :

  1. rétracter son témoignage devant les juges et
  2. de réparer les torts faits à l’accusé dans sa réputation et dans ses biens.

13.- La bonne réputation est : "l’estime de l’opinion publique concernant une personne". Cette estime est un bien précieux ; car elle est un stimulant au bien et à la vertu. Elle aide à se procurer des biens légitimes.

14.- Il y a plusieurs moyens de nuire à la réputation du prochain et qui constituent un péché grave. Ce sont principalement : le jugement téméraire ; la médisance et la calomnie. On n’est pas obligé de toujours penser du bien du prochain ; car certains actes méritent nettement la désapprobation : on peut alors, dans la pensée, les désapprouver. Mais il y a des cas où on juge sans raisons suffisantes ; c’est alors un jugement téméraire qui est fait.

15.- Le jugement téméraire est interdit par Dieu, qui se réserve le droit de juger. De plus, il blesse les vertus de justice et de charité envers le prochain. Et il conduit facilement à la médisance et à la calomnie.

16.- La médisance : médire, c’est révéler (= faire connaître), sans nécessité, les défauts ou les fautes du prochain. La médisance blesse la charité, car elle nuit plus ou moins à la bonne réputation du prochain. Elle peut être un péché particulièrement grave si elle crée un grave dommage. Elle exige alors réparation.

17.- La calomnie est une médisance doublée d’un mensonge. En effet, calomnier c’est accuser le prochain d’une faute qu’il n’a pas commise, ou d’un défaut qu’il n’a pas. La calomnie peut s’exprimer d’une façon cynique, ou d’une façon déguisée, par insinuation. Elle atteint, en fait, deux personnes : celle à qui l’on s’adresse et que l’on prive ainsi de la vérité ; et la personne dont on parle faussement et que l’on blesse alors dans sa réputation. Comme pour la médisance, le calomniateur est tenu :

  1. de réparer la bonne réputation blessée de la personne calomniée et
  2. de compenser les torts faits au prochain.

18.- Le secret. Le secret est considéré ici parce que sa divulgation suppose, dans certains cas, le péché de médisance ou celui de mensonge, après que l’on ait promis de garder secrète une chose qu’on nous a confiée.

19.- Le secret est un fait connu de quelques personnes seulement et qui ne peut pas être connu par le grand nombre sans inconvénient. Il est parfois obligatoire, afin de ne pas provoquer de désordre chez certaines personnes, ou même dans la société.

20.- Il y a trois sortes de secrets :

a) Le secret ordinaire : celui qui vient de confidences reçues, d’une lettre ouverte par inattention ou par indiscrétion, d’une conversation entendue accidentellement ou volontairement, etc. Dans ces cas-là, on n’a pas le droit de dévoiler, sauf raison grave, ces secrets ordinaires.

b) Le secret professionnel : celui qu’on a connu par la profession que l’on exerce : avocat, médecin, technicien-spécialiste, etc. Garder ce genre de secret est encore plus gravement obligatoire.

c) Le secret sacramentel : c’est le secret le plus absolu qui s’impose toujours et absolument au confesseur, sans aucune exception possible, même au péril de la vie du confesseur. Car, en effet, l’accusation des péchés en confession, bien que faite à un Prêtre, est en réalité adressée à Dieu ; le confesseur n’étant que le transmetteur des péchés accusés, puis du pardon de Jésus.

QUESTIONS DU CHAPITRE CINQ

1.- Récitez le huitième Commandement de Dieu !

- "  Tu ne mentiras pas ! "

2.- Qu’est-ce que mentir ?

- Mentir, c’est parler ou se comporter contre sa propre pensée avec l’intention de tromper.

3.- Que nous interdit le huitième Commandement de Dieu ?

- Le huitième Commandement de Dieu nous interdit le mensonge sous toutes ses formes et pour quelque raison que ce soit ; ainsi que tout ce qui peut nuire injustement à la réputation du prochain.

4.- Le mensonge peut-il être parfois permis ?

- Non ! le mensonge n’est jamais permis ; pas même pour s’excuser ou pour rendre service.

5.- Quelles sont les autres formes de mensonge ?

- Les autres formes de mensonge sont : le faux témoignage, le jugement téméraire, la médisance et la calomnie.

6.- Qu’est-ce que faire un faux témoignage ?

- Faire un faux témoignage, c’est mentir consciemment et volontairement lorsqu’on est appelé par la Justice à témoigner de la vérité sous la foi du serment.

7.- Qu’est-ce que le jugement téméraire ?

- Le jugement téméraire est le péché qui consiste à penser ou dire du mal du prochain, sans preuve suffisante.

8.- Qu’est-ce que la médisance ?

- La médisance est le péché qui consiste à faire connaître, sans nécessité, les fautes ou les défauts du prochain.

9.- Qu’est-ce que la calomnie ?

- La calomnie est le mensonge qui consiste à accuser le prochain de défauts qu’il n’a pas, ou de fautes qu’il n’a pas commises.

10.- A quoi sont tenus ceux qui ont nuit ainsi au prochain ?

- Ceux qui ont nuit ainsi sont tenus au rétablissement de la vérité, puis autant que possible, à la réparation du tort qu’ils ont fait au prochain.

CONSÉQUENCES PRATIQUES

A- Il y aurait, assez souvent, moins de mensonges proférés s’il y avait moins de personnes indiscrètes. Bien des mensonges sont commis par des personnes intimidées, ou surprises, ou gênées par des questions indiscrètes auxquelles il leur semble qu’elles ne puissent pas révéler la vérité. Sachons donc être discrets !

B- Bien des fois, on s’imagine qu’on a à faire connaître notre pensée en réponse à une question embarrassante, alors qu’il suffirait de ne rien dire, ou de répondre à notre interlocuteur que l’on est tenu à la discrétion sur ce sujet.

C- Il est bon, lorsqu’on est dans l’embarras à la suite d’une question posée, de penser à ce que serait l’attitude de Jésus et de Marie, s’Ils étaient à notre place. Sûrement que Notre-Seigneur, ou Marie nous inspirera alors la réponse à faire, ou l’attitude à adopter en la circonstance. Car on ne peut pas imaginer Jésus, ou Marie avoir recours au mensonge pour se sortir d’une situation embarrassante.

D- Aimons méditer sur les vertus de justice, de discrétion et de charité afin que, le moment venu, nous sachions plus aisément deviner l’attitude à avoir ; ou que nous ayons le courage de répondre d’une façon qui ne blesse jamais la vérité, même si cela doit mettre l’indiscret dans la gêne.

E- Ayons souvent à l’esprit cette déclaration forte de Jésus : " Je suis la Voie, la VÉRITÉ et la Vie. " Et prenons l’habitude d’avoir en horreur le moindre mensonge, la moindre duperie.