LA   SEMAINE  -  SAINTE

La dernière semaine que le Seigneur a passée sur la terre avant son Sacrifice sur la croix, a été des plus riches en événements. Ce furent là des journées de contrastes où alternèrent la joie et la douleur. La liturgie de l’Eglise en  rappelle les sentiments et le sens profond.

« Cette alternance d’ombres et de surnaturelle clarté, ou plutôt : cette simultanée présence de la détresse et de la joie, correspond absolument à l’impression que donnent, tels qu’on en lit le récit dans les quatre Evangiles, les derniers  jours de Jésus. A l’arrière-plan, dans l’intrigue et la haine, se noue définitivement le complot qui croira avoir raison de Lui. Jésus le sait, et Il ne songe pas Se dérober, par la fuite, à ceux qui, en Le tuant, consacreront leur propre abaissement. Son heure approche, mais la sérénité qu’on Lui a toujours connue ne L’abandonne pas. C’est la semaine de deux grandes manifestations glorieuses : celle de l’acclamation populaire et celle du Sacrement eucharistique institué. Mais c’est aussi la semaine où retentit la parole décisive : « Si le grain ne meurt pas, alors il reste seul ; mais s'il meurt (en perdant son apparence habituelle).alors il porte beaucoup de fruits.» C'est donc: la semaine de l’Agonie au Jardin des oliviers, de l’abandon et de la Croix ! »

En fait, le Christ « Agneau de Dieu », comme l’a appelé prophétiquement Jean-Baptiste, mourra le jour où l’on devait manger la Pâque juive : le 14e jour de Nisan (: le 3 avril 33, vraisemblablement).  Jusque là, Jésus se protégeait. Désormais, Il ne se cache plus au danger

Manifestement, Jésus accepte de Se livrer à Ses ennemis. En se rapprochant de Jérusalem, Il avait inquiété ceux qui, jaloux des rites et de la sécurité publique, détestaient aussi bien en Lui le prophète qu’Il était, que l’agitateur qu’ils prétendaient qu’Il était. « Que ferons-nous ? se demandaient les chefs religieux, car cet homme opère beaucoup de miracles ; et si nous Le laissons faire, tout le monde croira en Lui, et alors les Romains viendront détruire notre ville et notre nation .»  ( à cause du caractère politique que risquera de provoquer le mouvement religieux du Christ ).

 Et c’est le Grand-Prêtre Caïphe, alors en exercice religieux à ce moment-là, qui répondra : « Vous n’y entendez rien ; vous ne réfléchissez pas qu’il est de notre intérêt qu’un seul homme (:Jésus) meure pour le peuple, plutôt que toute la nation périsse ! » C’était là, régler la question pour une « raison d’état. »

 C’est durant les jours de cette sainte semaine que va donc se réaliser historiquement et être terminée toute l’œuvre essentielle de Jésus-Christ ; oeuvre dans laquelle la Rédemption a - par les souffrances, la mort et la résurrection du Seigneur - la place centrale.

 

LE DIMANCHE DES RAMEAUX

La première idée importante et qui domine ce jour-là, c’est celle du triomphe royal dont Jésus est entouré de   la part des foules venues le matin auprès du Seigneur, et qui L’acclament depuis Béthanie jusqu’à Jérusalem.

C’est ensuite l’idée de la Passion prochaine et du Sacrifice de Jésus qui, dans la soirée du même jour, va faire son apparition. La liturgie rappelle, en ce dimanche des Rameaux, la première idée par la cérémonie de la bénédiction et de la procession des rameaux ; puis, la deuxième idée est rappelée par la lecture, durant la Messe, de la Passion du Seigneur.

Il faut préciser ici ce qu’était, à ce moment-là, la psychologie des diverses catégorie des Juifs constituant l’entourage de Jésus :

A.- Chez le peuple qui a suivi Jésus, qui croit et qui espère en Lui :

Ce peuple voit en Jésus toutes les qualités propres à l’ « Envoyé de Dieu », c’est-à-dire le Messie promis et clairement annoncé depuis quelques temps par Jean-Baptiste. En effet, Jésus S’est montré parfait en tout. Sa prédication est bien accueillie par ceux qui L’ont entendu. Son exemple de vie est convainquant. Et puis surtout, Il fait de nombreux miracles et a accompli toutes les prophéties concernant le Messie. Il fait toutes sortes de miracles bénéfiques, à tel point que rien ne Lui résiste. Dès lors, ce peuple se sent prêt à renouer avec l’Alliance que Dieu fit jadis avec les ancêtres et dont le chef légitime est l'expression naturelle de la présence de Dieu Lui-même demeurant dans son « Peuple Choisi.»

Du même coup, il y a chez le « Peuple de Dieu » le désir de secouer le joug étranger de l’occupant romain et de retrouver cette habitation de Dieu parmi Son peuple et qui avait duré depuis le temps des Patriarches jusqu'au dernier jour des rois d'Israël inclusivement. Et Israël désire en même temps retrouver son indépendance territoriale et politique, perdue depuis plus de 650 ans, avec les successives occupations étrangères du pays reçu de Dieu au temps d’Abraham (Vers 1.900 avant J.C.)

C’est ainsi que, le jour des Rameaux, les Juifs amis de Jésus croient sincèrement qu’il faut voir en Lui, non seulement le restaurateur du domaine religieux, mais aussi en celui, tant attendu et désiré, du domaine , territorial Il n’est donc pas interdit de penser que les souhaits et les intentions des manifestants de ce jour-là expriment l’espoir d’une espèce de « coup d’état » en vue de rétablir l’indépendance juive et celui d’installer Jésus comme chef visible de tout ce qui touche les questions religieuses et aussi politiques. Chez ce peuple - qui connaît l’occupation étrangère depuis de nombreux siècles - cette façon de voir les choses est normale, la nation juive se considérant, tout logiquement depuis Abraham, comme étant une théocratie. (: »Peuple de Dieu »)

Par ailleurs, Jésus semble accepter l’éventualité de la chose. La preuve semble en être par le fait que non seulement Il accepte la proposition qui Lui est faite d’être conduit solennellement à Jérusalem, mais Il organise Lui-même le cortège triomphal de cette « montée spectaculaireà Jérusalem ».Dès lors, il n’y a plus qu’à mener au mieux ce mouvement populaire qui, très vite, aura une connotation de véritable soulèvement aux yeux des ennemis de Jésus, et même envers la puissance occupante romaine : En effet, c’est aux cris de « Hosanna au fils de David ! », (faisant nettement allusion à la messianité de Jésus), auxquels se mêlent bientôt ceux de « Rex Israël ! » Alors, advienne que pourra : La toute puissance de ce Jésus parera certainement à toute éventualité. Et ce soir, assurément, Israël aura certainement reconquis la rénovation à la fois spirituelle et même politique du « Peuple choisi ». Et Dieu aura ainsi montré qu’Il a enfin entendu son peuple.

B.- Chez les chefs religieux dans l’opposition à Jésus :

Un certain nombre de ces derniers ayant à leur tête le Grand-Prêtre Caïphe, sont contre Jésus. De leur part, c’est la haine envers Lui : Car cet 'imposteur religieux' et cet efficace 'séducteur des foules' ne risque-t-il pas de leur prendre leur autorité et peut-être même leur place en lesquelles ils se sentent si commodément installés ? Leur opposition provient d’abord de leur refus des exigences logiques de ce que prêche Jésus : l’austérité des moeurs ; une vraie et nécessaire conversion dans les domaines religieux et moral ; un esprit de pauvreté et de sacrifice en réparation des péchés d’Israël qui s'est laissé influencer en profondeur par des siècles d’occupations successives et de mœurs étrangères ; etc... C’est là, trop demander et même exiger de la part de ce dérangeant prédicateur. Il est donc particulièrement gênant avec sa morale austère, exigente ; ainsi et surtout avec ses jugements sévères et humiliants envers les Scribes, les Pharisiens et les Prêtres en place. (Jesus est allé, une fois, jusqu'à les traiter de 'sépulcres blanchis !' et de 'race de vipères !') A cela, se mêle un sentiment de jalousie très inquiète, car cet imposteur connaît, avec Ses prodiges dans le petit peuple, un succès grandissant. Encore tout récemment : avec la résurrection spectaculaire et retentissante de son ami Lazare !

Ce Jésus qui a pris tant d’influence auprès de la foule qui va vers Lui, tandis qu’Il n’a pas voulu se plier à leurs exigences et à leur façon de voir les choses, eh ! bien, qu’Il disparaisse. Dût-on, pour cela, se mettre d’accord avec l'Autorité romaine occupante ! Ensuite, on s’occupera des partisans de ce Jésus, qu’ils soient Apôtres ou Disciples...

C.- Chez les autres du peuple

Comme partout, la plupart du temps, lors d'évènements marquants, il y a ceux qui, ou sceptiques ou indifférents, ne se sentent pas concernés par le cas de Jésus. Sont-ils nombreux? Sont-ils changeants? On ne sait. Ils constituent la masse des neutres et des indifférents.

 

LES ÉVÈNEMENTS DE CE JOUR LÀ

( selon une chronologie communément admise )

Ayant certainement appris l'intention de Caïphe et de ses amis de faire disparaître Jésus, Les nombreux amis de Jésus imaginèrent de faire procéder à une manifestation populaire de grande envergure pour créer, aux yeux du peuple et des Romains, une manifestation populaire spectaculaire en faveur de Jésus. Manifestation qui aura certainement pour effet de 'court-circuiter', en quelque sorte, l'initiative des ennemis de Jésus, projetant Sa disparition.

Les amis de Jésus savent qu'Il est est à Béthanie, chez son ami Lazare qu’Il a ressuscité récemment. Le « climat psychologique » créé par ce spectaculaire événement (qui a, par ailleurs, agacé Ses ennemis) est tout à fait favorable à l'initiative de ses amis... Il s’agit donc, de profiter de la présence à Jérusalem d'un gand concours de peuples venus dans la capitale pour y célébrer la Pâque, mais aussi pour voir ou revoir ce Jésus qui a fzait tant parler de Lui à divers égards; puis de le décider d’être reconnu et proclamé très officiellement et solennellement comme étant le Messie annoncé par Dieu, et tant attendu.

Jésus ayant accepté la proposition,et même organisant le cortège en faisant aller quérir un âne, la procession s'irganise donc et se met en route avec un enthousiasme devenant progressivement presque délirant. C’est au point que, malgré le grand respect porté à la végétation en ce pays où l’eau est si rare, ont se permet, précisément pour marquer le caractère exceptionnel de la manifestation, de casser des branches d'olivier, afin d’ovationner spectaculairement la personne de Jésus-le-Messie. On devine le raisonnement de ces gens: Quoiqu'il arrive, la puissance de Jésus qui a fait de si nombreux miracles, saura bien venir à bout de quelque obstacle ou opposition qui puisse se manifester.

Et comme pour un souverain, Jésus, renonçant à une marche à pieds ordinaire, S'installe Lui-même sur une monture. C'est sur un âne, symbole de paix, de douceur et de modestie, qu'Il Se dirige vers le capitale. Et c'est ainsi que se se réalise la prophétie du Prophète Zacharie : «Voici que ton roi vient, plein de douceur et pacifique, monté sur un ânon ».Alors, en guise de 'tapis rouge', on déploie et on étend sous les pattes de l’ânon portant le Souverain, manteaux et vêtements divers.

Alors, la foule, comme en délire, chemin faisant, se met progressivement à mêler aux acclamation messianiques, des slogans ayant une connotation politique. La royauté de Jésus est ainsi proclamée non pas seulement au point de vue religieux, mais aussi au point de vue politique. Et c'est aux cris d'une proclamation d'ordre religieux que cette foule, reconnaissant en Jésus le Messie annoncé, lance spontanément: « Hosanna au fils de David ! »  Et c'est tout aussi spontanément que voyant aussi en Jésus le futur roi d'Israël, elle mêle un slogan d'ordre politique : « Rex Israël »

En effet, (et c'est là, à n'en pas douter, son erreur fondamentale depuis des siècles) Israël confond manifestement l'action religieuse de l'Envoyé de Dieu, non pas seulement comme le rénovateur spirituel des hommes, mais aussi comme le souverain humain qui consolera le 'Peuple de Dieu' de ses si nombreux déboires au cours des siècles. Pour la suite des évènements, une fois dans la ville, advienne que pourra. De toute façon, Jésus qui a fait tant de miracles surprenants, est en tête de la manifestation. Quitte à user de Son pouvoir merveilleux, s'il le faut, fâce à Ses ennemis, qu'ils soient Juifs ou Romains, Il pourvoira à la situation quelle qu'elle sera.

Assurément, les amis de Jésus se disent certainement ce jour-là : « Ce soir, Israël renoué avec sa vocation religieuse ; mais elle aura reconquis en même temps son indépendance sur tous les plans : Plans religieux, politique, social, économique, et territorial. Et le 'peuple de Dieu' aura enfin repris sa place  et son rôle dans le monde, selon le plan de Dieu lui-même. »

Arrivé fâce à l'actuelle 'Jérusalem-Est', Jésus S'aeeête et déclare prophétiquement : "Ah ! Jérusalem, si tu connaissais, au moins en ce jour qui t'est donné, ce qui pourrait t'apporter la paix ! Mais maintenant ces choses seront cachées à tes yeux… Viendront sur toi des jours où tes ennemis t'environneront de tranchées, de toute part, t'investiront, te presseront. Ils te jetteront à terre, toi et tes enfants ; dans ton enceinte, ils ne laisseront pas pierre sur pierre, parce que tu n'as pas su connaître le temps où tu fus visitée !" Tragique prophétie de Jésus sur Jérusalem, c’est-à-dire sur le peuple qui a manqué, en grande partie, sa vocation de "Peuple choisi de Dieu". Et cette destruction de Jérusalem se trouvera effectivement réalisée, tragiquement, en l'an 70, avec la destruction de la ville par l’empereur romain Titus; et le Temple rasé.

Dans Jérusalem, qui dispose d'une étonnante acoustique et uù parviennent, depuis un bon moment, de la région de Bethphagé, les bruits considérables de la spectaculaire et importante manifestation, les ennemis de Jésus, dont les Grands-Prêtres certainement intrigués puis affolés, mesurent l'ampleur du danger : Voilà que ce séducteur de Jésus conduit, courageusement et impunément, une véritable révolution. Et cele, aloer que les Romains de la tour Antonia ne bougent même pas! Seraient-ils d'accord avec ce Jésus ? Car, ils L'ont séjà laissé faire jusqu'ici, regroupant, lors de Ses nombreuses prédications, des centaines d'auditeurs; et cela en contradiction formelle avec l'interdiction romaine de se rassembler à plus d'une dizaine de personnes; cela afin d'éviter tout complot ou soulèvement du peuple Juif. La puissance romaine serait-elle désormais, d'accord avec Lui ?

Les chefs eligieux, depuis le Temple, se demandent certainement, si de Jésus, compte-tenu du contexte en lequel se déroulent ces inquiétants évènements, ne va pas réussir aujourd'hui à usurper leurs fonctions ; et donc leur place.

Quant à l'attitude tacite des Romains, on peut aisément imaginer qu'elle provient vraisemblablement du fait qu'ils sont peut-être les seuls, finalement, pazr rapport aux ennemis de Jésus, à avoir bien compris et dmis les vues uniquement religieuses et non pas politiques de Jésus. Celui-ci n'a-t-Il pas clairement manifesté le fonds explicite de Son action le jour où Il a très clairement déclaré aux Chefs religieux : « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Tandis que les Romains, par leur police omniprésente sur le territoire pour surveiller les comportements de la population juive occupée, avaient compris depuis longtemps la position logique d'Israël dans son désir d'indépendance chez soi. Les occupants romains se disent probablement que ce 'tribun israélite ne représente pour eux aucun danger sérieux. Peut-être même, connaissant bien maintenant ses visées uniqueent religieuses, tant qu'à supporter exceptionnellement un pouvoir religieux autre que le leur, ce Jésus serait le meilleur chef religieux des Israélites, parce que le plus sincère et loyal envers l'occupant romain du pays.

Puis la bruyante procession reprend sa progression. Elle passe le Cédron, ce petit cours d'eau (désormais recouvert), et gravit la pente assez raide qui permet de parvenir aux remparts de l'esplanade du Temple (toujours existante comme au temps de Jésus). L'entrée sur l'esplanade se fait par la majestueuse porte dite 'Porte Dorée'.

Au moment de l’entrée dans Jérusalem par cette porte Dorée, (actuellement murée mais bien visible) "toute la ville est en émoi", dit l'Evangile. Ambiance de punch, assurément, autant que de solennité religieuse. Seule -et pour cause !- l'armée juive manque dans ce tableau de rénovation israélienne.  Mais le « faiseur de miracles » qu’est Jésus et qui entre ce matin dans la capitale est, pour beaucoup de ceux qui L'acclament, plus qu'une armée, tant Il a réalisé de grandes choses !...

Mais au lieu d'aller à la tour Antonia pour en chasser la milice romaine, ou chez les Grands-Prêtres pour les démettre de leur fonctions et prendre leur place, Jésus se dirige vers le Temple.  Rien de plus normal, au demeurant. C'est même nécessaire dans la perspective d'une éventuelle et probable prise du pouvoir. Sans doute pour tromper l'adversaire romain, il convient de le surprendre. Et puis le Messie est d'abord un chef religieux ; pour demander le secours du Tout-Puissant. Cette visite primordiale au Temple, doit se dire le peuple convient logiquement au début de cette entreprise. D'ailleurs, à quelques siècles de là, au temps de la tentative du coup d'état de la reine Athalie, tout n'est-il pas parti du Temple ?

En arrivant sur l’esplanade du Temple, Jésus Se  conduit avec autorité, comme il convient à un souverain, c'est-à-dire en maître : Il chasse les vendeurs ; renverse les tables et les tabourets et les monnaies d'échange Il libère les animaux destinés aux offrandes des pauvres à qui ces vendeurs vendent ces bêtes un peu plus cher, tandis qu’elles souillent le lieu saint. Evidemment la situation est tendue et on s'y attendait bien. De nouveau, la foule précise l'un des buts de la manifestation en faisant retentir encore des cris messianiques : "Hosanna au fils de David". Et les chefs religieux juifs l'ont tellement bien compris qu'ils ont demandé à Jésus de faire taire ces clameurs séditieuses. Malgré une vague et courte altercation avec Jésus, les Pharisiens et leur suite hostile n'arrivent pas à modifier le cours des choses.

Mais bientôt, les choses changent de tournure. Ce changement va être provoqué par Jésus Lui-même qui, curieusement, non seulement ne profite pas de la situation enthousiasmante pour redonner à Israël son indépendance, mais Il annonce au peuple l'inverse de ce à quoi ce peuple s'attend. En effet, Il se met à faire des considérations et même des prédictions qui n'ont rien à voir, tant s'en faut, avec les espoirs du peuple qui l'acclame.

Sur la plan religieux et spirituel, le Jésus prédit bien que tout s'achemine vers son but normal et prévu par lui. Mais sur les plans humain, temporel, politique, et autres, tout est différent de ce que pensaient ces braves gens : "L'heure est venue où le Fils de l'homme va être livré...", déclare Jésus.  Et voilà le héraut de cette matinée jusqu'ici triomphale, qui Se met à prophétiser Sa capture, Son jugement, et Sa mort. C'est donc, manifestement l'échec, et l'échec consenti, et même voulu ! C'est à n'y rien comprendre. Jésus parle bien du succès final et absolu, mais sur un plan tellement différent de celui auquel se sont placés Ses amis et les manifestants de ce jour triomphal. Et beaucoup, après l’annonce que Jésus vient de faire, se demandent alors ce qu'il va en être pour eux qui ont si bruyamment et belliquesement crié.

Dès lors, craignant la réaction certaine des Romains et celle des Chefs religieux hostiles à Jésus, beaucoup s’enfuient et n’entendent même pas la prophétie de Jésus annonçant sa Résurrection victorieuse. Et Il parle de 'Lumière' lorsque la nuit va bientôt tomber  sur Jérusalem... Alors, entouré de ses seuls Apôtres, Jésus S'en va probablement vers Béthanie, où ils passeront tous la nuit.

 

LE LUNDI SAINT

 

Pendant les quatre jours qui vont suivre, Jésus enseigne dans le Temple ; la nuit Il se retire sur le mont des Oliviers pour y prier avec Ses apôtres; puis à Béthanie.

Ce lundi (saint), Jésus passe la journée dans la Temple. Les Princes des Prêtres, les Scribes et les Autorités religieuses cherchaient les moyens de le perdre. En ces jours qui précèdent la grande fête solennelle de la Pâque, le peuple ne manque pas dans le Saint-Lieu.

Se méfiant de ces foules juives toujours turbulentes, depuis Césarée où il habitait habituellement. le procurateur romain Ponce-Pilate était arrivé dans la Ville pour cette occasion.

La présence à Jérusalem, de Ponce-Pilate, nommé par Rome Procurateur de la Judée, s'explique par le fait qu'il se méfiait de ces foules juives toujours turbulentes et en ardent souhait d'indépendance. Et il savait qu'une présence inhabituelle de juifs dans la capitale pouvait être l'occasion d'un projet de coup d'état.

Il semble que les Evangélistes aient bloqué dans la journée du mardi (saint) bien des événements qui se sont probablement passés, en fait, le lundi et le mercredi. Nous suivrons la chronologie évangélique.

Jésus passa donc la journée du Lundi-Saint dans le Temple. Cela devait arranger, en quelque sorte, Ses ennemis, lesquels pouvaient ainsi, sur place, Le critiquer et Le faire prendre éventuellement en défaut.  Par contre, St-Luc fait remarquer que ces ennemis du Seigneur ne savaient pas comment s'y prendre, parceque le peuple, qui ne manquait pas dans la Temple en ce temps préparatoire à la grande fête de Pâque, écoutait le Maître avec ravissement.

D'après les Evangiles, comme faits marquants de cette journée, nous trouvons seulement ce qu'on pourrait appeler "l'incident" du « figuier desséché par Jésus, parce qu’il ne portait pas de fruits ». Singulière malédiction, à première vue, lancée par Jésus contre ce malheureux arbre ; surtout si l'on considère, comme le précise St-Marc, que « ce n'était pas la saison des figues ».  Et c'est au cours de cette journée que Jésus reprend encore une fois l'image de « la Lumière (qu'Il est) venue en ce monde », et souligne l'importance qu'il y a bien accueillir cette Lumière, si l'on veut être fidèle et justifié en Dieu. Le soir, Jésus Se rend au jardin des Oliviers pour y prier avec ses Disciples, puis à Béthanie.

 

LE MARDI - SAINT

 

En ce mardi, tout se passe à peu près comme la veille. Notre-Seigneur se rend de Béthanie à Jérusalem. Mais avant d'entrer dans la ville, comme l'on passe par le même chemin, on retrouve le figuier desséché de la veille. Jésus en profite pour faire un commentaire sur ce qui s'est passé au moment de la malédiction qu'il a proférée : Le « figuier », c'est l'image d'Israël, stérile qu’elle s’est montrée en son infidélité. En effet, le « Peuple de Dieu », dans sa grande majorité, s'est spirituellement « desséché ». Mais la différence provient de ce que, dans le cas d'Israël ç'aura été de sa faute ; car, "tout feuillu d'observances légales, mais stérile de fruits", le peuple infidèle sera comme  ce figuier inutile. Et l'émotion, comme la réflexion de Jésus, avant-hier soir en rentrant à Jérusalem, fait naturellement penser à cette vocation ratée d’Israël !

Arrivé au temple, Jésus est comme pris à parti par les Scribes et les Anciens qui L'interrogent incidieusement sur l'origine de Son autorité et sur la qualité de Ses initiatives. Car ces gens mal disposés envers Lui, sont de plus en plus agacés par Son comportement. Mais la réponse adroite de Jésus, qui Se contente de leur 'renvoyer la balle' en prenant une comparaison entre Sa prédication et celle de Jean-Baptiste, désempare Ses interlocuteurs.

Puis Jésus propose la « parabole des deux fils », dont l'un semble ne pas vouloir se soumettre, alors qu'il obéit à son père, finalement ; tandis que l'autre, qui paraît tout soumis et obséquieux, n'en fait finalement qu'à sa tête. Evidemment, le rapprochement avec les chefs religieux que Jésus fait ne peut qu'agacer et décontenancer davantage Ses détracteurs.

C'est ensuite la « parabole du la vigne », dont on peut déjà trouver une explication dans Isaïe (chapître V, verset 7) qui disait "la vigne de Dieu, c'est la nation juive, Son Peuple choisi". Et malgré tous les soins du maître, Israël n'a pas tenu compte des bontés et des prévenances du Vigneron , c'est à dire un manque d'ouverture à la Grâce de Dieu, un repliement, une infidélité. Là encore, l'image frappante de ressemblance avec Jésus (le fils unique du vigneron que les serviteurs assassineront) se passe d'explications précises et longues... Dès lors, le châtiment suivra les ouvriers homicides. Deux avertissements, donc, pour l'infidèle Israël !

En une nouvelle parabole encore, Jésus précise sa pensée par l'image de la “pierre angulaire” (qu'Il est), rejetée par les constructeurs (que sont les Juifs infidèles). Cette pierre rejetée, méprisée, était, en fait, destinée à être la base fondamentale de l'édifice (qu'est l'Eglise universelle). Et là aussi, le châtiment des mauvais ouvriers consistera à achopper sur cette pierre qu'ils auront rejetée.  Les Scribes et les Pharisiens ont, à nouveau, bien compris la comparaison et l'avertissement. Mais rien n'y fait. Au contraire, ils s'enferment dans leur endurcissement. Du coup, la tentation les prend de se saisir de Jésus sur le champ. Mais à cause de la foule, qui Lui est favorable, ils n'en feront encore rien cette fois.

Une nouvelle parabole est utilisée par Jésus : C'est cela de « la robe nuptiale » : Ce léger survètement était de circonstance lors d'un mariage, afin d'éviter la trop grande différence entre les gens aisés et les plus modestes. Il était et à la disposition de tous les invité; tout comme la grâce de Dieu est à la disposition de toute âme de volonté droite.

Les invités dont fait état l'Évangile, qui n'ont pas répondu en invoquant de fausses excuses, c'est encore l’image de l’infidèle Israël. De ce fait, le festin servira à ceux qui n'ont pas été invités ni préparés de longue date, comme l'a été Israël. Et Jésus termine cette navrante constatation par le "beaucoup sont appelés (invités), mais peu sont élus " (c'est à dire fidèles à l’appel). Et il n'y a pas de possibilité d'agir là en usurpateur.

La encore, ceux qui sont visés par la parabole comprennent trop bien la leçon. Et c’est pourquoi ils se renforcent dans l'intention arrêtée de perdre Notre-Seigneur. Et pour en précipiter l'occasion, les ennemis de Jésus imaginent, à ce moment-là, un véritable piège qui, pensent-ils, leur permettra de toute façon de Le faire mettre en accusation : Et c'est alors la fourbe et insidieuse question de savoir s' »il faut ou non payer le tribut à César », c'est-à-dire s'acquitter des impôts décrétés par les Romains, ces étrangers qui occupent le pays du « Peuple de Dieu ». Ils présentent alors à Jésus cette question comme un dilemme. Mais Jésus, évidemment, ne s'y laisse pas prendre. Il répond très simplement par le légendaire ''Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu." Une fois de plus, Il vient de leur échapper...

Ensuite, Jésus est interrogé par les Sadducéens. Nouvelle question insidieuse sans doute. Mais cette fois, surtout en ce qui concerne la résurrection des corps après la mort. Les Sadducéens, sur ce point de théologie, sont d'accord avec Notre Seigneur. Alors les Pharisiens reviennent à la charge avec une question sur la hiérarchie des valeurs dans les Commandements de Dieu. Mais la réponse du Maître est évidemment excellente. Mais cette fois, c'est Jésus qui interroge Ses interlocuteurs sur l'idée qu'ils se font du Messie, tel qu'ils l'attendent. Mais pas de réponse solide.

Alors Jésus prend directement à parti les Scribes et les Pharisiens, recommandant clairement à ceux qui L'écoutent de ne pas prendre comme exemple ces gens, dont Il critique durement l’attitude, l’orgueil, et les prétentions. Il va même plus loin, et lance contre eux des imprécations qui durent littéralement les faire frémir car Jésus les caractérisent par des adjectifs tels que, "hypocrites", "guides aveugles", "sépulcres blanchis", "race de vipères !".

Comparativement à l'attitude de ces maîtres en religion, Jésus prend maintenant un exemple dans une des choses qu'Il vient de voir : Cette pauvre femme qui vient de verser son obole de très petite valeur vient, en fait, de beaucoup donner du peu qu'elle avait. Et la leçon fuse : "En vérité je vous le dis : cette pauvre veuve a donné plus que tous les autres. Car eux, ils ont donné de leur superflu ; mais elle, c'est de son indigence et de ce qui lui est indispensable pour vivre qu’elle a donné ! "

Puis, au moment où Jésus sort du Temple et alors que Ses Disciples Lui font remarquer la richesse et la solidité de l'édifice, Il leur prédit la ruine prochaine et la destruction du ce Temple de Jérusalem. Là encore, en plus de l’annonce prophétique de l’événement historique qui se réalisera quarante ans plus tard (en l'an 70) avec la ruine de Jérusalem par les Romains, (sous Titus) c’est l’évocation du mystère du refus d'Israël, qu'une fois de plus, on constate ici. Et cette prédiction de Jésus vient juste après le moment où Il prophétisa les malheurs qui fondront sur Israël, à cause de son infidélité.

Jésus en profite pour parler de la fin des temps, dont la ruine de Jérusalem n'aura été que l'image et l'annonce. Puis Il donne à cette occasion, quelques conseils pratiques et avertissements à ses Apôtres lorsqu'ils seront à l'œuvre dans le champ de la prédication de l'Evangile : Confiance, en la Providence de Dieu. Ne compter que sur elle. Ne pas craindre les adversités, mais au contraire s'attendre à la rencontrer, et à la supporter héroïquement ; car il faudra « aller son chemin » avec cet avertissement, jusqu'à la mort inclusivement... Magnifique avertissement du Christ à ses ouvriers ! Et pourtant, rien d'humainement décourageant ne manque à cette prémonition du Seigneur, y compris les faux prophètes, les loups dans la bergerie, etc... Et déjà l'on pense même aux « faux-frères » dont parlera plus tard le grand St- Paul, après sa fracassante conversion de cruel persécuteur des chrétiens qu’il était auparavant.

Fâce à cela, Jésus rappelle la nécessité de la prière et de la prudence surnaturelle. Avertissement que le Seigneur éclaire par la parabole du voleur face au maître qui confie son bien à ses fidèles serviteurs.  Puis c'est la parabole des dix jeunes-filles, qui renforce l'idée maîtresse de la recommandation du Christ.de Jésus.

Et puis une autre parabole encore : celle des « talents » confiés à ses serviteurs par leur maître, afin de faire fructifier son bien durant son absence. Et l'idée développée par Jésus se termine par la juste répartition des bons et des mauvais, au moment de la fin des temps, à l'heure du jugement.

C'est donc clair : il s'agit de choisir. Et c'est sur cette leçon terrible, mais où se manifestent en réalité l'amour du Christ et la vraie charité qui doit être celle de Ses fidèles, que se termine la journée  du Mardi-Saint.

N.B. Cet enseignement de Jésus est adressé au peuple juif de ce temps-là. Mais nous ne devons pas oublier que tout ce quoi est dit ici l'est aussi à notre adresse, le peuple chrétien et tels les « hommes de bonne volonté » étanr préfigurés par le peuple hébreu. Nous sommes donc tous concernés par l'enseignement et l'œuvre rédemptrice de Notre Seigneur.

 

LE MERCREDI - SAINT

 

Ce jour-là, Jésus resta peut-être à Béthanie. St-Marc y place le repas chez Simon, où Marie (certainement celle de Magdala) versa du parfum sur la tête du Seigneur ; tandis que St-Matthieu et St-Jean situent ce repas antérieurement. Peut-être est-ce ce jour-là, plutôt que le Mardi-Saint au soir, que Jésus rappela à ses Apôtres que la célébration de la fête de Pâque aura lieu dans deux jours. A noter qu’Il prédit à nouveau à ce moment-là Sa crucifixion.

On a appelé ce jour-là "le jour de Judas", quoique les Evangélistes ne se soient pas étendus sur ce sujet tragique touchant l'un des leurs ; mais ils l'ont tout de même signalé clairement : « Judas, l'un des Douze, surnommé Iscariote, alla trouver les Princes des Prêtres et leur dit : "Combien me donnez-vous et je vous livrerai Jésus ?". « Ils convinrent de 30 sicles d'argent. (d'une valeur d'environ 200 de nos N.F.) qu’on lui compta et donna ». Puis on s’entendit, entre magistrats et  prêtres, sur les modalités de l'arrestation, loin de la foule. Il faut noter ici qu'il s'agit de 30 sicles d'argent, c'est-à-dire de monnaie du Temple ; donc de monnaie juive. Ce qui prouve bien que  ces Prêtres juifs sont clairement responsables de la condamnation et de l’exécution de Jésus.

Précisons-le : ainsi se réalisèrent les prophéties du Psaume 4I, 10 du roi David (1000 ans avant Jésus) relatives à Judas : "Celui en qui j'avais confiance et qui mangeait mon pain, celui-là a levé le talon contre Moi ! ".  Et celle du psaume 55, I4, qui renchérit sur cet événement et qui est manifestement attribuée à Jésus : « Ce n'est pas un ennemi qui M'outrage -cela, je l'aurais supporté- mais c'est un autre Moi-même ; Mon ami et Mon confident.! ". Et c’est le prophète Zacharie (740 ans avant Jésus) qui avait précisé le montant de la somme que touchera effectivement Judas.: « 30 pièces d'argent »

Du Mercredi-Saint, on ne sait rien de plus. Mais, comme nous l’avons supposé plus haut : ou bien les faits rapportés au Mardi-Saint recouvrent le Mardi et le Mercredi-Saints, ou bien Jésus a pu vouloir réserver la journée du Mercredi à la prière, avec Sa Mère et Ses Apôtres.

 

Excursus sur le "cas de  Judas"

L'attitude et le comportement de Judas envers son Maître ne cessent pas de surprendre. Tout cela, semble-t-il, de la part d'un Apôtre du Seigneur, ne peut se ramener qu'à l’une des deux explications possibles :

- Ou bien Judas, dès lors qu'il connaissait les intentions des ennemis de son Maître en acceptait tous les risques que comportait la situation, et alors, il en acceptait aussi toutes les conséquences, y compris la mort violente de Jésus, et il a préféré , finalement, son confort personnel aux exigences préchées jusqu'ici par Jésus. Et on peut même imaginer que cet Apôtre aurait alors accepté la condamnation et la mort de son Maître par manque de foi en Sa divinité

- Ou bien Judas n'a pas du tout envisagé l'issue tragique de sa trahison, persuadé qu’il aurait été au moment de ses tractations avec les ennemis de Jésus, que son Maître aurait de toute façon le dessus ; tandis que les autres auraient été finalement  « joués », grâce à l’adresse miraculeuse de Jésus. Et il y avait eu, en effet, un précédent : Peu de semaines auparavant, les ennemis de Jésus avaient voulu s’emparer de Lui, dans le Temple dont, à cet effet, ils avaient fait fermer toutes les issues. Mais l'Evangile nous rapporte que, au moment de Le coincer au milieu d’eux, Jésus disparut et Se retrouva libre, à l’extérieur du Temple. Judas a donc bien pu penser que Jésus s'en sortirait pareillement, tandis que l'argent reçu lui demeurerait bien en sa poche…

Reste le cas malheureux du suicide de Judas. La morale chrétienne est formelle : « Dieu seul  étant le maître de la vie et de la mort, nul n’a le droit de se donner consciemment, librement et volontairement la mort, pour quelque raison que ce soit ! »

Mais la morale sait aussi qu’en cas de dépression nerveuse grave, les suicidés ne sont pas tenus pour réellement responsables. On peut donc supposer que, réalisant subitement les faits et clairement conscient des désastreuses conséquences de son geste, Judas se soit affolé pshychologique et qu’une tragique panique se soit emparée du malheureux et l’ait poussé à son geste destructeur.

Il reste toutefois à remarquer que Judas a clairement regretté sa matérielle trahison de Jésus, puisqu’il a essayé de récupérer Jésus et que, face au refus qui lui fut fait, il a jeté les 30 deniers reçus alors que ç'avaiy été pour la mercantile possession desquels il avait essentiellement agi dans la circonstance... Par contre, il est vrai qu’il y a aussi cette mystérieuse déclaration de Jésus concernant Judas : « Il eût été préférable qu’il ne fut pas né ! »

Quoi qu'il en fut, il semble bien impossible de dire avec une absolue certitude ce qui a pu être le cas de ce malheureux Judas; et quelle a pu être sa destinée dans l’éternité. Et sans doute que ce cas constituera toujours une énigme...

 

LE JEUDI - SAINT

Du matin du jeudi, rien n'est dit non plus dans les Evangiles. Il y a tout lieu de penser que Jésus le passa dans le cercle de ses amis intimes et de sa famille. Peut-être tint-il à vivre ce dernier jour de liberté avant Sa mort avec sa mère, lui consacrant ainsi ses derniers instants avant Son sacrifice. Mais l'on peut aussi penser que, dès la matin, Jésus continua à enseigner dans le Temple, « récupérant » du même coup bien des déçus du jour des Rameaux.

Mais vers le soir, il en fût tout autrement. Ce jour du jeudi connut, en effet, un ensemble d'évènements qui devaient bouleverser le monde en général, et le maonde religieux en particulier. Car,  "sachant que son heure était venue" : celle de S'offrir en sacrifice pour le rachat du monde, Jésus fait organiser le repas pascal avec Ses Apôtres.

Dans la soirée, Jésus prend Pierre et Jean, qui seront chargés des préparatifs de la manducation, de « la dernière Pâques ». A cet effet, ils se sont probablement rendus chez un restaurateur bien disposé indiqué par Jésus, patron d'un restaurant qu'on appelle 'le Cénacle'.

Le soir venu, en effet, après avoir fait une nette allusion à Sa Passion, Notre-Seigneur Se met à table avec les Douze. Et nous voici maintenant au moment le plus solennel et le plus important de cette réunion qui voit l'institution, par Jésus, de l'Eucharistie et du sacerdoce. Les Apôtres, qui demain, Le continueront à travers le monde, entourent leur Maître qui leur confère, dans ce but, ses propres pouvoirs sacramentels.

Jésus, fondateur et chef suprême de l'Église, Corps Mystique du Christ, invente et institue donc, là, merveilleusement, un moyen de Se rendre mtstérieusement mais réellement présent sous les commods apparences d'un peu de pain et d'un peu de vin consacrés : Des réalités Le contenant mystérieusement mais absolument : Substantiellement ! , dit la théologie.

En effet, après avoir mangé la Pâque juive selon le rite de Moïse, et pour bien marquer que celle-ci était la préfiguration de celle qu'Il vient de réaliser au milieu de Ses Apôtres, Jésus a ainsi institué le grand Sacrement de « Sa présence Réelle »en Son corps et en Son sang, Le rendantprésent en état de sacrofié. Puis Il fait communier les Apôtres au divin Sacrement de l'Eucharistie : « Faites cela en Mémoire de Moi ! »; leur conférant ainsi la capacité de continuer la réalité de la Transsubstantation (= le changement des natures du pain et du vin en les deux natures humaine et divine, de Jésus) qu'il vient de réaliser. Par ces simples paroles, Jésus institue, là aussi, le Sacerdoce, qui fait de Ses Apôtres les premiers Évêques du monde.

Après ce repas frugal traditionnel, très simplement et très humblement, c'est au lavage des pieds des Apôtres auquel Jésus procède. Sublime exemple d'humilité, de renoncement personnel et d'amour. Cette fonction, dans ce pays et dans ce temps-là, est habituellement réservée à un serviteur de service. Jésus l’accomplit humblement et exemplairement envers Ses subordonnés en dignité et en sainteté. Il Se fait vraiment là "le Serviteur des serviteurs". De ce fait aussi, il donne l'exemple aux Apôtres au moment où ceux-ci discutent de la question de savoir qui aura la meilleure place dans le royaume que leur Maître doit former. Idée d'humilité donc, mais aussi idée de fraternelle charité, de service et de renoncement personnel.

Puis c'est la bouleversante prédiction de la trahison de Judas, un des douze premiers Evêques du monde ! Jésus résume cette prédiction : "Celui qui mange mon pain a levé le talon contre Moi". Puis Il en révèle discrêtement l'auteur à l'Apôtre Jean. Les apôtres ne semblent pas comprendre. En tout cas, ils ne réalisent pas encore très bien ce qui se trame.

St-Jean a été clairement renseigné par le Seigneur; mais, pas plus qu'aucun autre de ses confrères, il ne peut quoi que ce soit dans la circonstance.

En tous cas, pour Judas, l'allusion a porté. D'ailleurs, ce dernier se retire pour aller réaliser son projet et percevoir surtout le prix de son marché.

N.B. On se demande si Judas est sorti avant ou après l'institution de l'Eucharistie. Certains pensent que l'Apôtre-traitre est sorti auparavant, et qu'il n'aurait donc pas ajouté à sa faute celle du sacrilège eucharistique. D'autres au contraire, s'appuyant sur l'interprétation d'un passage, peu explicite à ce sujet de St-Jean, considèrent que Judas a assisté et participé à l'eucharistie, donc qu'il n'est sorti qu'après avoir communié et reçu le sacrement de l'Eucharistie, suivi de celui de l'Ordre le faisant effectivement lui aussi Évêque de l'Eglise du Christ À noter que St- Paul, en une de ses épîtres dit de Judas « ... ».

Quelle plus grande preuve d'amour le Seigneur pouvait-Il nous donner que celle-de l'institution de l'Eucharistie ? En fait, tout s'est très simplement et rapidement passé : Il suffit de reprendre les paroles et les gestes, très sobres mais sacrés, que Jésus fit à la Cène et que reprendront après Lui, dans la suite des temps et en tous lieux, tous ceux qui, à la suite des Apôtres recevront ces pouvoirs merveilleux et sacrés; , à savoir : les Papes successifs, les Evêques et les Prêtres. Ce sont en effet ces paroles et ces gestes que, durant chaque Messe, aux moments de l’Offertoire, de la Consécration et de la Communion, tout homme qui en a reçu le pouvoir par le Sacrement de l’Ordre, reproduit fidèlement et tout aussi efficacement. Rappelons ici les paroles de Jésus en celles de toute Messe, au moment de sa partie centrale qu'est la Consécration :

« La veille de sa Passion, le Seigneur prit du pain dans Ses mains saintes et vénérables, et, ayant élevé les yeux au Ciel, vers Vous Dieu le Père Tout-Puissant, Vous rendant grâce, Il le bénit, le rompit et le donna à ses Disciples en disant : « Recevez et mangez-en tous, car ceci est mon Corps qui est livré pour vous ». Et de même, après le repas, prenant ce précieux calice de ses mains saintes et vénérables, et Vous rendant grâce de nouveau, Il le bénit et le donna à ses Disciples en disant : « Prenez et buvez-en tous, car ceci est le calice de mon Sang, le Sang de l’alliance nouvelle et éternelle, mystère de foi, qui sera répandu pour vous et pour un grand nombre en rémission des péchés. Toutes les fois que vous accomplirez ces choses, vous le ferez en mémoire de Moi ! » (c'est à dire 'en continuation de ce que je viens de faire'.

C’est en ajoutant ces mots : « C’est en mémoire de Moi que vous ferez ces choses », que Jésus a donné à ses Apôtres réunis autour de Lui, le pouvoir de faire ce qu’Il venait de réaliser Lui-même, instituant donc, en cela, le Sacrement de l’Ordre qui donne le pouvoir merveilleux de refaire l’Eucharistie du Seigneur. Et les Apôtres ne s’y sont pas trompés qui, fidèlement, après le départ définitif de Jésus de ce monde, ne manqueront pas d’utiliser ces pouvoirs, les transmettant ensuite à leurs successeurs et collaborateurs qu’ils auront choisis pendant leur apostolat dans l’Eglise naissante.

Puis, aussitôt après la célébration de l’Eucharistie, Jésus fit plusieurs déclarations à ses Apôtres, comme pour condenser ses dernières recommandations et résumer l’esprit chrétien dont ils devront s’inspirer : C’est d’abord la prédiction répétée de son départ, désormais tout proche. Puis c’est la recommandation essentielle d’un commandement nouveau à observer par-dessus tout : celui de s’aimer les-uns-les autres ; c’est-à-dire la charité envers Dieu et envers le prochain, comme signe de l’amour de Dieu. Ce sera là, en effet, la marque distinctive et la caractéristique de tout chrétien qui devra donc se comporter comme authentique apôtre du Christ. C’est d’ailleurs à ce titre qu’on devra  reconnaître le chrétien dans ce monde égoïste et souvent pervers.

Puis Jésus prédit le reniement de Pierre, premier Pape ! Il prédit ce reniement après qu’Il ait évoqué la tentation de découragement qui guettera tout disciple aux prises dans des luttes en faveur de la fidélité. C’est St.Jean, seul, qui nous rapporte avec détails, dans son Evangile, les autres recommandations de Jésus à ses Apôtres.

Puis de nouveau, Jésus prévient ces derniers de ce qu’ils auront à lutter contre les puissances du Mal durant leurs prédications de l’Évangile. Il insiste en quelque sorte sur ce thème de « scandale » que paraîtront les inhumaines souffrances qu’Il va bientôt volontairement subir. Et Il le fait pour préparer ces hommes, déjà désemparés par les prédictions faites, à comprendre, puis à accepter tout ce qui va bientôt se réaliser en réparation des péchés du monde. Aussi, Jésus fait-Il à nouveau allusion à sa mort très proche.

Les Apôtres se montrent tantôt navrés, tantôt déçus, tantôt désireux de suivre Jésus dans ce qu’Il leur annonce. Mais le Maître leur fait comprendre que chaque chose devra arriver en son temps. Et Il leur annonce qu’en attendant, Il demeurera en esprit en tous les fidèles, c’est-à-dire par  la foi en Lui, par la Grâce, par les Sacrements reçus dignement. Puis Il les apaise par Sa déclaration : « Je vous laisse Ma paix !  » Le tout, c’est de demeurer dans Son amour.

Jésus aborde maintenant la parabole de la Vigne sainte. Il l'a choisie devant ses Apôtres pour leur donner une image de ce que doit être l’union fidèle à Dieu : Il se compare à un pied de vigne, tandis que les fidèles en seraient les sarments. Pour pouvoir se nourrir de la même sève, il est nécessaire que ceux-ci restent branchés sur le pied.

Puis ce sont d’autres comparaisons que fait Jésus ; Il déclare : « Je ne vous appelle plus Mes serviteurs, mais Mes amis ». Puis Il revient ensuite sur Sa mise en garde à l’adresse des Apôtres et, à leur suite, les chrétiens : Ceux-ci doivent observer la plus grande prudence envers « l’esprit du monde », qui est fait souvent de révolte et de haine contre l’« esprit de Dieu ». A cet égard et pour ce motif, il faudra s’attendre à être persécuté par le monde, à cause précisément du fait que l’on se refusera à cet « esprit du monde », pour plus sûrement et mieux vivre selon « l’esprit de Dieu ».

Jésus va plus loin encore et ajoute : « L’heure vient où quiconque vous tuera s’imaginera rendre un culte à Dieu. Et ils agiront ainsi parce qu’ils n’auront connu ni le Père, ni Moi !  » Mais dans ce choix qui sera à faire entre ces deux « mentalités » , Jésus précise qu’Il ne nous laissera pas démunis. C’est pourquoi Il promet et annonce l’assistance de l’Esprit-Saint.

Maintenant, Jésus parle une nouvelle fois deSon départ de ce monde, en vue du rachat des péchés des humains. Mais Il reviendra. Et Il enverra l’Esprit-Consolateur qui jugera toutes choses. Il fait allusion à sa mort ; mais aussitôt après à Sa résurrection ; puis à l’envoi du Saint-Esprit ; d’où la formulation de ces prédictions : « Encore un peu de temps et vous ne Me reverrez pas. Mais un  peu  de temps encore et vous Me reverrez. »

A noter ici que Jésus nous donne ainsi une claire indication du dogme de la Sainte-Trinité en Dieu : Il le fait en parlant clairement et distinctement de Lui, du Père et de l’Esprit-Saint.

Enfin, dans la dernière partie de son discours aux Apôtres, après la Cène eucharistique, Jésus adresse (en tant qu’homme) à Dieu le Père la magnifique prière pour l’unité des Apôtres et des chrétiens : « Père, qu'ils soient un, comme Toi et Moi nous sommes Un ! »

Et c’est maintenant que va commencer la voie douloureuse de Jésus vers Son sacrifice rédempteur. Mais tout d’abord, comme chaque soirs de ces derniers jours, Jésus invite les Apôtres à se rendre avec Lui au Jardin des oliviers, endroit retiré et calme où l’on peut se recueillir et prier . C’est un lieu situé à environ 900 mètres du Cénacle, de l’autre côté du Cédron qui coule au pied du Mont Sion. C’est probablement vers une heure qui correspond à environ à neuf heure du soir, que Jésus se dirige avec les onze Apôtres au lieu appelé aussi « Gethsémanie. » Quant à Judas, il est absent du groupe de ses confrères, occupé qu’il est par ailleurs et pour autre chose, chez les Grands-Prêtres Caïphe et Anne...

 

L’Agonie de Jésus, à Gethsémani

 

D'environ 20h. à environ minuit, Jésus est en prière. C’est là qu’en une vision terrifiante, notre Rédempteur reçoit et supporte tout le poids de tous les péchés de tous les humains de tous les temps. Cette souffrance morale provoque alors chez Lui un phénomène physique et pathologique, rare mais bien connu, appelé « hémathidrose », que l’évangéliste et médecin qu’est St. Luc traduit par : « sueur de sang ». Ce phénomène se définit comme étant, sous l’effet d’une intense douleur, une « vasodilatation des vaisseaux capillaires sous-cutanés et dont certains plus fragiles se rompent en raison d’une constriction nerveuse généralisée provoquée par l’exceptionnelle douleur supportée par le patient. »

Conséquemment à une fièvre elle-même provoquée par une très forte activité cardiaque. Une sudation abondante se produit automatiquement afin que la sueur, en s’évaporant, rafraîchisse le corps enfiévré du patient. Dès lors, la conjugaison de l’abondante sudation avec la légère hémorragie généralisée sur tout le corps, conduit à cette « sueur de sang » dont parle l’Evangile. Au contact de l’air sec de la région, la sueur s’évapore rapidement, mais le sang qui y est mêlé se coagule et sèche ; ce qui a fait écrire par St. Luc : « et sa sueur devint comme des globules de sang qui tombaient à terre » (Luc 22, 46).

Il nous faut remarquer ici que c’est sûrement durant ces heures passées au Jardin des oliviers que Jésus a sûrement, durant toute sa Passion rédemptrice. moralement -et même physiquement, comme le prouve l’hémathidrose- souffert le plus.

Car, plus que la douleur physique, c’est la souffrance morale consécutive au « poids » de tous les péchés du monde, qui a été la plus forte et la plus cruelle pour Notre-Seigneur. Comme signes manifeste de cette immense souffrance de notre Rédempteur nous trouvons donc l’hémathidrose, mais aussi -chose absolument extraordinaire de la part de Jésus, homme si parfaitement équilibré-  ce qui a été pour Lui comme un besoin, durant cette agonie à Gethsémani, de ne pas se sentir seul. Il a connu là, une forme de dépression.

C’est aussi cette recherche de quelque secours humain qui a conduit Jésus, à plusieurs reprises, vers Ses Âpôtres, endormis de fatigue. Certes, la recommandation qu’Il faite à ces derniers, de veiller afin de déjouer les tentatives du Démon, est claire.

Par ailleurs, face à ces souffrances écrasantes, Jésus, en tant qu’homme, en est venu à envisager, en quelque sorte, de demander à Dieu le Père d’échapper, si possible, à tant souffrance : « S’il  est possible, Père, que ce calice d’amertume s’éloigne de Moi !... »  Et puis cette surprenante plainte de Jésus : « Père, Père ! pourquoi M’as-Tu abandonné ? » L’évangéliste St. Marc parle « d’effroi et d’abattement » chez Notre-Seigneur.

Et c’est sans doute vers le milieu de la nuit que se produit le dénouement : Précédé par Judas, la troupe qui va procéder à Son arrestation arrive auprès de Jésus. Cette troupe est constituée essentiellement de certains délégués et représentants des ennemis de Jésus. Mais ces derniers ont bien pris soin de se faire escorter par un groupe de soldats romains, en vue de légitimer le but de leur démarche nocturne : l’arrestation d’ « un malfaiteur ». Et, qui plus est, est l’un des leurs !

En effet, surtout durant la nuit, des Juifs en activité pour procéder à une arrestation qui risquait immanquablement de devenir bruyante, auraient déclenché une dangereuse répression de la police romaine toujours plus ou moins aux aguets face à ce peuple indocile et si désireux de chasser l’occupant étranger...

Et maintenant, selon un scénario minutieusement préétabli pour qu’il n’y ait pas d’erreur ni d’hésitation, c’est Judas qui, au signal convenu, se dirige vers Jésus et lui donne l’accolade du salut : « Salut, Maître ! » à quoi Jésus réponds: « Judas, c’est par un baiser que tu trahis ton maître ! ».

Dans la courte altercation qui suit et passé le mouvement de surprise chez les Apôtres brusquement réveillés, le fougueux Pierre s'en prend à la cohorte. Face à d’inutiles violences éventuelles Jésus calme la situation. Décontenancés par l’attitude de leur Maître qui Se soumet si docilement à son arrestation, pourtant si injuste et anormale, les Apôtres abandonnent d’autant plus la partie, que Jésus intervient dans ce sens auprès des romains.

« Si c'est Moi que vous cherchez, dit Jésus, Me voici. Mais ceux-là, laissez-les s'en aller ! »

Selon notre façon de décompter les jours, à minuitt c’est pour nousle vendredi qui commencerait ; tandis que pour les Juifs de ce temps-là, on était déjà au vendredi depuis le précédent coucher du soleil.

 

Le VENDREDI - SAINT

Après l'arrestation de Jésus va commencer le long et douloureux itinéraire qui va Le conduire, depuis le Jardin des Oliviers, jusqu’au Calvaire, après être passé par divers prétoires. Sous bonne escorte, le Prisonnier est conduit sur les hauts de la ville, chez le Grand-Prêtre Caïphe, afin d'y être jugé.

En effet, de la part des ennemis de Jésus, s’agissant d’une question religieuse, ( à savoir sa prétention de Se présenter comme étant le Messie annoncé et attendu ), c’est devant l’initiateur du complot : le Grand-Prêtre, Caïphe. Ce dernier a soin d'amener Jésus à faire état de Sa condition de Messie, afin de bien motiver Sa condamnation devant les autres. Ne voulant pas paraître comme le seul responsable de la condamnation de Jésus, il décide de confier au Sanhédrin le jugement officiel; lequel ne peut siéger qu'après que le soleil sera levé, comme le prévoit la loi.

C’est durant le court interrogatoire auquel on procède, que Pierre réussit à s’introduire discrètement dans la cour du Grand-Prêtre où se déroule donc cette parodie de jugement. Caïphe veut justifier aux yeux de ceux qui sont là, sa criminelle initiative et  veut donc faire partager sa responsabilité homicide.

A un moment, reconnu par quelques servantes et redoutant de subir le sort de Jésus. Pierre qui, éberlué, a suivi son Maître,affolé, est reconnu parmi les gens qui sont là. Surpris et apeuré, lui le premier Pape fait par Jésus, renie son Maître, affolé qu’il est par l’ambiance menaçante de cette misérable assemblée, et face à une situation devenue soudainement si anachronique du fait de la passivité incompréhensible de Jésus. 

Après ce douloureux reniement, Pierre regrettera amèrement sa faute et ne comprendra qu’après coup la signification de la prophétie que Jésus lui a adressée « Pierre, Pierre, avant que le coq ne chante une fois, tu m’auras renié trois fois...»

Pendant l’interrogatoire des Juifs présents, Jésus subit déjà des outrages qui ajoutent à Ses souffrances: On procède au douloureux couronnement d'épines de Celui qui prétend à une royauté spirituelle, S'étant fait l'égal de Dieu. C’est ainsi que ceux qui, en la personne des chefs religieux devaient essentiellement préparer Sa venue dans le monde se sont, en fait, ligués contre le Sauveur-Jésus pour le faire périr de la façon la plus inattendue et ignominieuse.

Dans cette cour de chez Caïphe, ce sont plaisanteries, injures, accusations et diverses tracasseries. On passe son temps comme on le peut, attendant la comparution devant le Sanhédrin.           Effectivement, au petit jour, les membres du Sanhédrin, informés sans doute pendant la nuit, sont là en assemblée plénière. Une certain nombre de gens sont aussi présents, venus là, soit pour se faire bien voir des autorités religieuses, soit pas sympathie cachée pour Jésus, soit par simple curiosité...

Le jour s'étant levé, pour les membres du Sanhédrin qui vont juger Jésus, il s’agit de faire vite. Il faut déterminer les motifs de la condamnation à mort, qui auront quelque valeur politique devant les Romains, par lesquels il faudra obligatoirement passer. Mais ne trouvant aucun motif sérieux d’accusation qu’accepteront de retenir les Romains sur le plan religieux, les raisons devront être d’ordre politique : La manifestation du dimanche des Rameaux sera présentée à l’occupant comme ayant été, en fait, une répétition du coup d’état qui sera sûrement tenté, un jour ou l’autre, par les amis de ce Jésus cachant Son jeu ; d’ailleurs, ne S’est-Il pas laissé ovationner comme « roi d’Israël  ? » Peu importe, à cet égard, qu’Il ne prétendait qu’à une royauté spirituelle : les Romains, pensent-ils en fait, ne feront sûrement pas la distinction.

Mais ce n’est que sur le plan religieux que se sont placés jusqu’à maintenant ceux des chefs religieux qui ont voulu la suppression de Jésus, Caïphe en tête : Ce Jésus s’est intitulé le Messie promis et attendu. Et qui plus est, Il s’est prétendu l’égal de Dieu et même Dieu Lui-même ! Quel immense sacrilège ! En effet, à la question qui Lui a été posée très explicitement par Caïphe «  Te dis-tu le Fils de Dieu ? » Jésus lui a répondu on ne peut plus clairement : « Tu l’as dit : Je le suis ! »

Et comme l’influence de ce 'faussaire et séducteur' est grandissante dans le peuple. Jésus faisant allusion à ses miracles comme preuve de Sa puissance divine, Ses ennemis veulent voir là qu'une puissance démoniaque qui agit en Lui afin de séduire le peuple. Eh ! bien, pas d’hésitation ni d’attente ; car cet homme est donc le danger personnifié. Et c’est le rôle et le devoir des chefs religieux légitimes et compétents de veiller et de pourvoir à Sa disparition...Tels sont donc les mobiles qui ont fait agir les ennemis du Seigneur-Jésus. Et c’est bien là ce qui, humainement, Le mènera à la condamnation, puis à l’exécution.

Aprés la condamnation de Jésus par le Sanhédrin et parce que, seule, l'autorité romaine a le droit de prononcer une peine capitale, on conduit Jésus devant le procurateur Ponce-Pilate, afin d’en obtenir, soit la confirmation de la condamnation faite par les chefs religieux ; soit qu'il accorde son « placet » pour cette exécution.

Et c’est sûrement au moment où il s’aperçoit que son Maître va bel et bien être condamné et exécuté, que Judas réalise la gravité de la situation et la part de responsabilité qui est la sienne en cette affaire. En effet, Jésus ne fait rien pour renouveler le miracle qu’Il avait fait, il y a peu de temps, dans le Temple et qui Lui a permis d échappe à ses détracteurs.

Ainsi se trouve, une fois de plus, réalisée une prophétie. Cette fois, c’est celle du prophète Jérémie qui, 720 ans plus tôt, avait prophétisé la tragique tractation de Judas et sa suite : « Douze pièces d’argent », comme salaire de la trahison ; puis l’achat, avec cet argent, du « champ du potier », qui deviendra un cimetière pour les Israélites étrangers décédés à Jérusalem.

La deuxième phase nécessaire à l’exécution de Jésus va commencer, cette affaire devant passer devant Pilate, seul juge en matière légale et juridique dont retourne maintenant une exécution capitale.

Il doit être vers les 6 h. du matin. Pilate, sûrement contrarié par cette irruption intempestive et matinale, certainement surpris par le fait que lui soit présenté, par des Juifs, un accusé juif, ne veut cependant pas accepter d’entrer dans des considérations d’ordre religieux en vue d'une condamnation capitale. De plus, il sait absolument Jésus innocent de toute intention politique. En effet, la police romaine est bien informée des agissements de cet illuminé que lui paraît être Jésus : Rien, dans ses discours et agissements qui puisse ressembler à un projet politique. Il a même clairement déclaré, un jour, « Roi, Je le suis ; mais mon royaume n’est pas de ce monde ! » Ponce Pilate connaît donc bien la nature de la prétention royale de Jésus.

Par contre, Pilate sait parfaitement que, tout logiquement d’ailleurs, les chefs religieux juifs n’ont qu’une idée en tête : recouvrer l’indépendance en Israël. Il sait que dans le Temple surtout, les complots se trament contre l’occupant, mais sans qu’il puisse intervenir. Car par mesure d’apaisement, l’Empereur a imprudemment promis de ne jamais permettre à un Romain d’y mettre les pieds, pas même sur l’esplanade qui entoure l’édifice. Pilate est donc tout content, dans la circonstance d’avoir aujourd’hui une occasion de contrer les chefs religieux juifs en s'opposant à leur macabre intention. Que voilà donc une belle occasion de les insatisfaire et de manifester son autorité !

Mais Pilate n’en aura pas facilement terminé avec les accusateurs de Jésus ; parce qu’il leur faut aller vite, jusqu’au bout et à tout prix pour convaincre Pilate de la gravité du danger que courrent la politique et la paix dans ce pays, les accusateurs de Jésus évoquent sûrement le cas que représente cet influent « séducteur du peuple » qu'est à leur yeux Jésus... Ils prennent comme preuve la grande manifestation populaire du dimanche triomphale des Rameaux qu'ils présentent sîrement comme étant une « répétition générale » du prétendu « coup d'état » projeté par les amis de Jésus contre les Romains.

Mais Pilate n’est pas dupe des arrières pensées et de la jalousie  des accusateurs. Il déclare qu’il n’est pas de leur avis. Ces derniers en profitent alors pour se dire obséquieusement très satisfaits de la suprématie romaine. Mais Pilate se refuse à condamner Jésus à mort. Cependant, il sait qu'il ne peut pas contredire constamment ces gens. Il se rappelle la recommandation que lui avait faite l'Empereur, par souci d'apaisement, à savoir de ne pas contrarier les chefs religieux de ce peuple fanatisé tant politiquement que religieusement, Israël étant une théocratie. C'est pourquoi Pilate tempère son refus et tergiverse. Il interroge Jésus pour avoir son point de vue : «Es-tu roi ?» Mais la réponse affirmative de Jésus est aussitôt nuancée et précisée : «  cette royauté n'est pas de ce monde »

Bien que lui paraissant peut-être «farfelue », cette réponse permet à Pilate, face à ces haineux interlocuteurs de justifier sa position. Mais ceux-ci insistent. Alors Pilate, qui veut certainement sauver cet homme juste que lui paraît Jésus, invente un moyen qui lui évitera de tâcher ses mains d'un sang innocent. Il décide d'envoyer le cas de Jésus devant celui qui a reçu des Romains le titre de« roi des Juifs »: Hérode.

Justement à Jérusalem ce jour-là, afin de parer à toute éventualité en ce jour toujours bouillant de la Pâque, Hérode est tout content de connaître enfin ce Jésus dont on parle tant depuis ces temps. Il pense se distraire en lui proposant de faire quelque miracle. Mais, très vite, il se rend compte de la qualité de la popularité qui accompagne Jésus. Il est tellement impressionné par Sa personnalité qu'il devine que Pilate lui confie un jugement dont il ne veut pas prendre la responsabilité. Et le silence en lequel S'enferme Jésus face aux questions d'Hérode, décide ce dernier à renvoyer l'accusé au malin Pilate. Mais il le fait en faisant savoir à celui-ci que, à son seul et propre avis, le cas de Jésus n'encourre pas la mort.

De nouveau face à Jésus, Pilate se sent mal à l'aise, Hérode ayant adroitement refusé de se prononcer légalement et de se compromettre. Le gouverneur, toujours décidé à éviter la mort de Jésus et bien désireux de contrarier ces Juifs hypocrites en leur refusant la condamnation capitale, imagine un stratagème : Fidèle à une coutume apaisante qui consiste à permettre aux Juifs, à l'occasion de leur grande fête de Pâque, de leur laisser choisir la libération d'un des leurs en prison, Pilate limite leur choix entre deux prisonniers : Un criminel : un certain Barrabas, redouté de tous ; et Jésus.

Devinant le piège et voulant à tout prix en finir tout de suite avec Jésus, Ses ennemis font se prononcer leurs partisans en faveur de la libération de Barrabas, dont on s'occupera plus tard.

Déjoué par son plan échoué, Pilate espère en l'efficacité d'un ultime plan de sauvetage du malheureux accusé. Jouant sur la corde sensible de ce peuple dévoyé : Il fait flageller Jésus et le travestit en un roi de pacotilles, puis il Le présente tout pantelant à la foule, en lançant son fameux :« Ecce homo ! » : Voici l'homme! Pilate semble vouloir dire à cette foule en furie : « Voilà, en son état des plus lamentables, cet homme dont vous semblez redouter une quelconque royauté! Constatez à quel état il est réduit et que pouvez-vous avoir à craindre d'un pareil homme? »

Mais devinant l'arrière pensée du Romain, les ennemis de Jésus bravent toute réaction émotionnelle des présents en leur faisant crier formellement le : « A mort! A mort! Crucifie-le ! Crucifie le !» A bout d'argument, Pilate pose la question: « Que ferai-je de Jésus? » A quoi retentit à nouveau le même cri vociférant:« Crucifie le ! » Puis, peut-être pour exaspérer davantage encore ces enragés, Pilate leur lance: « Crucifierai-je votre roi? »A quoi la réponse ne se fait pas attendre: «A mort! Et si tu le délivres, tu n'es pas l'ami de César! Car quiconque se dit roi, se déclare contre César ! » La menace est claire !

Bien qu'il soit homme de caractère et connaissant bien la fourberie haineuse des ennemis de Jésus, Pilate se trouve à nouveau aux prises avec l'argument politique qui, seul, devait porter sur lui.

Alors, la crainte d'une ambassade juive envoyée à Rome par les Juifs pour y dénoncer à l'empereur César une faute de gestion de la part d'un gouverneur incapable et qui, pire encore, prend parti pour un de ces midérables, fait lâcher prise à Pilate.

L'Evangile précise que ce dernier « leur livra Jésus », qui sera donc crucifié. La conscience tout de même chargée de ce fait, et comme pour se laver de sa lamentable capitulation afin de garder sa fonction de gouverneur, Pilate essaie de farder sa responsabilité matérielle en cette affaire: « Il prit de l'eau et se lava (très ostensiblement) les mains devant le peuple» et dit: «Je suis innocent du sang de ce Juste. A vous d'en répondre! »

Alors, ravis et enfin soulagés de leur victoire arrachée, ces Juifs se mettent à hurler cette terrible phrase qui ne devait, pratiquement, que trop se réaliser dans la suite des temps, sans que l'on soit en droit d'y voir une conséquence réelle : « Que Son sang retombe sur nos têtes et sur celles de nos enfants! »

C'est leur immense satisfaction et le soulagement ressenti à la suite de leur victoire, qui ont fait crier un peu n'importe quoi à ce peuple en furie. Car ils a obtenu, à l'arrachée, ce qu'il désirait essentiellement : la disparition de ce ‘gêneur’ devenu, par son succès grandissant parmi Ses auditeurs, un véritable concurrent. Comprenant le scrupule moral de Pilate, ils renchérissent en revendiquant toute la responsabilité de cet assassinat, dussent tous leurs descendants en partager la responsabilité !

C'est la finale d'un injuste procès. Jésus apparaît là, à bout de forces. En effet; tous les traitements douloureux infligés et subis se sont ajoutés aux souffrances morales de Son agonie au Jardin des Oliviers. Ce qui explique facilement l'abattement du Supplicié. Mais Pilate se préoccupait-il de tant de considérations? Seule la mauvaise conscience qu'il avait de sa lamentable capitulation pouvait le faire s'intéresser encore quelque peu au sort final de ce Juif parmi les autres. Alors, chargé du bois de Son supplice, Jésus précède le macabre défilé qui se met en route. Il est environ onze heures du matin, selon notre façon de compter les heures.

Mais les gens du Sanhédrin, en lisant le motif de la condamnation, écrit en hébreu, en grec et en latin, tout en haut de la croix : « Jésus, roi des Juifs », craignent qu'il y ait une mauvaise interprétation du verdict. Ils font dire à Pilate de mieux rédiger le motif de la condamnation, à savoir que le condamné n'est pas reconnu comme roi des Juifs, mais qu'Il a prétendu l'être et être reconnu comme tel.

Agacé et honteux de s’être laissé dicter la haineuse décision des Juifs, Pilate n'en fait rien et se contente de rétorquer : « Ce qui est écrit, reste écrit ! »

Il était de coutume de procéder, sur le chemin conduisant au lieu du supplice, à une certaine 'parade'. Il fallait, en effet, que l'on sache ce pourquoi la victime était condamnée et, en même temps, donner à la populace le sentiment et la possibilité d'une certaine vengeance en permettant les injures, les expressions haineuses et même les plaisanteries les plus cruelles envers le condamné. Mais la présence d'un centurion romain accompagnant ses gardes, protégeait le condamné d'une éventuelle exécution sommaire.

L'Evangile rapporte que, pendant la marche vers le Calvaire situé à quelque cinq cents mètres de la Tours Antonia où se trouve Pilate, et qui jouxte le coin N.O. de l'esplanade du Temple, un certain Simon, originaire d'un village appelé Sirène, est requis pour aider Jésus à porter Sa croix.

Il est fait mention que, durant le parcours, Jésus déclara aux femmes qui, à la vue de ce cruel spectacle, se lamentaient sur Son misérable sort, ces mots révélateurs: « Ne pleurez pas sur Moi, filles de Jérusalem! Mais bien plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants! »

Il devait être vers les onze heures du matin, selon notre façon de compter les heures de la journée, lorsqu’on arriva au Golgotha, sur le monticule appelé Calvaire, à l’entrée Nord de la ville. A cet endroit, qu'on entre ou qu'on sorte de Jérusalem, on ne peut pas ne pas voir les malheureux crucifiés luttant pendant des heures, voire des journées, contre la lente asphyxie qui, avec les atroces douleurs de leur corps, aura finalement raison de leur vie. Spectacle dissuasif pour d'éventuels malfaiteurs ...

Les divers textes du Chemin de la Croix tendent à nous faire revivre les événements qui ont marqué ces terribles heures.. L'Eglise met pieusement en mémoire le douloureux cheminement de Jésus de ce jour-là appelé, désormais, le Vendredi-Saint, par l'exercice religieux du Chemin de la Croix, en quatorze 'stations'. La tendance récente est de donner à cet épisode historique de la fin de la mission du Sauveur Jésus sur la terre, une marque théologique en ajoutant une quinzième station : Celle de Sa Résurrection, afin de marquer l'efficacité surnaturelle du sacrifice rédempteur du Sauveur.

Arrivé sur le lieu du supplice, comme tout autre condamné, Jésus est dépouillé de Ses principaux vêtements que les gardes de l'escorte obtiendront en guise de récompense après leur tirage au sort. Pour Jésus, c'est sûrement là une nouvelle humiliation. C'est en même temps aussi la réalisation d'une ancienne prophétie annonçant le fait: « Il ont partagé entr'eux Mes vêtements et les tirèrent au sort » (Psaume XXI).).

Puis c'est la crucifixion! A la droite et à la gauche de Jésus sont également crucifiés deux condamnés. Et en cela aussi se réalise une autre prophétie d'Isaïe ( 645 ans av. Jésus) ...,. concernant Notre-Seigneur et qui se réalise: « Il a été mis au rang des scélérats! »

L'agonie dura environ trois heures. Au pied de la croix, ou à proximité, se trouvaient certainement, entourant la Vierge Marie et Saint Jean l'Evangéliste, les Apôtres: ainsi que de nombreux amis; des femmes éplorées qui s'étaient courageusement montrées particulièrement serviables, même en bravant l'impopularité et les menaces, dont la vaillante Véronique qui, bravant la soldatesque, essuya le visage défiguré du Supplicié Jésus.

Les ennemis de Jésus, dont certains cachent vraisemblablement une honte intérieure en maniant l'invective, déclarent: « Toi qui prétends détruire le Temple et le rebâtir en trois jours, sauve-Toi Toi-même! Et si Tu es le Fils de Dieu, descends de la croix! Il a sauvé les autres, et Il ne peut pas Se sauver Lui-même ! » Ces gens sont peut-être excusables, car il semble bien qu'ils n'ont pas compris l'œuvre rédemptrice de Notre-Seigneur.

Les Evangiles rapportent aussi cette déclaration très significative de Jésus lorsqu'Il confie St. Jean à Marie: « Voici ta mère! » ; et inversement, à Marie :« Voici ton fils l » Là, en fait, c'est toute l'humanité qui est confiée à la Vierge Marie, en même temps que l'annonce de la protection toute particulière de Marie sur toute âme de bonne volonté.

Et puis, de nouveau, c'est l'angoisse qui, comme au Jardin des Oliviers, saisit Jésus aux prises avec d'indicibles souffrances physiques et morales. De là la prière angoissée et déchirante du futur Crucifié à Son Père céleste: « Père! Père! Pourquoi M'as Tu abandonné ? »

Pour Jésus, en effet, c'est la déréliction la plus totale en Son sacrifice le plus total. Et c'est parce que ceux qui sont là l'ont bien compris, qu'ils essayent d'apaiser Ses souffrances en Lui présentant, au bout d'un roseau, une éponge imbibée d'un breuvage vinaigré. C'est là un geste qui fait écho et réalise une prophétie qui, dans un Psaume de David (950 av. Jésus) annonçait le tragique événement: « Dans Ma soif ils M'ont abreuvé de vinaigre! »

Mais avant de mourir, dans un ultime mouvement de charité, Jésus fait retentir en faveur de Ses bourreaux et de ses ennemis (et de tous les pécheurs que nous sommes !) cette incroyable clameur d'amour et de pardon: « Père, pardonne-leur; car ils ne savent pas ce qu'ils font! »

Puis ce sont les deux dernières déclarations de Jésus: « Tout est accompli! » Et: «Père; Je remets Mon esprit entre Tes mains ! » Et Il expire ...

Et l'Evangile termine le récit de la plus tragique histoire du monde par cette phrase « Et, en disant ces mots, Jésus expira! »

Après la mort de tout crucifié, restait encore une formalité d'usage: Le coup de lance porté en plein cœur du condamné, après sa mort apparente, afin de bien s'assurer de l'exécution capitale prononcée légalement.

Après ce «coup de grâce» porté par la lance de l'un des gardes, l'Evangile précise que, du côté de Jésus, « il se mit à couler de l'eau et du sang. » C'est-à-dire, en faite, du liquide péricardique, puis du sang non encore coagulé provenant d'une oreillette du cœur perforé. Puis, après cet événement, se réalisa une prophétie de Zacharie (XII, 10) disant «  Ils considèrent Celui qu'ils ont transpercé. »

Au moment de la mort de Jésus, les trois Evangélistes, St. Matthieu, St. Marc et St. Luc rapportent que le voile du Temple tendu en courtine pour séparer le lieu dit «le saint» de celui dit « le saint des saints» (c'est-à-dire le lieu le plus sacré du Temple contenant l'Arche d'Alliance), se déchira en deux par son milieu, montrant ainsi que le temps de l'Ancien Testament préparatoire à la venue du Messie sur terre et préparant le temps de la Rédemption, est désormais clos et qu'il n'a plus sa raison d'être, Jésus ayant accompli Sa mission

Les Evangiles signalent également que, au moment de la mort du Crucifié, des phénomènes extraordinaires se produisirent dans les éléments de la nature: Une obscurité subite et un tremblement de terre. Ce fut à ce point extraordinaire que l'un des gardes de la cohorte romaine s'exclama spontanément: « Cet homme était vraiment Fils de Dieu! »

Si les jambes de Jésus, contrairement aux autres condamnés, ne furent pas rompues, c'est en raison de la rapidité de Sa mort. Ce cruel procédé avait pour but, en effet, d'empêcher les suppliciés de se hisser sur leurs pieds pendant une traction sur leurs bras en vue de dégager leur cage thoracique et de favoriser, de la sorte, leur respiration et de retarder quelque peu leur ­mort. Là, une prophétie que, 2.000 ans plus tôt, avait faite Moïse, se réalisa: De l'Agneau Pascal ... (qui préfigurait Jésus) « ... on ne devra rompre pas un seul des os ! »

Après un embaumement sommaire du corps de Jésus, car le sabbat allait commencer dans peu de temps, ce fut la mise au tombeau par un certain Joseph, originaire de la bourgade d'Arimatie, à qui se joignit le prudent Nicodème (qui, jadis, était allé trouver nuitamment Jésus). Ils déposèrent Jésus dans le propre tombeau du pieux et généreux Joseph d'Arimatie .

Mais les ennemis de Jésus, se souvenant de ce que une prétendue résurrection devait se produire trois jours après la Crucifixion, ne pouvant pas croire à un tel prodige, demandèrent à Pilate et obtinrent de lui que ce tombeau fut spécialement bien gardé, afin d'éviter toute supercherie de la part des amis de Jésus faisant substituer son corps par un autre cadavre; en vue de créditer le mythe d'une bien impossible résurrection. . Pilate fit doubler la garde du tombeau

Note: Cette garde du tombeau par la puissance romaine (qui ne badinait pas en matière militaire) et sur la surveillance des ennemis de Jésus, réalise un immense service rendu à la chrétienté. En effet, si le tombeau n'avait pas été gardé, c'est alors que l'on aurait pu parler d'une mensongère imposture en ce qui concerne la Résurrection de Jésus, Ses amis pouvant être accusés d'une substitution de Son cadavre. Or, la manifeste Résurrection du Sauveur constitue le miracle le plus éclatant de Sa divinité et donc de l'origine divine de la Religion qu'Il est venu prêcher sur terre ; aucun être humain, en effet, ne pouvant pas, après sa mort vérifiée et attestée, se redonner vie par sa propre puissance.

Au soir de ce jour tragique, la Mère de Jésus, à n'en pas douter, ainsi que Ses amis, Ses Apôtres et les saintes femmes durent se retirer de cet endroit pour se retrouver dans la prière et le repos légal du sabbat. La pensée de ce Jésus qui venait de terminer si tragiquement et si paradoxalement Sa vie sur la terre, ne dut certainement pas les quitter ce soir-là!

Et tandis que les ennemis de Jésus triomphent sur toute la ligne, Ses fidèles amis se sentent certainement humiliés, désemparés et esseulés, Tout ce monde dut se résigner à attendre la suite des événements. Un certain nombre d'entre eux en tous cas, se demandent comment et quand se réalisera la fracassante et si mystérieuse prophétie de Jésus annonçant Sa résurrection.

 

LE SAMEDI SAINT

Ce matin là, au tombeau, les soldats romains veillaient. Dans le tombeau, Jésus, vrai homme, n'était plus qu'un mort comme tant d'autres, avec une chair menacée de corruption. Cependant cette logique des choses devait ne pas se réaliser pour Lui. Certes Jésus était mort et bien mort, et en cela se réalisait bien la récente prophétie de Jésus: « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul (et improductif) •. mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits »

Et se réalisa aussi la plus ancienne prophétie de David en l'un de ses Psaumes (XXI) : « Vous ne laisserez pas, Seigneur, aller à la corruption, Votre Oint et Votre Saint! »

Ainsi se passa la journée du samedi. Journée de deuil, de tristesse et d'attente, dont l'Evangile, à part la précision sur la garde doublée du tombeau, ne dit rien de spécial.

 

LE DIMANCHE DE PAQUE

En ce matin de notre dimanche, le sabbat était donc fini depuis 1 e coucher du soleil de la veille. «De grand matin », dit l'Evangile, les dévouées femmes qui avaient souvent aidé et servi Jésus « se rendirent en hâte au tombeau » pour faire compléter l'embaumement du corps de Jésus, grâce aux ingrédients qu'elles avaient préparés; sans doute du nard, de l'origan et de l'aloès.

En effet, le vendredi soir de l'exécution de Jésus, compte-tenu de la proximité du commencement du sabbat, on n'avait que très sommairement enduit le corps de Jésus. Car toucher un cadavre durant le sabbat était considéré comme étant une impureté légale. Et le commencement du sabbat était très proche.

Ces femmes qui vinrent au tombeau sont: Marie Madeleine (la convertie), puis « Marie, mère de Jacques ». Elle était accompagnée de « Salomé» et de « Jeanne, femme de Chusa », à qui l'Evangile a fait allusion, à l'une ou l'autre occasion.

Arrivées au tombeau, pour ces dévouées femmes, c'est la surprise et l'inquiétude. Elles constatent, en effet, que le tombeau est ouvert et vide ; alors que, quelques instants plus tôt, en chemin, elles se demandaient comment elles feraient pour rouler la grosse pierre qui fermait le sépulcre/que les ennemis de Jésus avaient fait sceller.

Puis, c'est, d'abord, l'apparition de Jésus à Marie-Madeleine qui prit Jésus pour le gardien des lieux (sans doute le jardinier de Joseph d'Arimatie). Mais au son de la voix de son Seigneur ressuscité qui l'appelle Marie ! », elle Le reconnaît. Aussitôt, elle va rendre compte de sa constatation aux Apôtres, qui s'étonnent et s'interrogent ; tandis que les autres femmes, à leur tour, arrivent elles aussi de leur côté, au tombeau. Alors informés et renseignés par les femmes, Pierre et Jean se rendent sur les lieux, afin de vérifier leurs dires. (Voir le N.B. ci-dessous)

Du côté des ennemis de Jésus, c'est l'angoissante perplexité lorsqu'ils apprennent que Jésus n'est plus au tombeau. Les gardes romains n'ont donc pas surveillé sérieusement le tombeau ? Alors que, pour une sécurité supplémentaire, compte-tenu de la personnalité du mort, cette garde avait été doublée !

L'Evangile de St. Matthieu rapporte clairement le comportement des ennemis de Jésus: "Quelques hommes de la garde du tombeau vinrent en ville pour annoncer aux Grands-Prêtres tout ce qui s'était passé. Et s'étant rassemblés avec les Anciens pour délibérer, ils donnèrent une bonne somme d'argent aux soldats en leur disant: «Dites que Ses disciples sont venus pendant la nuit, Le voler, alors que nous dormions. Et si l'affaire parvient aux oreilles  du Gouverneur (Pilate), nous l'apaiserons et nous vous mettrons hors de cause... Et ce discours se répandait parmi les Juifs jusqu'à ce jour. "

C'est ainsi que ces gens disculpèrent les soldats auprès de leur chef, en affirmant qu'ils avaient bien fait leur service

 

Notes d'apologétique

1/ On pourrait s'étonner de constater chez les deux principaux Apôtres de Jésus ( Pierre, premier Pape, et Jean, le disciple le plus apprécié de Jésus leur doute de la Résurrection de leur Maître qui la leur avait cependant clairement prédite. Le comportement de ces deux Apôtres est significatif: Certes, Pierre et Jean croyaient en Jésus. Mais Il avait dit et annoncé tant de choses extraordinaires et les avait prévenus de si dures et si contrariantes conséquences pour eux s'ils acceptaient de Le suivre, Lui, ainsi que Son programme ! Il fallait donc à ces hommes des preuves manifestes de ce que Jésus avait dit et annoncé. Car, comme pour quiconque, ces hommes n'étaient pas disposés à s'imposer, gratuitement, ainsi qu'à leurs familles, une vie de vains sacrifices.

Avec les Apôtres, on est donc loin du cas de braves gens abusés par un beau parleur ou une espèce de gourou. Intelligents et logiques, ils avaient besoin de preuves, ne faisant pas, " a priori, " une confiance aveugle à l'extraordinaire Jésus, parfois si déroutant.

Ce sera aussi le cas de l'Apôtre Thomas lorsque, absent au moment où Jésus apparût aux Apôtres, il exigea de vérifier, par lui-même, cette chose si incroyable humainement, que la résurrection d'un mort par sa propre puissance !

2/ Enfin, notons encore ici l’importance apologétique de la Résurrection de Jésus par Sa propre puissance divine. Car elle est évidemment le miracle le plus éclatant et probant de la divinité de Jésus, et donc de l'origine divine de la Religion qu'Il nous a prêchée Aucun humain ne pouvant réaliser, après sa mort, par sa propre puissance, sa résurrection.