Chapitre 17


161. Il faut être très attentif aux pauvres
162. Parabole des invités discourtois
163. Savoir se renoncer et prendre sa propre croix
164. Paraboles de la tour et de la guerre
165. Au sujet du pardon divin : Parabole de la brebis perdue
166. Parabole de la pièce de monnaie perdue
167. Parabole de l’ enfant prodigue
168. Parabole de l’ économe infidèle
169. On ne peut pas servir deux maîtres à la fois
170. Ce que Dieu pense des Pharisiens



161 -- Il faut être très attentif aux pauvres


St. Luc. 14,12 Et Jésus disait aussi à celui qui L’avait invité : « Lorsque vous donnez à déjeuner ou à dîner, ne priez pas vos amis, ni vos frères, ni vos parents, ni des voisins riches ; car ils pourraient vous inviter à leur tour, eux aussi, et la politesse vous serait alors rendue. Mais lorsque vous donnez un repas, invitez des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et vous serez alors heureux de ce qu’ils sont dans l’impossibilité de vous le rendre.


Et cela vous sera rendu lors de la résurrection des justes ! »(1)



(1) Par cette réflexion, Jésus ne recommande pas de se priver d’invitations en faveur d’intimes et d’amis ; de même qu’Il ne nous recommande pas de n’inviter que des gens de condition particulièrement modeste. Comme souvent, Jésus « force » intentionnellement Son propos, afin de faire mieux ressortir la morale de la chose. Ici : être généreux sans arrière pensée, sans calcul intéressé. Et Notre-Seigneur nous précise que toute générosité aura sa récompense surnaturelle pour l’Eternité.




162 -- Parabole des invités discourtois


St. Lc. 14,15 et Mt. 22,1 L’un des convives ayant entendu cela, dit à Jésus : « Heureux celui qui prendra son repas dans le Royaume de Dieu ! » Et, prenant de nouveau la parole, Jésus dit à tous ceux qui étaient là, cette parabole : « Le Royaume des Cieux peut être comparé à un roi qui fit un festin de noces pour son fils. Il envoya alors ses serviteurs pour faire dire aux nombreux invités : « Venez, car tout est prêt : mes bœufs et mes animaux gras ont été immolés pour mon festin. » Et tous, avec ensemble, se prirent à s’excuser... Le premier dit : « J’ai acheté un champ, il faut nécessairement que j’aille le voir : je vous en prie, que l’on me tienne pour excusé ! » Un autre dit : « J’ai acheté cinq paires de bœufs, je vais les essayer ; je vous en prie que l’on me tienne pour excusé ! » Et un autre dit : « Je viens de me marier, je ne puis donc pas venir. » D’autres, serviteurs furent envoyés pour presser les invités de se rendre au repas ; mais eux, n’en tenant aucun compte, s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; et même d’autres s’étant emparés de ces serviteurs, les outragèrent et les tuèrent. Et un serviteur étant revenu rapporter cela à son maître, celui-ci, envoyant ses gens armés, fit périr ces meurtriers et brûla leur ville. Et il dit à ses serviteurs : « La noce est prête, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc promptement aux carrefours des routes, dans les places et les rues de la ville, et tous ceux que vous trouverez : les pauvres et estropiés, les aveugles et les boiteux, appelez-les aux noces et amenez-les ici.» Et ces serviteurs, étant sortis sur les routes, ramassèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, mauvais et bons ; puis ils dirent au maître : « Maître, ce que vous avez commandé a été fait, et il y a encore de la place. » Et le maître leur dit : « Allez sur les che- mins et vers les clôtures et persuadez les gens de venir, afin que ma maison soit pleine ; car, je vous affirme qu’aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera à mon repas ! » Et la salle des noces fut remplie de convives qui se mirent à table.


Le roi étant entré pour voir ceux qui étaient à table, vit là un homme qui n’était pas revêtu du costume des noces.(1) Il lui dit : « Ami, comment êtes-vous entré ici sans avoir le costume de noce ? » L’autre ne répondit rien. Alors le roi dit à ses serviteurs : « Liez-lui les pieds et les mains et jetez-le dans les ténèbres extérieurs ! Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.(2) Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu sont élus ! »(3)



(1) Le costume était certainement constitué d’un « survêtement » ayant pour but d’éviter les comparaisons entre les invités pauvres et ceux qui étaient riches ; et chacun avait la possibilité, sur les lieux-mêmes, et donc le devoir de s’en revêtir. Dans cette parabole, ce vêtement est le symbole d’une âme bien disposée et bien réceptive à l’invitation de Dieu a « se revêtir » l’âme de la Grâce sanctifiante.

(2) Symbole des peines de l’Enfer.

(3) Beaucoup sont appelés à bien accueillir l’enseignement religieux, puis la Grâce sanctifiante ; mais peu s’y prédisposent spontanément ou durablement.




163 -- Savoir se renoncer et prendre sa propre croix


St. Luc. 14,25 Comme des foules nombreuses suivaient Jésus, Il Se retourna et leur dit : « Si quelqu’un vient à moi et cependant ne « hait » pas son père et sa mère, et son épouse et ses enfants, et ses frères et ses sœurs, et même encore sa vie, (celui-là) ne peut pas être Mon disciple. »(1) (St. Mt.10,37 « De même celui qui aime son père ou sa mère plus que Moi, n’est pas digne de Moi. Et celui qui aime son fils ou sa fille plus que Moi, n’est pas digne de Moi. »(2)

« Et celui qui ne prend pas sa croix et ne vient pas à Ma suite, n'est pas digne de Moi, et il ne peut pas être mon disciple.»(3)



(1) On peut, en effet et à juste raison, être étonné de cette exigence de Jésus et de la nature de cette obligation ! Surtout par rapport à ce mot « haïr », employé ici relativement aux êtres qui nous sont les plus chers ! Mais, nous l’avons déjà précisé : Jésus -selon la façon des gens d’Orient- exagère volontairement Ses propos, afin de bien montrer l’importance de ce qu’il faut essentiellement retenir ; ici : le devoir de placer Dieu et nos devoirs envers Lui, au-dessus de tout et de tous, quels qu’ils soient. C’est en somme, le rappel d’avoir à respecter la hiérarchie des valeurs, que nous adresse là, Jésus. Et donc, ne pas faire passer le sentiment avant et, encore moins, à la place de la raison.

(2) Une précision est ici apportée : La seule préférence en faveur des biens temporels et humains -d’ailleurs légitimes, mais relatifs par rapport à Dieu- éloigne de Dieu, et risque même de nous faire mériter la damnation, pour s’être finalement complètement et coupablement séparés de Dieu.

(3) Un exemple de fidélité envers Dieu est donné ici par Jésus : L’acceptation des exigences de la vie (= le devoir d’état, etc...) de ses sacrifices et de ses inévitables mais toujours surnaturellement bénéfiques épreuves.




164 -- Paraboles de la tour et de la guerre


St. Luc. 14,28 « Parmi vous, continua Jésus, s’en trouve-t-il un qui, voulant bâtir une tour, ne s’assoie pas d’abord pour calculer la dépense et savoir s’il aura de quoi achever son travail ? Autrement, s’il pose le fondement et qu’il ne soit pas à même de terminer, tous ceux qui s’en apercevront se prendront à le tourner en ridicule, disant : « Cet homme-là a commencé à bâtir et n’a pas été capable de terminer ! » « Ou bien, quel roi, parti pour combattre un autre roi lors d’une guerre, ne s’assied pas d’abord pour délibérer s’il peut ou non tenir tête, avec ses dix mille hommes, à celui qui vient (à sa rencontre) avec vingt mille hommes ? Sinon, pendant que l’autre est encore loin, il envoie une ambassade pour demander à faire la paix. Ainsi donc, quiconque parmi vous ne renonce pas à tous ses biens, ne peut pas être Mon disciple ! »(1)



(1) Comme ci-dessus, c’est, de la part de Jésus, la même idée qui est reprise et enseignée ici : La hiérarchie des valeur à respecter lorsqu’il y a un choix nécessaire à faire entre les biens temporels -même légitimes et importants- et les biens spirituels, qui, eux, sont supérieurs




165 -- Au sujet du pardon divin : Parabole de la brebis perdue


St. Luc. 15,1 Cependant, tous les Publicains et les pécheurs s’approchèrent de Jésus pour L’entendre. Et les Pharisiens et les Scribes murmuraient en disant : « Cet homme accueille des pécheurs et (même, il) mange avec eux ! ».

St. Luc. 15,3 Alors, Jésus leur dit cette parabole : « Quel homme, parmi vous, s’il possède cent brebis et, ayant perdu l’une d’entr’elles, ne laisse pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert(1) et ne va pas après celle qui est perdue jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée ? Et quand il l’a retrouvée, en vérité Je vous le dis, il a plus de joie à cause d’elle que pour les quatre-vingt-dix-neuf autres qui ne se sont pas égarées. (Puis,) il la met sur ses épaules, tout joyeux et, revenant à sa maison, il convoque ses amis et ses voisins, leur disant : " Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis qui était perdue ! " Et c’est ainsi, Je vous le dis, qu’il y aura plus de joie dans le Ciel pour un pécheur repentant, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence. Et ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les Cieux qu’un seul de ces petits périsse. »(2)



(1) Il ne faudrait pas penser, pour autant, que le troupeau demeurerait en danger ; sinon l’idée du berger serait insensée.

(2) La joie consécutive à un retour de ce que l’on pensait perdu définitivement s’explique aisément.





166 -- Parabole de la pièce de monnaie perdue


St. Luc. 15,8 « Ou bien, continua Jésus, quelle femme, possédant dix drachmes,(1) si elle a perdu une drachme, n’allume pas une lampe, ne balaie pas la maison et ne cherche pas soigneusement jusqu’à ce qu’elle ait retrouvé sa pièce ? Et quand elle l’a retrouvée, elle convoque ses amis et ses voisines, en leur disant : " Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la drachme que j’avais perdue ! ".

« C’est ainsi, Je vous le dis, continua Jésus, qu’on se réjouit chez les Anges de Dieu pour un pécheur repentant. »(2)



(1) Une drachme était une pièce de monnaie d’une valeur d’environ un demi euro...

(2) Cette parabole, comme la précédente, prédispose au repentir ; mais elle contient, de plus, un reproche pour les Pharisiens et une justification de la conduite charitable de Jésus envers les pécheurs repentants.




167 -- Parabole de l’enfant prodigue


St. Luc. 15;11 Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils. Et le plus jeune (un jour) dit à son père : " Père, donne-moi la part de fortune familiale qui me revient " Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils ayant perçu sa part d’héritage, s’en alla vers un pays lointain Là, il dissipa (peu à peu) toute sa fortune par une vie de folles dépenses. Or, après qu’il eut tout dépensé, survint une grande famine dans ce pays-là. Et il commença alors à ressentir la gêne. Il alla auprès d’un des citoyens de ce pays, qui l’envoya dans ses champs pour paître ses pourceaux. Il avait envie de se nourrir des caroubes que mangeaient les pourceaux ; mais personne ne lui en donnait.(1)

« Alors, réfléchissant, il se dit :

"Combien d’ouvriers de mon père ont du pain de reste, et moi, ici, je meurs de faim ! Je partirai d’ici et j’irai vers mon père et je lui dirai : « Mon père, j’ai péché contre le Ciel et contre toi : je ne suis plus digne d’être appelé ton fils : Traite-moi comme l’un de tes ouvriers ! " Et, quittant les lieux, il s’en alla vers son père. »

« Comme il était encore loin, son père l’aperçut et saisi de compas- sion, en courant, il se jeta au cou de son fils et couvrit celui-ci de baisers.

Alors, le fils dit à son père : « Mon père, j’ai péché contre le Ciel et contre toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.»

Mais le père dit aux serviteurs : " Apportez bien vite le plus beau vêtement et revêtez-l’en. Mettez-lui un anneau à la main et des chaussures à ses pieds. Et amenez le veau gras, tuez-le ; puis mangeons joyeusement, car mon fils que voici était comme mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! " Et ils commencèrent à festoyer.»

« Or, le fils aîné était aux champs (pendant ce temps-là). Lorsque, de retour, il approcha de la maison, il entendit le jeu des instruments et des chœurs. Appelant alors un des serviteurs, il lui demanda ce que pouvait bien être tout cela. Et le serviteur lui répondit : " Ton frère est revenu, et ton père a fait tuer le veau gras, parce qu’il a retrouvé son fils bien portant. " Alors le garçon se mit en colère et ne voulait pas rentrer. Son père étant sorti, il l'engageait à rentrer ; mais le fils lui répondit : « Voilà tant d’années que je te sers, et je n’ai jamais désobéi à un de tes ordres ! A moi, tu n’as jamais donné (même) un chevreau pour festoyer avec mes amis ! Mais lorsque ton autre fils, qui a mangé ton bien avec des femmes de mauvaise vie, est revenu, alors tu as fait tuer le veau gras pour lui ! » Mais son père lui répondit : « Mon enfant, en tout temps tu es avec moi ; et tout ce qui est à moi, est aussi à toi. Mais il fallait festoyer et se réjouir, car ton frère que voici était (comme) mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »



(1) Cette parabole reflète la psychologie de la conversion et aussi le comportement du Seigneur-Dieu : Si nous revenons vers Lui, Il nous aimera encore plus qu’avant notre faute. Non pas parce que nous avons péché, certes ! mais parce que nous avons renoncé au péché.




168 -- Parabole de l’économe infidèle


St. Luc. 16,1 Et Jésus disait aussi à Ses disciples : « Il y avait une fois, un homme riche qui avait un économe. Or, voici que celui-ci fut dénoncé à son maître comme dissipant ses biens. L’ayant fait appeler, le maître lui dit : " Qu’est-ce que j’entends dire à ton sujet ? Rends donc compte de ta gestion, car, désormais, tu ne peux plus être mon économe. " Alors, l’économe se dit en lui-même : « Que vais-je faire, puisque mon maître me retire l’économat ? Travailler la terre, je n’en ai pas la force. Mendier, j’en aurais honte. Je sais ce que je ferai pour que l’on me reçoive dans des maisons, lorsque j’aurai été relevé de mes fonctions d’économe. » Et ayant fait venir chacun des débiteurs de son patron, cet homme dit au premier :« Combien devez-vous à mon maître ? » Celui-ci ré- pondit : « Cent barils d’huile. Alors il lui dit : « Prenez votre billet, asseyez-vous et écrivez vite (seulement) : cin- quante. ». Ensuite, il dit à un autre : « Et vous, combien devez-vous à mon maître ? » A quoi ce dernier répondit : « Cent mesures de froment. » Et il lui dit : « Prenez votre billet et écrivez (seulement) : quatre-vingt.» Et le maître (mis au courant de la chose) loua l’économe infidèle de ce qu’il ait agi avec sens.(1) Car les fils de ce siècle(2) sont plus avisés entr’eux que les fils de la Lumière. »


« Et Moi, Je vous dis, poursuivit Jésus : Faites-vous des amis avec l’argent de l’injustice(3), afin que, lorsqu’il fera défaut, ils vous reçoivent dans les tentes éternelles. »(4)


« Celui qui est fidèle dans les petites choses, est fidèle dans les grandes ; et celui qui est malhonnête dans les petites, est malhonnête dans les grandes. Si donc vous ne vous êtes pas montrés fidèles dans le mal-honnête argent, qui vous confiera le bien véritable ? Et si vous n’avez pas été fidèles dans un bien étranger, qui vous donnera ce qui est à vous ?(4)



(1) C’est-à-dire en s’organisant et en prenant au sérieux la situation pour une cause qui lui paraissait des plus importantes pour lui.

(2) Les « fils de ce siècle » est mis ici pour : « ceux dont les préoccupations essentielles sont les biens temporels et les plaisirs de la terre ».

(3) L’argent est souvent gagné malhonnêtement et l’occasion de désordres divers.

(4) Les biens spirituels doivent être les nôtres. Cependant, ils ne nous sont que confiés, afin que nous en fassions bon usage. Ces biens pourraient nous rendre injustes, ou même infidèles. Face à ces risques, la véritable habileté devra consister à nous en servir dans le but efficace de nous aider à nous faire progresser dans le vrai bien.




169 -- On ne peut pas servir deux maîtres à la fois


St. Mat. 6,24 « Personne ne peut servir deux maître (à la fois). En effet, ou bien il haïra l’un et aimera l’autre ; ou bien il s’attachera à l’un et ne fera pas cas de l’autre. Vous ne pouvez (donc) pas servir en même temps Dieu et l’Argent. »(1)



(1) Le terme « argent » est ici synonyme de « biens terrestres, temporels » ; il est le symbole des avantages et des plaisirs que les matérialistes recherchent en priorité ou exclusivement.




170 -- Ce que Dieu pense des Pharisiens


St. Luc. 16,14 Les Pharisiens, amis de l’argent, écoutaient tout cela et narguaient Jésus. Il leur dit : « Vous êtes ceux qui se font passer pour des justes devant les hommes. Mais Dieu connaît vos cœurs. En effet : ce qui, pour les hommes, est (considéré comme étant) « élevé », est une abomination devant Dieu. »