Chapitre 8


71. Jésus au pays des Géraséniens
72. Guérison d’une femme de la foule et résurrection de la fille de Jaïre
73. Jésus est rejeté de Nazareth
74. Jésus donne ses instructions pour la mission des Apôtres
75. Assassinat de Jean - Baptiste
76. L’ opinion d’ Hérode - Antipas sur Jésus
77. Retour des Apôtres après leur mission
78. Première multiplication des pains par Jésus
79. Jésus marche sur les eaux du lac de Tibériade
80. Le discours de Jésus sur le Pain de Vie


71 -- Jésus au pays des Géraséniens


St. Luc 8,26 Ils abordèrent tous sur l’autre rive du lac, au pays des Géraséniens, qui est en face de la Galilée (1).

Au moment où Jésus quittait la barque et mettait pied à terre, vint à Sa rencontre, un homme (2) qui était possédé du Démon depuis longtemps et qui ne supportait pas de vêtement ; et demeurait dans les cimetières.

En voyant Jésus, cet homme poussa des cris, tomba aux pieds de Jésus et Lui dit d’une voix forte : « Qu’y a-t-il entre Vous et moi, Jésus, Fils du Dieu-Vivant et Très-Haut ? Je Vous en prie, ne me tourmentez pas ! » (3) En effet, Jésus commandait à l’esprit mauvais (qui habitait en cet homme) de sortir de ce malheureux.

Bien des fois, on avait entravé ce possédé au moyen de chaînes. Mais, brisant ses liens, il était poussé par le Démon en des lieux désertiques ; et personne ne pouvait le maîtriser.(4) Jour et nuit, il errait parmi les monuments funéraires et se meurtrissait aux pierres.

Jésus demanda au possédé : « Quel est votre nom ? » Et l’homme répondit : « Mon nom est « légion », car nous sommes nombreux .» En effet, plusieurs esprits démoniaques étaient en lui. Et ces Démons suppliaient de ne pas être renvoyés hors du pays.

Or, il y avait là, paissant dans la région montagneuse, un grand troupeau de porcs. Les Démons demandèrent : « Si Vous nous expulsez (de cet homme), envoyez-nous alors dans ces porcs ! » « Allez ! » leur commanda Jésus .

Alors, les esprits démoniaques sortirent du possédé et entrèrent dans les porcs. Le troupeau s’élança depuis l’escarpement jusque dans le lac et, au nombre d’environ deux mille, (5) les porcs s’y noyèrent.

Constatant ce qui venait d’arriver, les gardiens du troupeau s’enfuirent et portèrent la nouvelle à la ville et dans les hameaux, racontant ce qui venait de se passer.

Les gens sortirent et vinrent se rendre compte sur place de ce qui s’était produit. Arrivés auprès de Jésus, ils trouvèrent l’ancien possédé vêtu et ayant retrouvé son équilibre mental et tranquillement assis aux pieds de Jésus. Ils en furent saisis de stupeur.

Ceux qui avaient été témoins de l’événement racontèrent à ces gens comment le possédé avait été libéré, ainsi que l’affaire des porcs.

Toute la population du territoire des Géraséniens demanda à Jésus de S’éloigner d’eux, parce que la crainte les avait saisis.

Au moment où Jésus remonta en barque, le possédé guéri Lui demanda de Le suivre. Mais Jésus lui dit : « Retournez en votre maison, auprès des vôtres, et annoncez-leur ce que le Seigneur a fait en votre faveur. »

Alors le miraculé s’en alla et raconta dans la région de la Décapole ce que Jésus avait fait pour lui. Et tous étaient dans l’admiration.



(1) Actuellement,(en 2009) cette région chevauche le Sud-Est de la Syrie et le Nord-Ouest de la Jordanie.

(2) St. Matthieu parle de deux possédés.

(3) Les possédés, en effet, expriment ce que le ou les Démons leur font dire, car ils sont alors leurs otages durant la possession. Dans le cas présent, les Démons redoutent d’être chassés de leur « prisonnier. »

(4)Une force physique étonnante et inexplicable naturellement caractérise habituellement la possession diabolique.

(5) Il semble assez fréquemment difficile de prendre à la lettre les chiffres rapportés en certains passages de la Bible ; ainsi doit-on lire, ici, deux mille, ou deux cents ?




72 -- Guérison d’une femme de la foule et résurrection de la fille de Jaïre


St. Mat. 5,21Ayant regagné l’autre rive du lac, une foule nombreuse s’assembla de nouveau autour de Jésus, dès Son arrivée sur le rivage.

A ce moment-là, un des chefs d’une synagogue, nommé Jaïre, se présenta et, voyant Jésus, tomba à Ses pieds en Le suppliant avec insistance, Lui disant : « Seigneur, ma fille est à toute extrémité ; venez lui imposer les mains, afin qu’elle guérisse et qu’elle vive ! »

St Luc 8,42 Cet homme n’avait que cette fille qui était âgée d’environ douze ans et qui se mourait. St. Marc. 5,24 Alors, Jésus, suivi de Ses disciples, S’en alla avec le malheureux homme, tandis qu’une foule dense Le suivait et Le pressait.

Dans celle-ci se trouvait une femme affligée, depuis douze ans, d’un flux de sang. Elle avait beaucoup souffert du fait de nombreux traitements médicaux et elle avait dépensé en soins tout son avoir, sans résultat. Au contraire : son état avait même empiré. Ayant entendu parler de Jésus, elle était venue dans la foule et, par derrière, elle toucha le bord du vêtement du Seigneur. Elle s’était dit, en effet : « Si seulement je touche Son vêtement, je serai guérie. »

Et dès qu’elle l’eût touché, le flux de sang s’arrêta, et elle sentit qu’elle était guérie de son infirmité.

Etant conscient qu’une force était sortie de Lui, Jésus Se retourna vers la foule et demanda : « Qui a touché mon vêtement ? » Alors Pierre et ceux qui étaient avec Lui répondirent : « Maître, la foule Vous entoure et Vous presse et Vous demandez qui Vous a touché !... »

Mais Jésus précisa : « Quelqu’un M’a touché, car J’ai senti qu’une force est sortie de Moi. » Et Jésus regardait (en même temps) pour voir celle qui avait agi de la sorte.

Alors, cette femme se voyant découverte, avança toute tremblante(1) et, tombant aux pieds de Jésus, raconta devant tout le monde pourquoi elle avait touché le vêtement de Notre-Seigneur et comment elle avait été instantanément guérie.

S’adressant à elle, Jésus lui dit : « Allez, ma fille, votre Foi vous a sauvée. Allez en paix et guérie de votre infirmité ! »

Jésus parlait encore lorsque quelqu’un de chez Jaïre vint dire à celui-ci : « Votre fille est morte ; inutile d’importuner le Maître. »

Entendant cela, Jésus dit à Jaïre : « Ne craignez pas ; ayez Foi ; votre enfant sera sauvée. »

Arrivé près de la maison du malheureux père, Jésus ne laissa venir personne avec Lui, à part Pierre, Jacques et Jean son frère, ainsi que le père et la mère de l’enfant. Dans la maison, tous ceux qui étaient là se lamentaient sur l’enfants et poussaient des cris. En entrant dans la maison de Jaïre, Jésus dit à tous ces gens : « Ne pleurez, ni ne vous lamentez : cette enfant n’est pas morte, mais elle est endormie. » Les gens se récriaient intérieurement envers les dires de Jésus, car ils savaient que la jeune adolescente était (bien) morte. Mais Jésus, après avoir fait sortir tout ce monde-là, alla près de la jeune enfant, accompagné du père et de la mère de la petite morte et des trois disciples. Puis, prenant la main de la fillette, Il dit : « Talitha, koumi ! » Ce qui signifie : « Fillette, lève-toi ! » Et aussitôt l’enfant se leva, en effet. Elle se mit à marcher (2) et Jésus ordonna de lui donner quelque nourriture.

Les heureux parents furent stupéfaits, ainsi que tous ceux qui étaient là. Jésus recommanda alors à tout le monde avec insistance de ne pas répandre ce qui venait de se produire. Mais le bruit s’en répandit tout de même dans toute la contrée..



(1) « Toute tremblante » d’émotion, assurément, après une si merveilleuse et appréciée guérison.

(2) Lorsque Jésus dit de l’enfant : « elle n’est pas morte, mais elle est endormie » c’était sûrement relativement au caractère définitif de la mort chez cette enfant auparavant présentée comme manifestement morte. Les gens qui étaient là, ne s’y sont sûrement pas trompés. Par ailleurs, le caractère miraculeux de l’intervention de Jésus se remarque par le fait que l’enfant, une fois revenue à la vie, se met à marcher et est capable d’être à nouveau nourrie : toutes choses impossibles, s’il ne s’était agi que d’une syncope.




73 -- Jésus est rejeté de Nazareth


St. Marc. 6,1 Avec Ses disciples, Jésus quitta la région des bords du lac de Tibériade et Se rendit en celle de Nazareth.

Un jour de sabbat, Il Se mit à y enseigner dans la synagogue. Les nombreux auditeurs qui étaient là étaient frappés d’étonnement et disaient : « D’où Lui provient cette sagesse qui Lui est donnée ? Et comment de tels miracles se font-ils par Ses mains ? N’est-ce pas là (en effet) le charpentier(1), le fils de Marie et l’ami(2) de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Et Ses connaissances(3) ne sont-elles pas parmi nous ? D’où Lui vient donc tout cela ? »

Et ces gens de Nazareth étaient tout surpris et remplis de perplexité(4) à Son sujet. St. Luc 4,23 Et Jésus leur dit : « Assurément, vous M’opposerez cette comparaison : « médecin, guéris-toi toi-même! » Et donc, tout ce qu’on nous dit s’être produit à Capharnaüm (de votre fait), faites-le ici aussi, dans votre patrie ! »(5)

« En vérité Je vous le dis, leur répondit Jésus, aucun prophète n’est pris au sérieux dans sa patrie. » (St. Marc. 6,4) « Il n’est méprisé que dans sa patrie, parmi ceux de sa parenté et de sa maison. » (St. Luc 4,25) « Mais Je vous le dis en toute vérité : Il y avait beaucoup de veuves en Israël, au temps du Prophète Elie, lorsque le ciel fut fermé(6) pendant trois ans et six mois et provoquant une grande famine dans tout le pays. Et Elie (cependant) ne fut envoyé à aucune de ces veuves d’Israël ; mais plutôt à Sarepta, dans la région de Sidon, auprès d’une veuve étrangère au pays. Il y avait (de même) beaucoup de lépreux, au temps du Prophète Elisée, et (cependant) aucun d’eux ne fut guéri ; tandis que c’est le Syrien Naïman qui fut guéri ! »(7)

En entendant ces paroles de Jésus, tous, dans la synagogue, furent remplis d’indignation et, s’étant levés, ils Le poussèrent hors de la ville et Le conduisirent jusqu’au sommet de la colline sur laquelle est bâtie Nazareth, afin de Le précipiter en bas. Mais Jésus, Se faisant un passage au milieu d’eux, S’en alla de là.

St. Marc. 6,5 Jésus ne put pas faire de miracles à Nazareth en raison de l’incrédulité de Ses compatriotes, si ce n’est qu’Il ne guérit que quelques malades en leur imposant les mains.



(1) »Le charpentier » : Certains auteurs traduisent par « le fils du charpentier » qu’était St. Joseph.

(2) « L’ami » : Certains auteurs traduisent par « le frère de », dont le sens est manifestement celui de « ami » ou « familier de ».

(3) « Ses connaissances » : Dans le texte on lit souvent « les sœurs ». Même remarque que ci-dessus, mais cette fois au sujet de femmes.

(4) Connaissant les origines modestes de Jésus, les Nazaréens n’arrivaient pas à croire en Sa nature divine, comme en Sa mission : D’où leur réserve et leurs doutes à Son égard. Il n’empêche qu’ils Lui demandèrent de les favoriser de Ses miracles :

(5).

(6) Le « ciel fermé » est une image pour signifier l’absence totale de pluie qu’Elie avait miraculeusement provoquée.

(7) Allusion très nette, ici, au fait que sont gratifiés de miracles et de faveurs insignes ceux qui ont la Foi et se rendent réceptifs à la Grâce divine ; fussent-ils des étrangers. Ceux-là, excusés qu’ils sont de leur ignorance religieuse ou morale, sont les bénéficiaires des largesses divines en raison de leur bonne foi et de leur intention droite. Tandis que les contemporains de Jésus, coupablement « fermés » à la Grâce de Dieu, ne bénéficieront d’aucun privilège divin.




74 -- Jésus donne ses instructions pour la mission des Apôtres


St. Mt. 9,35 Jésus parcourait toutes les villes et les bourgs, enseignant dans les synagogues. Il prêchait l’Evangile du Règne de Dieu. Il guérissait toute maladie et toute infirmité.

En voyant les foules de gens qui venaient à Lui, Jésus eut pitié d’eux parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont plus de berger, et qui sont fatiguées.

C’est alors qu’Il dit à Ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux ! Priez le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans Son champ. » St. Lc 9,1 Ayant convoqué les douze Apôtres, le Seigneur leur donna pouvoir et autorité pour agir sur tous les Démons et pour guérir les malades. Il les envoya deux par deux, après leur avoir donné Ses instructions en ces termes : « N’allez pas chez les étrangers(1), ni dans les villes des Samaritains.

Allez plutôt vers les brebis perdues du peuple israélite. Sur votre route, annoncez bien haut que le Règne de Dieu est proche. Guérissez les malades ; ressuscitez les morts ; guérissez les lépreux ; chassez les Démons (des possédés). Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. »

« A part un bâton (de marche), ne prenez rien (en plus) pour la route : Ni besace, ni pain, ni tunique de rechange, ni de chaussures de rechange, ni argent : Car l’ouvrier a droit à son entretien(2). En quelque maison que vous entriez dans les villes et les bourgs, informez-vous sur les personnes accueillantes et restez-y jusqu’à votre départ. En entrant dans la maison, saluez-en les occupants. S’ils sont dignes(3), alors votre (bénédiction de) paix reposera sur eux ; sinon, elle reviendra sur vous.

Et si l’on refuse de vous recevoir et d’écouter votre prédication, en sortant de cette maison ou de cette ville (qui aura refusé de vous accueillir en prédicateurs du Seigneur), secouez alors la poussière de vos sandales(4) en témoignage vis-à-vis de ces gens-là. »

« En vérité Je vous le dis : Au soir du jugement (des hommes), il y aura moins de rigueur pour (les gens de) Sodome et de Gomorrhe, que pour (les gens de) cette ville. »(5).« Voici, poursuivit Jésus, que Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups(6). Soyez (donc) prudents comme des serpents et (cependant) simples comme des colombes ! »(7)

St. Mt.11,1 Lorsque Jésus eut achevé de donner Ses instructions aux douze Apôtres, Il partit de là pour aller enseigner dans les villes. (St. Lc. 9,6) Les Apôtres partirent, (eux aussi) et allèrent de village en village, annonçant la Bonne Nouvelle (de l’Evangile) et prêchant un baptême de pénitence (du repentir). (St.Marc. 6,13) Ils chassaient beaucoup de Démons (des possédés) et ils oignaient beaucoup de malades(8) et les guérissaient.



(1) C’est-à-dire ceux qui ne font pas partie du peuple hébreu ; lequel doit être formé d’abord.

(2) Relativement aux besoins matériels de l’existence. Car il est normal que ceux qui occupent tout leur temps à se préoccuper de « l’œuvre de Dieu » auprès des gens, soient entretenus par les bénéficiaires.

(3) C’est-à-dire: si ces gens se montrent réceptifs et intéressés par la prédication des Apôtres.

(4) Image pour signifier que les Apôtres n’ont aucun désir de tirer quelque profit que ce soit de leur prédication : Au contraire, repoussés par certains, ils auront le souci de ne pas même emporter la poussière de leur chemin en se retirant.

(5) Parce que ces gens auront refusé de recevoir la prédication de la Parole de Dieu ;parole pour eux trop gênante, humainement, et qui était cependant mise à leur disposition. Tandis que les gens de Sodome et de Gomorrhe, malgré leur perversion abominable au point de vue de leurs mœurs, auront eu l’excuse de n’avoir pas eu le privilège de l’enseignement religieux.

(6) « Comme des brebis au milieu des loups » : Envoyer des hommes simples, comme l’étaient les Apôtres, dans la mêlée des discussions et des partis, au milieu des intrigants et des fanatiques, des indifférents et des railleurs, c’était les exposer à recevoir des injures et de mauvais traitements.

(7) Face à cette perspective ,cependant, tout en étant avertis et donc très prudents, les Apôtres ne devront pas, pour autant, se départir de leur sincérité, de leur humilité et de l’objectivité directe du témoignage religieux et sincère à apporter à leurs auditeurs.

(8) Dans cette recommandation de Jésus de « oindre les malades », l’Eglise voit une préfiguration du Sacrement des Malades, en même temps qu’une marque de bienveillance divine en faveur des personnes éprouvés.




75-- Assassinat de Jean - Baptiste


St. Marc 6,21. Le jour de l'un de ses anniversaires, le Roi Hérode donna un festin aux gens importants de son entourage, ainsi qu'aux tribuns et aux dignitaires de la Galilée. La fille d'Hérodiade(1) se présenta et ayant dansé, plut à Hérode et aux convives du festin. Hérode dit alors à la jeune adolescente : « Demande-moi ce que tu voudras et je te l’accorderai ! » Il lui fit même ce serment : « Tout ce que tu demanderas, je te l’accorderai ; fut-ce même la moitié de mon royaume ! »

La petite jeune-fille sortit et alla dire à sa mère : « Que demanderai-je ? »

- « La tête de Jean-Baptiste ! » lui répondit Hérodiade.(2)

Retournant alors avec empressement auprès du roi, la jeune enfant lui adressa cette requête : « Je veux que, tout de suite, vous me fassiez remettre, sur un plat, la tête de Jean-Baptiste.»

Le roi Hérode fut rempli de tristesse ; mais, à cause de la promesse qu’il avait faite et des convives présents(3), il ne voulut pas repousser cette demande. Il envoya donc aussitôt un garde avec l’ordre d’apporter la tête de Jean-Baptiste. Le garde s’en alla alors décapiter Jean dans sa prison, puis il apporta sa tête sur un plat et la donna à la petite jeune-fille qui, elle, la remit à sa mère. A cette nouvelle, les disciples vinrent prendre le cadavre de Jean-Baptiste et le déposèrent dans un tombeau.



(1) Hérodiade était la femme légitime du frère du roi avec lequel elle vivait illégitimement. Elle avait été humiliée par la réflexion de Jean-Baptiste lui faisant reproche de vivre ainsi dans l’adultère. Elle trouva là, grâce à sa fille, l’occasion de réaliser son projet de vengeance.

(2) Avec la mort de Jean-Baptiste, Hérodiade voyait disparaître en même temps un gêneur qui gardait tout de même une certaine influence sur Hérode : Ce dernier, en effet, allait quelquefois, consulter Jean-Baptiste dans sa prison pour lui demander conseil...

(3) C’est par amour-propre qu’Hérode, ne voulant pas avoir l’air de se parjurer devant ses convives, décida, contre sa conscience et son sentiment, l’exécution de Jean-Baptiste.




76 -- L’ opinion d’ Hérode - Antipas sur Jésus


St. Marc. 6,14 Le roi Hérode entendait parler de Jésus; car Son nom devenait célèbre. Il ne savait que penser du Seigneur, parce que certains disaient que c’était Jean-Baptiste revenu après être ressuscité des morts ; d’autres disaient que c’était le Prophète Elie revenu sur terre ; d’autres enfin prétendaient que c’était un des anciens Prophètes ressuscité et de retour sur la terre.


Quant à lui, Hérode se disait : « J’ai fait décapiter Jean-Baptiste mais c’est lui qui, ressuscité, a reçu de ce fait, le pouvoir de faire des mircles. Et il cherchait à voir Jésus.




77 -- Retour des Apôtres après leur mission


St. Marc. 6,30. Quant aux Apôtres, ils revinrent auprès de Jésus après un périple de prédications, et ils Lui racontèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné.

St. Mat. 6,31. Jésus leur dit alors : « Venez avec Moi, à l’écart, dans un lieu calme et désert, et reposez-vous un peu. » En effet, il y avait un va et vient incessant de gens, et les Apôtres, ainsi que Jésus, n’avaient pas même le temps de prendre des nourritures.

Ils partirent alors en barque vers un lieu tranquille, dans la direction d’une ville nommée Bethsaïde. Les voyant partir, plusieurs comprirent où ils allaient ; alors, en foules, depuis plusieurs villes, ils se mirent à rejoindre les embarcations par le rivage du lac et les devancèrent (au lieu de l’accostage).




78 -- Première multiplication des pains par Jésus


St. Mat. 6,33. En sortant de la barque, Jésus vit là une foule nombreuse de gens. Il les accueillit et leur parla du Règne de Dieu, guérissant ceux qui avaient besoin d’être soignés. Il eût en effet pitié de ces gens, parce qu’ils étaient comme des brebis sans pasteur. St. Jean. 6,4. Or, la Pâque juive était proche. (St. Luc 9,12) Comme le jour commençait à baisser, les douze Apôtres s’approchèrent de Jésus et Lui dirent : « Seigneur, cet endroit est désertique et l’heure est déjà bien avancée : congédiez cette foule (de gens), afin qu’ils aillent dans les bourgs et les hameaux des environs trouver un gîte et acheter de quoi se restaurer ! »

Mais Jésus leur répondit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller : donnez-leur vous-mêmes à manger ! »

(St. Jean. 6,5). « Où achèterons-nous des pains pour que ces gens mangent ? » (répondirent-ils ). Jésus disait cela à Philippe pour le mettre à l’épreuve ; mais Il savait bien ce qu’Il allait faire. Les Apôtres déclarèrent alors : « Faudra-t-il peut-être que nous allions nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple ? Mais c’est d’au moins deux cents deniers de pain dont nous aurions besoin ! »

Il y avait là, en effet, quelque cinq mille hommes.

Jésus demanda : « Combien avez-vous de pain (parmi vous) ? Allez et voyez ! »

Et les Apôtres allèrent s’informer. Un des Apôtres, André, frère de Simon-Pierre, dit à Jésus : « Il y a bien ici un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »

-« Apportez-Moi tout cela ici, dit Jésus ; puis faites asseoir tout le monde par groupes d’environ cinquante ou cent personnes. »

Et après que tous furent installés, Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, Il leva Son regard vers le Ciel, puis Il bénit les victuailles, rompant les pains qu’Il donna à Ses disciples, afin qu’ils les distribuent à la foule. Et Il partagea aussi les deux poissons pour tous. Tout le monde mangea et tous furent rassasiés. De ce qu’il resta de mor- ceaux en trop, on pouvait en remplir douze paniers. Or ceux qui avaient été ainsi nourris étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants.

St. Jean. 6,11. Les gens, voyant le miracle que Jésus venait de faire, disaient : « C’est vraiment le Prophète(1) qui doit venir dans le monde ! » Mais Jésus, sachant qu’ils faisaient le projet de s’emparer de Lui pour Le faire roi, Se retira de nouveau, seul, sur les hauteurs.(2)



(1) C’est-à-dire : le Messie promis par Dieu.

(2) Compte-tenu de la nature de ce miracle, il est manifeste que l’on peut voir ici aussi l’annonce, par Jésus, de l’institution future du Sacrement de l’Eucharistie : Jésus-Pain-Vivant.




79 -- Jésus marche sur les eaux du lac de Tibériade


St. Marc. 5,45. Jésus emmena Ses disciples et leur fit prendre les devants, en barque, sur la rive opposée, face à Bethsaïde ; tandis que Lui-même congédiait la foule. C’est après cela que Lui-même Se retira, seul, pour aller prier sur les hauteurs.

St. Mat. 14,23. La nuit commençait à tomber. En cet endroit, Jésus était seul. La barque des disciples était au milieu du lac, secouée par les vagues. Jésus les vit se fatiguer et ramer, car le vent leur était contraire.

Vers trois heures du matin (quatrième heure de la nuit), Il alla vers eux en marchant sur l’eau. Il allait passer à côté d’eux, lorsqu’ils Le virent marcher sur les flots. Ils furent épouvantés, croyant voir un fantôme, et ils poussèrent des cris...Mais aussitôt, le Seigneur leur parla en disant : « Ne craignez pas : c’est Moi ! »

C’est alors que Pierre dit : « Seigneur, si c’est (bien) Vous, ordonnez (alors) que j’aille vers Vous, sur les flots ! »

- « Viens ! » lui dit Jésus. Pierre enjamba le bord de la barque et se mit à marcher sur les eaux, allant à la rencontre de Jésus. Mais, face à la violence du vent, il eut peur ; et comme il commençait à enfoncer,(1) il poussa un cri en disant : « Seigneur, sauvez-moi ! » Jésus étendit aussitôt la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de Foi ! Pourquoi as-tu douté (de la sorte) ? »

St. Marc. 6,51. Puis Jésus monta auprès de Ses disciples, dans la barque ; et le vent cessa de souffler. Les disciples étaient stupéfaits au fond d’eux-mêmes ; car ils n’avaient rien compris à l’affaire (de la multiplication) des pains. Leur esprit était comme fermé(2).

Ayant effectué la traversée du lac, ils mirent tous pieds à terre à Génézareth, où ils avaient accosté. Dès qu’ils furent sortis de l’embarcation, des gens qui avaient reconnu Jésus parcoururent toute la région et se mirent à apporter sur des grabats quantité de malades.

Il en fut ainsi partout où Jésus arrivait : dans les villes, les villages et les hameaux. On déposait même les malades sur les places publiques et on Le priait de les laisser toucher, ne fut-ce que le bord de Son vêtement, et tous ceux qui le faisaient (en l’expression de leur Foi) étaient effectivement guéris.



(1) La réflexion de Jésus à Pierre montre bien que ce dernier s’enfonçait dans l’eau en proportion de son manque de confiance, face au danger qui prenait de l’ampleur...

(2) Les disciples constataient bien, chez Jésus, un pouvoir merveilleux de faire des prodiges, mais cela ne leur avait pas pour autant ouvert l’esprit sur la vraie nature de Jésus en tant que Dieu et disposant donc de pouvoirs divins. Ce qui les avait surtout surpris, cette fois, c’était la puissance de Jésus sur des êtres inanimés : le pain et les flots, avec lesquelles natures aucune connivence n’était évidemment, pas possible




80 -- Le discours de Jésus sur le Pain de Vie


St. Jean. 6,22. Le lendemain, la foule qui était restée de l’autre côté du lac vit bien qu’il n’y avait là qu’une barque et que Jésus n’y était pas monté avec Ses disciples ; mais que ceux-ci étaient partis seuls. Cependant, d’autres barques étaient venues de Tibériade, près de l’endroit où on avait mangé le pain (multiplié) après que Jésus ait rendu grâce.

Lors donc que la foule eût remarqué que Jésus n’était pas là, pas plus que Ses disciples, elle monta en barque et se rendit à Capharnaüm, à la recherche du Seigneur. L’ayant retrouvé de l’autre côté du lac, tous ces gens dirent à Jésus : « Maître, quand êtes-Vous arrivé ici ? » A quoi Jésus répondit : « Vraiment, Je vous le dis, vous Me cherchez non pas parce que J’ai fait des miracles, mais parce que (intéressés de ce que) vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés.(1) Travaillez ( au contraire) non pas pour des biens périssables, mais pour une nourriture impérissable et qui demeure pour la Vie éternelle : Celle que le Fils-de-l’homme vous procure(2)) ; car c’est Lui que Dieu le Père a marqué de Son sceau. »

Alors ils demandèrent à Jésus : « Que devons-nous faire pour nous procurer les oeuvres de Dieu,? » Jésus répondit : « Les oeuvre de Dieu, c’est de croire en Celui qu’Il vous a envoyé ! »

- « Mais, Lui répondirent-ils, quel signe nous donnerez-Vous pour que, à Son témoignage, nous Vous croyions ? Et quelle oeuvre accomplissez-Vous ? Nos Pères (dans la Foi)(3) ont mangé la manne dans le désert (du Sinaï), ainsi qu’il est écrit prophétiquement(4) : Il leur a donné à manger un pain venu du Ciel. »

Et Jésus leur répondit : « En vérité Je vous le dis : Ce n’est pas Moïse qui (dans le Sinaï) vous a donné le « Pain venu du Ciel ». Ce « Pain venu du Ciel », c’est Mon Père qui vous le donne. Car le « Pain de Dieu », c’est Celui qui descend du Ciel et qui donne la Vie au monde. »

Ils dirent donc à Jésus : « Seigneur, donnez-nous toujours de ce Pain ! » A quoi Jésus leur répondit : « Je suis le « Pain de Vie »(5) : Celui qui vient à Moi n’aura pas faim et celui qui croira en Moi n’aura jamais soif(6). Tout ce que le Père Me donne, viendra à Moi. Et celui qui viendra à Moi, Je ne le rejetterai pas au dehors, parce que je suis venu du Ciel non pas pour faire Ma volonté(7), mais pour faire celle de Celui qui M’a envoyé. »

« Or, la volonté de Celui qui M’a envoyé, c’est que Je ne perde rien de ce qu’Il M’a confié ; mais que (au contraire) Je le ressuscite au dernier jour. Car telle est la volonté de Mon Père que quiconque voit le Fils et croit en Lui, celui-là possède la Vie divine ; et Moi, Je le ressusciterai au dernier jour. Mais Je vous l’ai dit : vous M’avez vu (agir) et vous ne croyez pas. »

En effet, des Juifs murmuraient au sujet de Jésus parce qu’Il avait dit : « Je suis le « Pain descendu du Ciel. » « N’est-ce -pas là, disaient-ils, Jésus, le fils de Joseph et dont nous connaissons (donc) le père et la mère ? Comment peut-Il alors dire maintenant : « Je suis descendu du Ciel ! »

Jésus reprit la parole et leur dit : « Ne murmurez pas entre vous. Personne ne peut venir à Moi(8) si le Père qui M’a envoyé ne l’attire. Et Moi, celui-là, Je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les Prophètes : « Et tous seront instruits de Dieu. »

« Et quiconque a été docile à l’appel du Père et a bien accueilli Son enseignement, vient alors à Moi. Non pas, cependant, que quelqu’un ait vu le Père ; à part Celui qui vient d’auprès de Dieu : Celui-là, oui, a vu le Père ! ».(9)

« En vérité, Je vous le dis : Celui qui croit en Moi possède la Vie éternelle. »

« Je suis le Pain de Vie. Vos Pères ont mangé la manne dans le désert (du Sinaï), et ils sont morts(10). Mais le Pain qui descend du Ciel est tel que celui qui en mange ne meurt pas. Je suis le Pain vivant descendu du Ciel. Si quelqu’un mange de ce Pain, il vivra éternellement. Et le Pain que Je donnerai, c’est Ma Chair (livrée) pour la Vie du monde. »

Les Juifs discutaient entre eux et disaient : « Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? »

Alors Jésus leur dit : « En toute vérité Je vous le déclare : Si vous ne mangez pas la Chair du Fils-de-l’homme et si vous ne buvez pas son Sang, vous n’aurez pas la Vie en vous. (Tandis que) celui qui mange Ma Chair et boit Mon Sang, a la Vie éternelle (de Grâce en lui) ; et Moi, Je le ressusciterai au dernier jour.» « Car Ma Chair est vraiment une nourriture et Mon Sang un vrai breuvage. Celui qui mange Ma Chair et boit Mon Sang demeure en Moi, et Moi en lui. »

« De même que le Père céleste, qui est vivant, M’a envoyé et que Je vis par Lui : ainsi, celui qui Me mange vivra, lui aussi, par Moi.. Tel est le Pain descendu du Ciel. Il n’est pas comme le pain qu’ont mangé vos Pères (dans le Sinaï) et qui sont morts(11) : Celui qui mangera ce Pain (que Je lui apporte), celui-là vivra de la Vie éternelle. »

Jésus tint ce discours dans la synagogue de Capharnaüm.



(1) Une préoccupation secondaire, donc, par rapport à l’essentiel apporté par Jésus.

(2) C’est-à-dire la Grâce sanctifiante, qui est « Vie divine » en l’âme réceptive.

(3) Moïse et Aaron dirigeant le « Peuple de Dieu » dans le Sinaï.

(4) Référence biblique: Psaume 78,24.

(5) La Grâce divine et, surtout, l’Eucharistie.

(6) Soif spirituelle qui est le « désir de Dieu » pour toute âme bien disposée.

(8) Il s’agit ici d’un appel à la Foi. Pour comprendre ce passage, il faut le mettre en relation avec celui qui suit : Tous seront enseignés par Dieu à l’intérieur de leur conscience et donc « attirés » par Lui. Mais il y en a qui ne sont pas réceptifs à cet appel. Et Jésus, par ailleurs, fait allusion à la nécessité de la Grâce divine pour avoir, au départ, la Foi.

Autrefois, c’était tout Israël que Dieu traînait par les liens de sa vocation de « Peuple de Dieu. » Désormais, ce sont tous les individus qu’Il mène au Christ. Et si l’on correspond docilement à cet appel, alors ce sont la Foi, la Grâce et donc la régénération spirituelle qui sont assurées.

(9) « Celui-là a vu le Père » : Cette fois, Jésus fait allusion à Lui-même par rapport à Sa nature divine.

(10) Allusion ici, par Jésus, de la mort physique des Pères-Patriarches du peuple hébreu.

(11) La « mort » dont il est question maintenant est celle de l’absence de la Grâce divine : celle-ci demeure toujours en ceux qui ne rejette pas la Grâce par le péché mortel.